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CONTRITION (QUESTIONS MORALES ET PRATIQUES)


ou si elle est insuffisante, le sacreme.nl est invalide et n’existe pas. Cf. Ferraris, PrompVa bibliotheca, v l’œnitenlia, a. 2, n. 21-32, t. vii, p. 188-191. De graves théologiens cependant soutiennent le contraire, parce que la contrition, dans ce cas, ne manque pas totalement, mais existe dans un degré plus restreint, insuffisant il est vrai à produire actuellement la grâce sanctifiante, mais suffisant pour constituer la matière essentielle du sacrement. Il en résulte qu’une confession de ce genre étant valide n’a pas besoin d’être réitérée. Cf. S. Thomas, In IV Sent., dist. XVII, q. iii, a. 4, q. i ; Sum. theol., III* Suppl., q. ix, a. 1 ; Suarez, De pœnitentia, disp. XX, sect. v, n. 15-26, t. xix, p. 237 ; De Lugo, De pœnitentia, disp. XIV, sect. vi, n. 65-68, 74, 89 sq., 98, 100-102, t. vi, p. 156-160 ; Salmanticenses, Cursus theolog. moralis, tr. VI, De sacrant, pœnitent., c. v, n. 1-22, t. i, p. 229-232 ; Lacroix, Theologia moralis, 1. VI, part. II, tr. IV, c. 1, n. 672, t. ii, p. 244 ; S. Alphonse, Theologia moralis, 1. VI, tr. I, De sacramentis in génère, c. ni, dub. il, n. 87, t. iv, p. 381 ; 1. VI, tr. IV, De pœnitentia, c. i, dub. ii, n. 444, t. v, p. 359 sq. ; Palmieri, Opus tlieologicum morale, tr. X, sect. v, De sacramento pœnitenliæ, c. i, dub. il, n. 69-77, t. v, p. 37-40.

II. Qualités.

La contrition soit parfaite, soit imparfaite, doit avoir quatre qualités : 1° être interne ; 2° surnaturelle ; 3° souveraine ; 4° universelle.

La contrition doit être interne.

Elle ne serait

pas véritable si elle se trouvait seulement sur les lèvres, ou simplement se manifestait par des signes extérieurs. Elle doit aflecler surtout l’esprit et le cœur, suivant le mot du prophète Joël, ii, 13 : Scindite corda vestra, et non vestimenta vestra. C’est pour cela que le concile de Trente, sess. XIV, c. iv, appelle la contrition une douleur de l’âme, animi dolor, et ajoute qu’elle doit exclure la volonté de pécher : voluntatem peccandi excludat.

La contrition doit être surnaturelle.

Conçue

sous l’inspiration de la grâce divine, elle ne peut avoir des motifs différents de ceux qui, en quelque façon, se rapportent à Dieu, comme le serait, par exemple, la laideur morale du péché, en tant qu’elle est opposée à la beauté surnaturelle de l’essence divine. Concile de Trente, sess. XIV, c. IV. Regretter le péché pour un motif humain, comme serait, par exemple, la crainte de l’infamie et du déshonneur, ne peut en rien servir à la justification. La proposition contraire fut condamnée par Innocent XI, dans son décret du 2 mars 1679, prop. 57 : Probabile est sufficere attritionem naturalem modo honestam. Denzinger, Enchiridion, n. 1074. Les motifs salutaires sont : 1. la crainte de l’enfer ; 2. le désir du ciel ; 3. la laideur morale du péché ; 4. la bonté de Dieu. Le troisième motif est d’un ordre plus élevé que les deux premiers, et, dans bien des cas, il se ramène au quatrième qui est le meilleur. En effet, haïr le péché parce qu’il est en opposition avec la perfection infinie de Dieu, si digne d’être aimé, c’est très souvent faire un acte de charité, et, par suite, de contrition parfaite. Cf. Ferraris, Prompta bibliotheca, ° Pœnitentia, a. 2, n. 12-16, t. vil, p. 187 ; Lehmkuhl, Theologia moralis, part. II, 1, I, tr. V, sect. ii, c. i, § 2, n. 286-288, t. ii, p. 214-216.

La contrition doit être souveraine.

Le pécheur

doit détester le péché plus que tout autre mal, et se trouver dans la disposition de tout subir plutôt que de commettre un péché. Il n’est pas nécessaire pour cela de se représenter successivement les maux les plus terribles qui puissent arriver, comme, par exemple, les maladies les plus douloureuses, la mort, le martyre le plus effroyable, etc., et de se dire : « Je préférerais supporter tout cela, plutôt que de me rendre coupable d’un seul péché. » Les comparaisons de ce genre seraient le plus souvent très dangereuses, car elles frapperaient

l’imagination et exciteraient la sensibilité plus qu’elles

ne toucheraient l’intelligence. En outre, la grâce divine sans laquelle de pareils tourments ne sauraient être supportés, peut être espérée dans les cas où l’on serait réellement soumis à cette redoutable épreuve, mais non toutes les fois que, par un caprice de l’imagination surexcitée, on s’expose soi-même à cette tentation. Cf. S. Thomas, Quodlibet, I, a. 9 ; Suarez, De pœriitentia, disp. VI, sect. il, n. 15, t. xix, p. 55 ; De Lugo, De pœnitentia, disp. V, sect. vii, n. 84-87, t. vi, p. '6> ; S. Alphonse, Theologia moralis, 1. VI, tr. IV, c. i, dub. ii, n. 443, t. v, p. 358 ; Paimieri, Opus theohigic. morale, tr. X, sect. v, De sacram. pœnitent., c. I, dub. ii, n. 110-118, t. v, p. 60-62 ; Lehrnkuhl, Theologia moralis, part. II, 1. I, tr. V, sect. H, c. I, j 2, n. 283285, t. ii, p. 312-314.

La contrition doit être universelle.

Il faut

qu’elle s’étende à tous les péchés mortels, soit par un motif universel de détestation qui atteigne tous les péchés, soit par plusieurs motifs particuliers qui, pris ensemble, atteignent tous les péchés mortels commis, même ceux auxquels le pécheur ne songerait pas à ce moment. La raison en est que nul péché mortel actuel ne peut être pardonné sans repentir, et que, de plus, nul péché mortel ne peut être remis sans que les autres le soient également, puisque cette rémission se fait par l’infusion de la grâce sanctifiante qui ne saurait exister dans une âme, en même temps que le péché mortel.

Bien que la contrition doive affecter tous les péchés mortels commis, il n’est pas nécessaire de faire un acte de contrition pour chaque péché en particulier ; mais il suffit d’un acte pour tous les péchés, même oubliés, considérés dans leur ensemble. Cf. Catechism. roman., De pœnitentia, c. vi, § 2 ; S. Thomas, De veritate, q. xxix, a. 5, ad 4um ; In 1 V Sent., dist. XVII, q. ii, a. 3, q. v, a. 2 ; Suarez, disp. IV, sect. VIII, n. 1-S, t. xix, p. 58 ; Cajetan, In 7 am Il x, q. cxiii, a. 5 ; lu Il ii, q. lxxvii ; Layman, Theologia moralis, 1. V, tr. VI, c. iv, n. 3, t. ii, p. 307 ; Lacroix, Tlieologia moralis, 1. VI. part. II, tr. IV, c. i. n. 737, t. ii, p. 254 ; S. Alphonse, Theologia moralis, 1. VI, tr. IV, c. i, dub. ii, n. 438, t. v, p. 339-343.

Pour la rémission des péchés véniels, il n’est pus nécessaire que la contrition soit universelle, puisqu’ils peuvent être remis, l’un sans l’autre, leur présence n’empêchant pas l’infusion et la permanence de la grâce sanctifiante. Cf. Suarez. De pœnitentia, disp. XX, sect. vi, n. 7, t. xix, p. 239 ; De Lugo, De pœnitentia, disp. XIV, n. 118, t. vi, p. 160 ; Salmanticenses, Cursus theolog. moralis, tr. VI, De sacram. pœnitent., c. v, p. iii, n. 37 sq., t. i, p. 235.

Plusieurs auteurs vont même plus loin. Ainsi, selon De Lugo, disp. XIV, sect. ix. n. 133, t. VI, p. 163 ; Tamburini, De met/iod. confess., 1. I, c. ni, n. 9-10, t. ii, p. 375, la contrition serait suffisante, dans le cas où quelqu’un se repentirait de la multitude de ses péchés véniels, ou de leur fréquence, sans que ce repentir portât sur l’un ou l’autre de ces péchés véni en particulier. De même que quelqu’un, ajoutent-ils. peut se repentir du trop grand nombre de distractions dans la prière, ou de l’excès dans le boire et le manger, sans arrêter sa pensée sur quelque point déterminé, ainsi peut-il le faire de la multitude de ses péchés véniels. Saint Thomas semble incliner vers ce sentiment. Sum. theol., IIl a, q. lxxxvii, a. 1. ad 2°" 1. Mais celle opinion ne se distingue pas cependant beaucoup de l’opinion commune, et s’y ramené assez facilement, car il est impossible de se repentir de la multitude de ses péchés véniels, sans se repentir au moins des derniers péchés véniels qui complètent cette multitude. Cette circonstance de l’excès ne peut pratiquement être considérée, abstraction faite des actes individuels qui