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CONTROVERSE


Charles-Quinl publiait un formulaire très modéré qui, | avec les articles convenus de part et d’autre, prit le nom d’intérim de Ratisbonne. Kn vertu de ces dispositions intérimaires, les deux partis devaient s’en tenir pratiquement aux dits articles jusqu’au prochain concile œcuménique ou national, ou bien jusqu’à la prochaine diète à laquelle l’empereur promettait d’amener un légat du pape. Hergenrœther, loc. cit., n. 91-92, t. v, p. 325330 ; J..lanssen, op. cit., t. iii, p. 498-502 ; Kirchenlexikon, t. iii, col. 181-5-1847 ; L. Pastor, Beunionsbestrebungen, p. 263 sq. ; Dittrich, Gasparo Contarini, p. 550772 ; Bossuet, Hist. des variations, 1. VIII, n. 3-5.

9. Deuxième colloque de Ratisbonne, 27 janvier 1516, Malvenda, Billik, Hofmeister, Cochlée avec George Major, Pistorius, Schnepf, Frecht. — Malgré l’opposition du pape, malgré celle des évoques réunis à Trente, l’empereur céda de nouveau aux instances des États protestants, qui éprouvaient la plus grande méfiance vis-à-vis du concile œcuménique. Il accepta encore un colloque qui se tiendrait derechef à Ratisbonne. Il fut inauguré le 27 janvier 1546, sous la présidence de Maurice, évêque d’Eichstàtt, et du comte Frédéric de Furstenberg. Du côté des catholiques, la défense fut confiée au savant dominicain, Malvenda, confesseur de Charles-Quint, à Eberhardt liillik, carme de Cologne, Jean Hofmeister, provincial des augustins, et J. Cochlée. Les prétentions protestantes étaient soutenues, au dire des uns (Hergenrœther), par George Major, Pistorius, Schnepf et Frecht, selon d’autres (Kirchenlexikon), par Major, Rucer, Schnepf et Brenz. Tous cherchèrent à s’entendre sur la question dogmatique plus qu’à préparer le rapprochement politique ou social. Les questions se rapportant à la conversion, à la foi, à la justification et aux bonnes œuvres furent amplement traitées. Mais bientôt les princes protestants éprouvèrent le besoin de rompre les négociations. Ils en trouvèrent le prétexte dans une ordonnance impériale qui associait aux présidents déjà nommés l’évêque Jules Pflug, ordonnait d’observer le secret et de discuter oralement plutôt que par écrit. L’électeur de Saxe et le landgrave Philippe de Hesse rappelèrent leurs théologiens et le colloque se trouva ainsi dissous. Hergenrœther, loc. cit., n. 96. t. v, p. 337-3Î0 ; Pastor, op. cit., p. 305 sq. ; Kirchenlexikon, t. iii, col. 1847-1848.

10. Colloque de Worms, septembre et octobre 1551, entre Canisius, etc. et Mélanchthon, etc. — De tous les colloques allemands, un des plus célèbres, sans contredit, et le dernier offrant un caractère d’ordre général, fut celui tenu en 1557. Une diète avait été convoquée à Worms, par l’empereur Ferdinand, frère et successeur de Charles-Quint en Allemagne et dans l’empire, en vue d’obtenir des secours contre les Turcs. Les hérétiques, dans l’intérêt de leur cause, se mirent à refuser tout subside, afin d’emporter l’autorisation d’un nouveau colloque. Car, observait malicieusement l’électeur palatin, « jusqu’ici nos colloques n’ont pas été sans fruits : c’est grâce à eux que la parole de Dieu s’est propagée. » Bucholtz, Geschicltte der Regierung Ferdinand des Ersten, Vienne, 1831-1838, t. vii, p. 361. Et Mélanchthon avait l’impudence d’exprimer l’espoir que, par ce moyen d’une conférence, « plusieurs princes et évêques seraient éclairés et se détermineraient enfin à embrasser la vraie doctrine. » Corpus reformatorum, Halle, 1841-1812, t. ix, p. 6-7. Ferdinand résolut de soumettre la question à l’examen d’une commission composée de deux évêques, et de cinq théologiens ayant à leur tête le grand jésuite Pierre Canisius.

Déjà, par sa sainteté, sa doctrine et sa douceur, Canisius avait remporté des succès dans la controverse comme dans la prédication. A Vienne, en 1553, provoqué par deux notables luthériens, il avait accepté une discussion conlradictoire qui eut lieu devant un nombreux public. Les deux hérétiques se répandirent en

violentes invectives et en méchantes insinuations. Ai (C un calme extraordinaire, Canisius reprit un à un leurs arguments, rétablit l’exactitude des textes et mit en évidence tous les artifices auxquels ils avaient osé recourir. Cette réponse pacifique, précise et tranch comme la vérité, recueillit les applaudissements unanimes, et les deux hérétiques durent s’avouer vaincus. L’un disparut pour jamais de la ville ; l’autre abjura ses erreurs, et même entra dans la Compagnie de Jésus, où il mourut saintement. L. Michel, Vie du B. Pierre Canisius, Lille, 1897, p. 125.

En réponse à la question posée par l’empereur, Canisius écrivit avec une liberté tout apostolique que la voie du colloque n’était pas celle qui pouvait * menir à une durable et légitime entente. Dans les controvers religieuses, il ne faut point s’écarter des décisions de l’Église. Qui refuse de l’écouter, doit être tenu, selon la parole de Jésus-Christ, pour un infidèle et un publicain. L’expérience a suffisamment démontré que les discussions de doctrines ne servent qu r le

mal. On perd le temps en disputes sans résultat, on s’échauffe de part et d’autre, on creuse plus profond l’abime qui sépare les dissidents des vrais catholiques ; les hérétiques ne songent qu’à faire prévaloir leurs idées, et dès qu’ils ne peuvent l’emporter, ils se répandent en injures et se jettent plus violemment dans la révolte et le désordre. Quelle que soit l’issue du colloque, ils ne manqueront pas de crier victoire et de présenter les débats sous un faux jour, au détriment de la foi et au scandale des fidèles. D’ailleurs, Sa Majesté ne peut, sans une autorisation expresse du souverain pontife, permettre ou sanctionner un tel colloque » . L. Michel, op. cit., p. 178 ; Fr. Sacchini, De vita et rébus gestis P. Pétri Canisii, Ingolstadt, 1616, p. 118 ; P. Python, Vita R. P. Pétri Canisii, Munich, 1710, p. 120 ; Riess, Der selige Petrtis Canisius aus der Gesellschaft Jesu, Fribourg-en-Brisgau, 1865, p. 195 ; Janssen, op. cit., t. iv, p. 121.

Malgré cet avis si fortement motivé, Ferdinand accepta le colloque et en décréta l’ouverture pour le mois d’août suivant. Canisius ne consentit à s’y rendre que sur l’ordre formel de ses supérieurs et du pape Paul IV. Celui-ci, tout en désapprouvant la tenue de la nouvelle conférence, jugea cependant très opportune la présence et l’intervention du P. Canisius et d’un de ses confrères, le P. Nicolas de Gouda. Dans une lettre du 2 avril 1557, Canisius précise en ces termes, la nécessité, le but et le règlement du colloque : « Voici ce qui a été réglé touchant la question religieuse. Le péril est souverainement urgent, et, comme on ne trouve aucun moyen d’apaiser les dissidences religieuses, soit par le concile général, depuis si longtemps commencé et non encore terminé, soit par un concile national qui pourrait susciter de nouveaux troubles, soit moins encore par l’autorité des princes séculiers, incompétents dans ces questions, il semble qu’il ne reste plus qu’à accepter le colloque proposé. La réunion se fera à Worms, au mois d’août ; elle sera présidée par le roi et par quatre princes, c’est-à-dire par deux archevêques du côté des catholiques et deux princes du côté’des luthériens. Le but du colloque est de conférer à l’amiable, pour essayer de faire cesser ces graves et longs dissentiments. Les notaires rédigeront les débats et les soumettront aux autorités des États, qui entendent, non se prononcer sur les questions de doctrine, mais simplement prendre connaissance de notre manière de voir, et essayer ensuite de débarrasser l’Allemagne de tant de seeti Otto Braunsberger, R. Pétri Canisii S. J. Epislula et Acta, Fribourg-en-Brisgau, t. ii, epist. ccxxxviii ; L. Michel, op. cit., p. 179-180.

Le colloque, indiqué pour le 24 août 1557, eut de la peine à s’organiser, et ne put s’ouvrir que le Il sep-