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CORAN (SA THÉOLOGIE)


vil, 48. Tout appel à la miséricorde de Dieu restera sans réponse. Wolff, Muhamntedanische Escliatalogie, Leipzig, 1872, p. 147-171 ; Meyer, Die Ilôlle im Islam, L’aie, 1901, p. 5-90.

A ce tableau effrayant des tourments des damnés, Mahomet oppose les jouissances voluptueuses du ciel, le bien-être physique et la vie heureuse des amis de Dieu. Mahomet a donné libre cours à son imagination pour décrire l’éternelle volupté d’un ciel, où l’esprit repose dans un lourd sommeil, tandis que les sens goûtent des plaisirs sans cesse renouvelés. Le paradis (had) est appelé dans le Coran firdaus, xvii, 107 ; XXIII, 11 ; les jardins d’Éden (djannat’adèn), ix, 73 ; xiii, 23 ; xvi, 33 ; xxxv, 30 ; le séjour élevé (djannat’àliya), lxxviii, 10 ; jardins des délices (djannat al-na’ïm), v, 70 ; x, 9 ; xxii, 55 ; lxviii, 33 ; jardin de l’éternité (djannat al-hidd), xxv, 16 ; jardin du séjour (djannat al-ma’ouâ), lui, 15 ; xxxii, 19 (au pluriel) ; habitation éternelle (dàr al-muqâmat), xxxv, 32. Le paradis est une demeure de paix (dàr as-salàm), vi, 127, avec de hautes galeries (al-gurufàt), xxxiv, 36. Son extension est immense, il est vaste comme les cieux et la terre, ni, 127 ; lvii, 21. Il a des portes, gardées par les anges, qui diront aux prédestinés : « Que la paix soit avec vous ! Vous avez été vertueux ; entrez dans le paradis pour y demeurer éternellement, » xxxix, 73. Les justes y entreront et jouiront de la vue de jardins arrosés de courants d’eau, ii, 23, et de fleuves, iii, 13, 130. Le Coran nomme ces fleuves Salsabîl, lxxvi, 18 ; Tasnlm, lxxxiii, 27, le Kaoutar, cviii, 1. Ce mot du verbe arabe katoura (être abondant) pourrait aussi signifier la richesse. A côté de ces fleuves où coule une eau incorruptible coulent des fleuves de lait, dont le goût ne s’altérera pas, des fleuves de vin doux à boire, des fleuves de miel pur, et poussent toutes sortes de fruits, xlvii, 16-17. Il y aura des lotus sans épines, et des bananiers chargés de fruits du sommet jusqu’en bas, lvi, 27-28. Les bienheureux s’y pareront de bracelets d’or et de perles, se vêtiront dérobes de soie verte et de satin, xviii, 30 ; xxii, 23 ; xxxv, 30, et placés les uns en face des autres, xliv, 53, ils reposeront accoudés sur des divans ; ils ne subiront ni la chaleur du soleil ni les rigueurs du froid, lxxvi, 13. Leurs sièges seront ornés d’or et de pierreries, lvi, 15, et auront des coussins disposés par séries, i.xxxviii, 15. Des tapis seront, étendus par terre, lbid., 16. Dieu leur donnera en abondance les fruits et les viandes qu’ils désireront, lii, 22 ; et la chair des oiseaux les plus rares, lvi, 21 ; xxxvii, 41-42 ; xxxviii, 51. On leur présentera à boire du vin exquis et scellé, dont le cachet sera de musc, lxxxiii, 25-26. On fera circuler parmi eux des vases d’argent et des coupes en cristal, remplies de boisson mêlée de gingembre, lxxvi, 16-17, ou même de tout ce que leur goût pourra désirer, xliii, 71, des gobelets, des aiguières et des coupes, remplis de vin dont la vapeur ne leur montera pas à la tête et n’obscurcira pas leur raison, lvi, 19 ; lxxxviii, 14, ou d’une eau limpide et d’un goût délicieux pour ceux qui la boiront, xxxvii, 45. Ces coupes ne feront naître ni propos indécent ni occasion de péché, lii, 23 ; lxxviii, 34-35. Autour des bienheureux circuleront de jeunes serviteurs, pareils à des perles renfermées dans leur nacre, lii, 24 ; des enfants doués d’une jeunesse éternelle, lvi, 17 ; lxxvi, 19. En compagnie de leurs épouses, ils se reposeront sous l’ombrage, xxxvi, 56 ; xliii, 70 ; auprès d’eux seront aussi des femmes au regard modeste, et leurs égales en âge, xxxviii, 52, des vierges aux grands yeux noirs et au teint éclatant, semblables à celui d’une perle dans sa coquille, xxxvii, 47 ; xliv, 54 ; LU, 20. Ces vierges aux formes voluptueuses, lxxviii, 33, sont appelées hour. Elles ont été l’objet d’une création à part, et ont gardé leur virginité, lvi, 31-35, pour être destinées aux hommes de la droite.

Elles sont jeunes et belles, et renfermées dans des pavillons, i.v, 70-72 ; leur beauté ressemblera à celle de l’hyacinthe et du corail, lv, 58. Les épouses des élus leur prodigueront des marques de tendresse, lvi, 36. Toute tristesse, tout ressentiment est banni du ciel, vu, 41, 47. Les justes n’y entendront aucun discours futile, xix, 63. Sur leurs lèvres retentiront les louanges de Dieu, x, 10-11. Ils s’approcheront les uns des autres et se poseront des questions. Ils se demanderont même s’ils seront sujets à une autre mort, et s’ils perdront leur bonheur, xxxvii, 56-5. Les peines des damnés ne leur seront pas inconnues, et ils loueront la miséricorde de Dieu de n’avoir pas été du nombre des réprouvés, ibid., 53-55 ; ils parleront aussi aux damnés et leur demanderont les causes de leur perte, lxxiv, 42-48. Il y aura, au paradis, des degrés différents de béatitude, iii, 157 ; les bienheureux y formeront le parti de Dieu, car Dieu s’est complu en eux et ils se sont complus en Dieu, lviii, 22. Quant aux divisions ou sections du paradis, le Coran mentionne quatre jardins différents, lv, 46, 62 ; dans ces sections toute âme occupera un degré correspondant à ses œuvres, VI, 132. Le degré le plus élevé devant Dieu sera réservé à ceux qui auront combattu dans les sentiers de Dieu, ix, 20. Wolff, p. 185-207 ; Rùling, p. 35-37.

On voit par là le caractère des joies que le prophète a promises à ses croyants dans l’autre vie. Sans doute, dans certains textes, Mahomet fait consister le bonheur des élus dans la vision de Dieu, dans ses louanges, dans la prière, dans la compagnie des anges, mais le ciel coranique est avant tout un ciel voluptueux. Sa conception est presque identique à celle du Talmud et justifie en quelque sorte l’opinion de Marracci : Alcoranus Talmudem fere semper in suis fabulis, veluti canis canem, subodoratur, p. 300. Mahomet imagina un enfer et un paradis qui répondaient à ses fins politiques, qui pût amener à sa nouvelle religion les Arabes à qui n’aurait pas souri l’idée d’un ciel, privé des jouissances de la terre. D’après Marracci, quantum in suo paradiso spurcum, tantum in inferno suo ridiculum se Mohametus ostendit, p. 591. On a essayé d’interpréter dans un sens plus spirituel les expressions par trop matérialistes du Coran ; mais cette tentative n’a pas abouti. Il suffit de lire quelques sourates du Coran, par exemple la Lxxvie, pour se convaincre que la récompense dont Dieu gratifie les élus n’est comparable en rien aux joies d’outretombe que Jésus-Christ a annoncées à ses disciples. Wollaston, The sword of Islam, Londres, 1905, p. 296-307.

II. La morale du Coran. —Mahomet distingue entre l’impulsion de Dieu, qui à son gré pousse l’homme clans la voie droite, dans la voie du salut, et l’acquisition de la béatitude. Sans doute, l’élément premier du salut, dans la théologie coranique, est l’action de Dieu, qui prédétermine les âmes aux joies du ciel et au malheur de l’enfer ; mais il existe aussi un élément secondaire, la participation de l’homme par ses bonnes œuvres. La damnation pèse sur ceux qui sont dans l’erreur au sujet de la religion, et dont les actions sont différentes de celles que Dieu veut, xxiii, 64. Dieu tiendra compte au jour dernier de ce que l’homme aura fait sur la terre, et les actions de chacun seront alléguées pour ou contre lui, ii, 286. Grimme, p. 110. Dieu déclare d’abord aux hommes sa volonté, il leur révèle ce à quoi ils sont tenus, et dans le cas où ils désobéissent, il les punit en les égarant, ix, 116. Cependant cette doctrine qui paraît admettre des limites à la prédestination absolue de la part de Dieu, et accorder à l’homme une influence relative dans l’œuvre de son salut, ne découle pas des principes moraux nettement énoncés dans le Coran. La théologie coranique ouvre un abîme entre Dieu et l’homme : Dieu est un maître capricieux et arbitraire, car il peut remplir à