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CORAN (SA THÉOLOGIE)


lermede Verbe de Dieu suppose dans le Christ quelque

chose de divin de lelle sorte que le Coran, en nianl sa divinité, se contredisait. Gerock, Versuch einer Dar-Slellung der Christologie des Korans, p. 87-88 ; Derenbourg, dans la Revue des Études juives, 1888, t. xviii, p. 126-128 ; Nallino, Chrestomathia Qorani arabica, Leipzig, 1893, p. 49.

Mahomet appelle encore le Christ l’esprit de Dieu (roûh Allah), iv, 169. Les commentateurs du Coran n’y voient pas une preuve de la divinité du Christ. Le Seigneur a soufllé aussi son esprit sur Adam, xv, 29 ; xxxii, 8, et qui n’est pas pour cela le fils de Dieu, partageant avec Dieu la nature divine.

2. Naissance de Jésus.

Elle tient une place importante dans le Coran. Le récit de Mahomet présente plusieurs analogies avec celui de saint Luc, bien que le prophète n’ait point eu en mains les livres canoniques du Nouveau Testament. Il a connu les Évangiles apocryphes, en particulier De nativilate Marias, et De infantia Jesu, mais il les a embellis au gré de sa fantaisie. La naissance de Jésus est miraculeuse. Marie, quittant sa famille, se retira du côté de l’est. Elle se couvrit d’un voile qui la déroba à tous les regards. Dieu lui envoya son esprit, qui lui apparut sous la forme d’un homme d’une figure parfaite. Elle lui dit : « Je cherche auprès du Miséricordieux un refuge contre toi. » Il répondit : « Je suis l’envoyé de ton Seigneur, chargé de te donner un fils saint. — Comment, répondit-elle, aurais-je un fils ? Aucun homme n’a jamais approché de moi, et je ne suis point une femme dissolue. » Il répondit : « Il en sera ainsi : ton Seigneur a dit : Ceci est facile pour moi. Il sera notre signe devant les hommes, et la preuve de notre miséricorde. L’arrêt est fixé. » Marie conçut et se retira dans un endroit éloigné. Les douleurs de l’enfantement la surprirent auprès d’un tronc de palmier. « Plût à Dieu, s’écria-t-elle, que je fusse morte avant que je fusse oubliée d’un oubli éternel. » Quelqu’un cria de dessous elle : « Ne t’afflige point. Ton Seigneur a fait couler un ruisseau à tes pieds. Secoue le tronc du palmier, des dattes mûres tomberont vers toi. Mange et bois, et console-toi ; et si tu vois un homme, dis-lui : J’ai voué un jeûne au Miséricordieux ; aujourd’hui je ne parlerai à aucun homme. » Elle retourna dans sa famille, portant l’enfant dans ses bras. On lui dit : « Marie, tu as fait une chose étrange. sœur d’Aaron ( !), ton père n’était pas un homme misérable, ni ta mère une femme suspecte. » Marie leur fit signe d’interroger l’enfant : « Comment, dirent-ils, parlerions-nous à un enfant au berceau’?… — Je suis le serviteur de Dieu ; il m’a donné le Livre et m’a constitué prophète, » xix, 16-32. La sourate m raconte aussi la naissance du Christ. Les anges dirent à Marie : « Dieu t’annonce son Verbe. Il se nommera le Messie, Jésus, fils de Marie, honoré dans ce monde et dans l’autre, et un des confidents de Dieu. Il parlera aux hommes, enfant au berceau et adulte, et il sera du nombre des justes. — Seigneur, répondit Marie, comment aurais-je un fils ? Aucun homme ne m’a approchée. — C’est ainsi, reprit l’ange, que Dieu crée ce qu’il veut. Il dit : Sois, et il est. Il lui enseignera le livre et la sagesse, le Pentateuque et l’Évangile, Jésus sera son envoyé auprès des enfants d’Israël, » 40-43. En beaucoup d’endroits, le Coran répète que Jésus est le fils de Marie, ii, 81, 254 ; iv, 156, 169 ; v, 19, 50, 76, 79, 82, 109, 112, 114, etc.

En comparant les deux récits on constate que celui de la sourate xix est plus complet. Quelques versets de la sourate ni correspondent assez bien à saint Luc, I, 31-33, 35, 37. Mais les traits sont plutôt empruntés aux apocryphes. L’Evangile arabe de l’enfance cite les paroles du Christ dans son berceau. Tischendorf, Evangclia apocrypha, Leipzig, 1876, p. 181. Certains détails ne se rencontrent ni dans l’Évangile de saint Luc ni

dans les apocryphes, par exemple les reproches adressés à Marie par ses parents, la peur et la honte de la sainte Vierge en leur présence. Savous, Jêsus-Clirist d’après Mahomet, p. 40-41. Mahomet les a imaginés.

3. Vie publique, miracles et prédication de Jésus. — Le Coran est très sobre de renseignements sur la vie cachée et publique du Christ. Mahomet n’a point connu les Évangiles canoniques ; ce qu’il dit du Christ, il l’a appris de la tradition arabe ou des Évangiles apocryphes. Ces renseignements tendent à exclure de la personne du Christ tout ce qui est divin. Le Christ est simplement le fils de Marie : il est né sans doute d’une manière miraculeuse, mais il ne doit pas être élevé à la hauteur de Dieu. Mahomet ignore les merveilles accomplies par le Christ durant sa prédication. Il en parle d’une manière vague et indéterminée : Jésus façonne avec de la boue la figure d’un oiseau, il souffle dessus, et par la permission de Dieu l’oiseau est vivant ; il guérit l’aveugle de naissance et le lépreux ; il ressuscite les morts ; il dit ce qu’on a mangé et ce qu’on a caché dans la maison, iii, 43. Ces miracles sont rapportés à la sourate v, 110. Le Coran ne dit pas à quelle époque s’est accompli le premier miracle dont il parle. L’enfance de Jésus, selon Mahomet, s’est écoulée sur un lieu élevé, sûr et abondant en sources, xxiii, 52. Les commentateurs arabes identifient ce lieu avec Jérusalem ou Damas ; Marracci croit y voir une allusion au paradis terrestre. Refutatio Alcorani, p. 376. C’est à cette période de la vie cachée du Christ que doit se rapporter le premier miracle enfantin, que Mahomet a emprunté à l’Évangile arabe de l’enfance du Sauveur, Tischendorf, Evangelia apocrypha, c. XLir, p. 203-204, à l’Évangile de Thomas en grec, en, ibid., p. 141-142, et au même Évangile en latin, c. iv. Ibid., p. 167-168. Les commentateurs arabes mentionnent de nombreux éléments d’origine évangélique, dans les miracles de Jésus, mais mêlés à des traditions islamites qui les déparent.

Le Coran n’indique pas le temps où Jésus commença sa vie publique. Les anges dirent à Marie : « Jésus parlera aux hommes, enfant au berceau et adulte, » ni. 41. Les commentateurs arabes, Ibn Koutaïba, Wahb, Maçoudi, fixent cette époque à l’âge de 30 ans. Mikhaïlov, p. 154-155. Le Christ avait été instruit directement par Dieu qui lui avait enseigné « le livre et la sagesse, le Pentateuque et l’Évangile » , iii, 43 ; v, 110. Il venait en prophète, xix, 31, béni partout où il se trouvait, chargé de faire la prière et l’aumône tant qu’il vivrait, xix. 32. Sa prédication ne toucha point les juifs qui restèrent infidèles, ni, 45. A la vue des miracles accomplis par le Christ, ils disaient : Ceci n’est que de la magie, v. 110 ; de la sorcellerie pure, lxi, 6. Une partie seulement des enfants d’Israël crut à la parole du Christ, lxi. 1 i. Il eut des apôtres, appelés haouûriyun, mot qui contient l’idée de blancheur par allusion soit à leurs vêtements, soit à la pureté de leurs âmes. Sayous, Jésus-Christ d’après Mahomet, p. 46. Mahomet ne connaît pas leurs noms ; il en cite trois qui visitèrent une ville sur l’ordre de Dieu, XXXVI, 13, mais sans les nommer. Les apôtres furent pour le Christ des aides dans le sentier de Dieu, m, 45 ; lxi, 14. A leur sujet, le Coran raconte un miracle qui est un relief affaibli et sans dignité de la cène. Sayous, p. 46. Les apôtres prièrent leur maître de faire descendre des cieux une table toute servie. Jésus adressa à Dieu cette prière : « Dieu, notre Seigneur, faites-nous descendre une table du ciel ; qu’elle soit un festin pour le premier et le dernier d’entre nous, et un signe de la puissance. » Le Seigneur dil alors : « Je vous la ferai descendre, mais malheur à celui qui, après ce miracle, sera incrédule : je préparerai pour lui un châtiment le plus terrible qui lui jamais préparé pour une créatui v, 115. On a voulu voir dans ce récil une allusion aux menaces prononcées par saint Paul contre ceux qui