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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)


déterminé. Les pouvoirs qu’il tenait de la coutume, il les exerçait avec plus ou moins d’ampleur suivant la valeur personnelle qu’on lui reconnaissait. Ce fut là précisément le mérite de Byzance d’avoir à sa tête, de 381 à 451, des chefs ecclésiastiques rompus aux affaires comme Nectaire ou doués d’une intelligence et d’une volonté peu communes, comme Jean Chrysostome, Atti-CUS, Nestorius, Proclus et Flavien, et qui surent tous poursuivre un but identique : l’élévation de leur chaire au-dessus de toutes les autres.

Mais ce que la coutume avait établi, une autre coutume aurait pu le défaire ; il importait donc que l’auloi tle l’évêque de Byzance s’exerçât sans conteste sur tous les évéques et les métropolitains d’un ressort ecclésiastique déterminé et qu’elle put, en certains cas, se faire même sentir aux autres Églises autonomes d’Orient. Ce but fut atteint au concile de Chalcédoine, qui consacra les efforts de sa politique en faisant des trois exarchats de Thrace, d’Asie et de Pont, le seul patriarcat de Constanlinople, et en réservant à l’évêque de la capitale le droit de résoudre, en cas d’appel, toutes les causes portées à son tribunal par le clergé des patriarcats de .brusalem, d’Antioche et d’Alexandrie, comme de l’Église de Chypre. Deux canons spéciaux, le 9e et le 17e, précisèrent mieux l’étendue des pouvoirs de la <tjvooo ; èv8ïj[io-jua et firent de l’évêque de Byzance l’arbitre souverain des causes ecclésiastiques en Orient : « Si l’évêque ou un clerc, dit le 9e canon, a un procès avec le métropolitain de la province, il doit porter son affaire ou bien devant l’exarque du diocèse, ou bien devant le siège de Constuntinople. » Et le 17e canon est conçu de façon à peu près analogue, car, dans une dispute entre évêques d’une même province, il les renvoie ou devant l’exarque ou devant l’évêque de Conslantinople. Le concile permanent, qui ne s’était établi que par la coutume, jouissait désormais des droits et des prérogatives d’un tribunal suprême, solennellement reconnu par le concile œcuménique. Ainsi la puissance de Conslantinople grandissait sans cesse ; elle détenait le second rang dans l’Église universelle, le premier en Orient, et toutes les autres Eglises orientales élaient forcées bon gré mal gré, en cas d’appel, de passer par son tribunal. Car le 9e canon fut inséré dans la loi civile et eut dorénavant la même autorité que toute autre loi impériale. Voir col. 640-641.

V. I.l SCH18M1 D VCACE ET LA FORMATION DU PATRIAR-CAT ŒCUMÉNIQUE, i.">l-6IO. — Les décrets dogmatiques de Chalcédoine une fois promulgués, il restait à les appliquer. Cela ne souffrit pas grande difficulté dans

byzantin, ou la

armée pouvait rapidement mettre à la raison la turbii l l’insolence des évêques ; mais

il n’en alla pas d même dans les trois patriarcats d’Orient. A Jérusalem, les moines, qui n’avaient pas coin tue Juvénal un titre de patriarche en perspective. De pui mer le lendemain ce qu’ils

nt reconnu la veille ; ils demeurèn nt donc fid

la doctrin i Cyrille et

Installèrent, à la place du past< nr légitime, un des leurs. muant T odo L’inl n de ce dernier dura’. bien que son monophyi i

fut assez mitigi rne nt d’une dureté extrême

s que de fain quelqui s mari i La fei meté mpereur Marcien finit par rétablir l’ordre, avec l’une, et. malgré cei : i turbations

ieUZ, relie

continua h jouir dune tranquillité relative

le. Iians la

il en fut tout autrement. In Syrie,

tirdès le commencement,

du jour où Pierre le Foulon, le brouillon acémète,

inre, le futur

ns limites,

cal. Les patriarches

monophysites eu catholiques occupaient tour à tour la chaire d’Antioche, s’anathématisaient et se renversaient mutuellement. Les catholiques même ne réussirent à garder le pouvoir que grâce à la protection, d’abord déguisée, puis franchement ouverte de l’évêque byzantin et de la cour impériale. Voir ANT10CHE, t. I, col. 1403 sq. Si le maintien de la doctrine prétendue cyrillienne causait de pareils troubles dans un pays, qui n’avait jamais professé un grand culte pour le pharaon d’Egypte, on devine ce qu’il devait en être dans cette dernière province, qui avait voué à sa mémoire une vénération touchant à l’idolâtrie. Là, les prescriptions dogmatiques de Chalcédoine demeurèrent lettre morte. L’hérétique Dioscore ne reçut pas de successeur et, à sa mort, 454, l’orthodoxe Protérios trouva tout de suite un compétiteur dangereux dans la personne de Timothée Élure, qui joignait à une énergie remarquable la souplesse féline de l’animal dont il portait le surnom. Vainement les empereurs s’employèrent-ils à ramener l’orthodoxie et à imposer des patriarches de leur choix, les Egyptiens s’y refusèrent obstinément. Protérios fut égorgé et son cadavre outragé, Solophakialos voyait toujours en face de lui Timothée Élure, et Jean Talaïa ne réussit pas à chasser son rival Pierre Monge.

Ces troubles et ces révoltes continuelles dans les provinces orientales de l’empire servaient admirablement l’Église de Constantinople. Pendant que les Eglises de Syrie et d’Egypte se ruinaient et s’entre-déchiraient, elle, forte de la protection de l’État, prospérait sans relâche, interposait sa médiation et (inalement imposait ses candidats. Quel prestige, en effet, pouvait entourer un patriarche d’Alexandrie, brouillé avec les monophysites et qui aurait refusé de courber la tête sous la main protectrice de l’évêque byzantin ? Aucun absolument. Les neuf dixièmes de ses fidèles lui déniaient toute obéissance, et le maigre troupeau qui s’inclinait sous sa houlette n’évitait les attaques ou la mort qu’à l’ombre du drapeau impérial et sous l’égide du patriarche de la cour. Même situation en Syrie, et peut-être situation pire. Pour arriver au trône patriarcal d’Antioche et pour s’y maintenir, les candidats catholiques passaient sous les fourches caudines de l’approbation que décernait l’évêque de Byzance, parfois même, comme Etienne III et Calandion, ils recevaient l’onction de ses propres mains. Et quand les papes adressaient des plaintes un peu vives sur cette violation des canons, Acace et son ami Zenon trouvaient toujours des raisons ingénieuses pour innocenter leur initiative, qui ne saurait créer de précédent. Le pape acceptait leurs excuses, et la même intrusion se renouvelait infailliblement à la re vacance du siège.

Dépendance absolue des trois patriarcats orientaux vis-à-vis de Constantinople. voilà donc le bilan des années i.M à 184. Une seule exceplion, qui n’eut pas de lendemain, se présenta à l’avènement de l empereur Ilasilisque. Cet usurpateur avait rappelé de l’exil les évéques bannis pour cause de monophvsisme et condamné le concile de Chalcédoine ; aussitôt Timothée Elure, le patriarche égyptien, jusque-là prisonnier à iii ; i Êphése et la. d.ms un concile provincial qui comptait la majeure partie de i d’Asie, il rétablit sur le sie^e d’Éphèse l’exarque Paul, déposé par l’évêque de Byzance, et proclama son Eglise indépendante de Constanlinople, comme elle l’était

avant le IV concile. Victoire éclatante mais de peu de

durée, "n sait que, devant tationa des moines et du peuple d l.i capitale, Basilisque fut contraint de retirer son Encyclique. Par le fait mêi le cette annulation liaient force de

ua la juridiction de

tantlnople. Ce fut la le dernier effort malheureux, lente par les Églises autocéphales pour recouvrer leur Indi pendance.