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CORAN (SA THÉOLOGIE)


signifie glorieux, et Mahomet l’ajouta à son nom d’autant plus facilement qu’il dérive de la racine hanuda, lianuni, il glorifia.

En résumé, Mahomet avait du Christ une idée très élevée, parce qu’il en avait entendu dire beaucoup de Lien. G-lagolev, Le Coran (en russe), p. 255. Aussi évite-t-il de lui imputer l’affirmation de sa divinité. Il reproche aux chrétiens cette impiété, que le Christ lui-même a condamnée. Jésus-Christ est l’envoyé de Dieu, un simple mortel, un prophète, un thaumaturge, semblable aux autres prophètes. Mahomet ne reconnaît point le caractère surnaturel du Christ, ni la portée de son enseignement comme révélation divine parfaite ; il rejette son crucifiement, sa résurrection et son rôle au jour du jugement dernier. La foi en un Dieu unique et en son prophète sont les deux principes auxquels il a adapté sa christologie, qui, en niant la divinité du Christ, est essentiellement antichrétienne et opposée à l’Évangile.

6. Le portrait moral du Christ.

Le Coran a élevé le Christ au-dessus des autres prophètes, tout en niant sa divinité et sa mission de rédempteur. Les autres prophètes d’Israël ont reçu uniquement la mission d’enseigner les vérités de la foi, d’être les organes de la révélation divine. Jésus-Christ possède J’esprit prophétique dans un degré supérieur, mais en même temps il a été seul proposé comme exemple aux enfants d’Israël, ZLIII, 59. Dieu l’a comblé de iaveurs, ibid. ; il est le saint, xix, 19, le confident de Dieu, iii, 40, la preuve vivante de la miséricorde divine, xix, 21 ; il est du nombre des justes, iii, 41. Si ce texte est entendu de l’impeccabilité du Christ, de sa sainteté parfaite, il serait l’écho de ces paroles : Quis ex vobis arguet me de peccato ? Joa., viii, 40. D’après une tradition très autorisée, Mahomet aurait dit en parlant du Christ. « Tout homme en naissant est saisi au côté par la griffe du diable, excepté Jésus fils de Marie. » Sayous, p. 75. Le Coran exalte la grandeur et la vertu du Christ : Mahomet se place lui-même à un degré inférieur. Sa naissance n’a pas été miraculeuse comme celle de Jésus. Le Christ n’a pas subi l’esclavage du péché, tandis que, dans le Coran, Mahomet avoue ses fautes anciennes et récentes, xlviii, 2 ; il en demande pardon à Dieu, dont il implore la miséricorde, XL, 57 ; xlvii, 21 ; ex, 3. S’il se considère comme supérieur à Jésus dans sa mission de prophète, à s’en tenir au Coran, le Christ est plus élevé que lui au point de vue de la perfection morale. Gerock, p. 84-87 ; Ostrooumov, Les doctrines des maliomélans sur la personne de Jésus-Christ (en russe), p. 253-254.

Le Saint-Esprit.

Dans la sourate xvi, 2, Mahomet

affirme que par sa volonté, Dieu fait descendre les anges avec son esprit sur celui de ses serviteurs qu’il choisit. Le terme d’esprit roûfr a plusieurs sens dans le Coran. Il signifie : 1° l’acte par lequel Dieu communiqua la vie au premier homme : « Lorsque j’aurai soufflé dans lui mon esprit, » xv, 29 ; xxxii, 8 ; xxxviii, 72 ; 2° l’inspiration divine, xvi, 1-2 ; xl, 15 ; 3° un être personnel, qu’on ne peut identifier avec les anges, et qui exécute les ordres de Dieu. C’est ainsi que l’esprit fidèle apporte du ciel le Coran, xxvi, 193. Il est associé aux anges au jugement dernier, lxx, 4 ; xcvii, 4. L’esprit de sainteté, roûh’al-qoudsi, est donné à Mahomet pour affermir les croyants et les diriger, xvi, 105. Jésus-Christ a été fortifié par l’esprit de sainteté, ii, 81, 254 ; v, 109. Par cet esprit, les musulmans entendent l’ange Gabriel, Kasimirsln, Le Coran, p. 477, note 2, et les expressions d’esprit fidèle, d’esprit de sainteté- n’indiquent que lui, et la supériorité de sa nature angélique. Zaborovsky, p. 49. L’esprit de Dieu fut envoyé à Marie sous forme humaine, xix, 17 ; xxi, 91 ; Marie reçut une partie de l’esprit du Seigneur, lxvi, 12. Que faut-il entendre par ces mots ? De quelle manière l’archange Gabriel a-t-il influé sur la naissance du Christ, si les textes du

Coran, ayant trait à cet événement, doivent lui être attribués’.' Selon le texte arabe, c : i I qui est

chargé lui-même de donner à Marie un fils saint : « Afin que je puisse donner à toi un fils, » li aliaba laki goulàman.

Quelle a été la véritable pensée de Mahomet à l’égard du Saint-Esprit ? Ses expressions obscures ont mis en défaut la sagacité des commentateurs. O-trooumov, La doctrine des mahométans sur le Saint-Esprit (en russe), p. 375-376. Il a changé aisément d’idées touchant sa nature. Sprenger, t. il, p. 234. Il l’a nommé dans le Coran, peut-être pour plaire aux chrétiens. Ibid., p. 231. Il a amalgamé le démiurge des gnostiques, l’ange Gabriel des Juifs et le Saint-Esprit des chrétiens. De ce mélange est sorti un être personnel, qui a son individualité distincte, et dont les commentateurs arabes se plaisent à énumérer les hautes perfections. Sprenger, t. il, p. 229-230. Mais cet être n’a pas la nature divine. C’est une créature élevée par Dieu à un degré sublime de perfection. Lui reconnaître la nature divine, ce serait renier le monothéisme coranique. La tradition musulmane qui l’identifie avec l’ange Gabriel est 1res ancienne. Au IIe siècle de l’hégire, elle avait pour défenseurs les célèbres théologiens arabes, Qatâda et Hasan Baçri, mort en 728. Sprenger, t. ii, p. 230.

Dieu orateur.

Dans le Coran, Dieu est appelé

hâliq. Sa puissance est universelle et n’a, pour ainsi dire, d’autres limites que sa volonté, iii, 42. L’univers est son œuvre, xl, 64. Sa puissance créatrice se révèle dans les phénomènes de la vie, et dans les forces de la nature, lvi, 57-72. Tout vient de lui et tout doit retourner à lui. Cette idée est souvent exprimée par la formule suivante : ’ilà’allâ/ii lurga’u al-’umùr, ii, 206 ; m, 105 ; viii, 46 ; xxii, 75, etc.

1. Dieu a créé le ciel et la terre.

La cosmogonie du Coran se rapproche beaucoup dé celle de la Bible. Dieu appelle à l’existence le ciel et la terre, par son ftat tout-puissant, il dit : Sois, et le ciel et la terre sont vraiment créés, vi, 72. Le but de la création a été très noble. Dieu n’a point créé en vain, ma… bûtilan, l’univers, ni, 188 ; XXXVIII, 26 ; en le créant, il n’a pas songé à se divertir, ma… laibina, xxi, 16 ; xliv. 38 ; et ce qu’il dit du monde en général, Mahomet l’affirme aussi des hommes, xxiii, 116. Avant la création, le ciel et la terre étaient un amas de fumée, xli, 10 ; ils formaient une masse compacte, ratq. Dieu y sépara le ciel de la terre, xxi, 31, qu’il créa en six jours, vii, 52 ; xi, 9. La terre a été créée avant le ciel, ou plus exactement avant la division du ciel en sept cieux : « C’est lui qui a créé pour vous tout ce qui est sur la terre : cette œuvre terminée, il se porta vers le ciel et en forma sept cieux. » il, 27. La voûte des cieux. il l’a élevée pour abri aux hommes, il, 20 ; comme un toit solidement établi, xxi, 33 ; lxxix, 28. Les cieux sont au nombre de sept, xvii, 46 ; le partage en sept cieux distincts se fit en deux jours, xli, 11 ; lxv, 12. Les sept cieux sont aussi appelés dans le Coran voies, tarâ’iqa, xxiii, 17 ; solides, sidâd, courbes, tibâq, lxxviii, 12 ; lxvii, 3 ; lxxi, 14. Les cieux sont élevés, xx, 3. Ils ne reposent pas sur des colonnes visibles, xiii, 2 ; xxxi, 9 ; ils n’ont aucune fente, L, 6 ; LXVII, 3 ; ils ne s’affaissent pas, étant soutenus par Dieu, xxxv, 39 ; le ciel le plus voisin de la terre est orné de flambeaux et pourvu de gardiens, xli, 11. Les cieux ont des degrés (ma’aridj), par lesquels les anges et l’esprit monteront au jour du jugement, i.xx, 4. A leur garde sont préposés des anges qui en écartent les démons, et les djinns, xv, 17-18 ; lxxii, 89. Chaque ciel a des fonctions spéciales, xli. 11. Ils célèbrent les louanges du Seigneur, xvii. 46. Dieu les divise en fragments, kasaf, et de leur sein il fait sortir la pluie, xxx. 47. A la fin du monde, Dieu changera les cieux aussi bien que la terre, xiv, î’.i. Dieu créa le suleil et la lune et les étoiles dans le ciel le plus voisin