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CONSUBSTANT1EL — CONTEMPLATION

un seul. Pareillement, si le l’ère est tout-puissant, s’il est Dieu, le Fils, l’Esprit-Saint le sont semblablement, sans qu’il y ait trois tout-puissants, sans qu’il y ait trois Dieux, mais bien un seul et même Dieu.

Si donc il y a réelle distinction des personnes, elle a son origine, non dans la substance qui est commune, mais dans le caractère de chaque personne et les relations qui les opposent l’une à l’autre dans la possession indivise, inséparable de cette commune nature. La substance du Père est celle du Fils et de l’Esprit-Saint, mais, en lui, elle n’est ni faite ni créée, ni engendrée. Elle est et elle engendre, et avec le Fils elle est un même principe actif de procession pour la troisième personne. Pater, le Père, c’est-à-dire l’essence divine par laquelle et en laquelle il est Dieu et Père, Pater a nullo est factus, nec creatus, nec genitus. La substance du Fils est celle même du Père et de l’Esprit-Saint ; mais si, en lui, elle n’est ni faite, ni créée, elle est engendrée, et elle est avec le Père un même principe actif de procession pour la troisième personne. Filius, le Fils, c’est-à-dire l’essence divine par laquelle et en laquelle il est Dieu et Fils éternellement engendré, Filius a Pâtre solo est, non factus, nec creatus, sed genitus. La substance de l’Esprit-Saint est celle même du Père et du Fils. Mais si, en lui, elle n’est ni faite, ni créée, ni engendrée, elle procède du Père et du Fils comme d’un même principe dans lequel et avec lequel il entre en communion de la divinité. Spiritus Sanctus, l’Esprit-Saint, c’est-à-dire l’essence divine par laquelle et en laquelle il est Dieu et éternellement procédant du Père et du Fils comme d’un principe unique, Spiritus Sanctus a Paire et Filio, non factus, nec creatus, nec genitus, sed procedens. Et ainsi n’y a-t-il qu’un seul Père, un seul Fils, un seul Esprit-Saint.

En dehors de ces caractères personnels, tout est commun comme l’essence divine elle-même, et la première partie du sublime symbole athanasien s’achève dans une nouvelle affirmation de la consubstantialité : Et in hac Trinitate nihil prius aut posterius, nihil majus aut minus sed tot.e très personne co.etern.e SIBI sunt et co.equales, ila ut per omnia, sicut jam supra dictuni est, et unitas in Trinitate, et Trinitas in unitate veneranda sit. Dans les trois personnes, aucune différence de durée ou de perfection : toutes trois sont coéternelles, elles sont parfaitement égales dans l’indivisible unité de leur substance commune.

Pour le mot consubstantiel et sa signification dogmatique, voir : 1° les articles : Arianisme et son abondante bibliographie ; Esprit-Saint ; Essence ; Hypostase ; Jésus-Christ ; Macédoniens ; Personne ; Substance ; Trinité ; 2° les Pères dont les noms et les œuvres sont cités au cours du présent article, et principalement saint Athanase, P. G., t. xxv-xxviii ; 3° Suicer, Thésaurus ecclesiasticus, v’(Vooûvioç, Amsterdam, 1728, t. ir, col. 480-488 ; 4° les historiens des conciles et des dogmes : Hefele, Hisluiredes conciles, traduction Leclercq, Paris, 1907, t. i-iii ; Th. de Régnon, Etudes de théologie positive sur la sainte Trinité, Paris, 1898, t. i, p. 71-82, 200-217 ; t. ii, p. 6-24, et passim ; J. Tunnel, Histoire de la théologie positive, Paris, 1904, p. 65-71, 207-210 ; J. Schwane, Histoire des dogmes, trad. Belet et Degert, Paris, 1903, t. i, n. passim, et surtout t. I, p. 196-199, 212-214 ; t. ii, p. 134-174, 256-288 ; J. Tixeront, Histoire des dogmes, I. La théologie, anténicéenne, Paris, 1906, p. 286, 409, 425, 432 ; 5° les théologiens, soit à propos de l’unité divine, dans les traités De Deo uno ; soit à propos de la génération du Fils ou de la procession du Saint-Esprit, dans les traités De Deo trino ; soit à propos de la divinité du Verbe incarné, dans les traités De Ye> bo incarnato, et principalement Franzelin, De Deo trino, th. viii-x, Rome, 1874, p. 118-167.

H. Quilliet.


CONTARINI Gaspard, diplomate et cardinal, né à Venise le 16 octobre 1483, mort le 24 août 1542. Après avoir été un des disciples les plus zélés de l’enseignement que Pomponace donnait à Padoue, Contarini fut chargé de diverses missions diplomatiques. Il dut en 1527 négocier la liberté de Clément VII, prisonnier de l’empereur Charles-Quint. Pour le récompenser de ses services, Paul III, le 21 mai 1535, le nomma cardinal. Alors il entra dans les ordres et reçut la prêtrise. Contarini fut un des neuf membres de la commission nommée par le pape pour examiner les réformes à apporter dans le gouvernement de l’Église. En 1540, il parut comme légat à la diète de Ratisbonne où devait être tentée une conciliation entre les catholiques et les protestants. De retour à Rome, Contarini eut à se justifier du rôle qu’il avait tenu dans cette assemblée et le pape le nomma cardinal-légat à Bologne, mais il mourut quelques mois plus tard. Ses Œuvres d’un latin fort élégant ont été réunies en un in-fol., publié à Paris en 1571. On y remarque les traités suivants : De immortalitate animi ; De sacramentis christianæ legis et catholicæ Ecclesiæ libri IV ; De officio episcopi libri II ; De potestate pontificis ; De libero arbitrio ; De prædestinatione ; De justificatione ; Scholia in Epist. D. Pauli et Jabobi ; Summa conciliorum magis illustrium ; Confutatio articulorum seu quæstionum Lutheri ; Explanatio in psalmum Ad te levavi, et enfin ses Epistolæ et relationes, fort importants pour l’histoire de son époque.

L. Boccatelli, Vita del card. G. Contarini, in-4°, Brescia, 1746 ; G. Tiraboschi, Storia della letteratura italiana, in-8°, 1824, t. vii, p. 443 ; Fr. Dittrich, Regesten und Briefe des card. G. Contarini, in-8° Braunsberg, 1881 ; Id., Gasparo Contarini, ibid., 1885 ; W. Braun, Kardinal Gasparo Contarini oder der « Reformkatholizismus » unserer Tage im Lichte der Geschichte, in-8°, Leipzig, 1903 (on y discute la doctrine de Contarini sur la justification) ; Kirchenlexikon, t. iii, col. 1038.

B. Heurtebize.


CONTELORIO Félix, théologien italien, né à Spolète, mort à Rome le 28 septembre 1652. Il fut docteur en théologie et préfet de la Bibliothèque vaticane (1626-1630). Il est auteur d’un traité De canonizatione sanctorum, in-4°, Lyon, 1609, 1634. On lui attribue en outre divers Discours sur la Divinité, sur la Trinité et sur l’Ascension de N.-S., Rome, 1614, 1616 ; un Catalogue des cardinaux depuis l’an 1294 jusqu’en 1430 ; une réponse à la question : Si un clerc peut être tiré d’un lieu sacré dans le cas où on ne peut en tirer un laïque.

Dupin, Table des auteurs ecclésiastiques du xviie siècle, in-8°, Paris, 1704, col. 1691 ; Hurter, t. i, p. 489.

B. Heurtebize.


CONTEMPLATION. — I. De la contemplation en général. II. Division de la contemplation. III. De la contemplation acquise. IV. De la contemplation infuse ou mystique.

I. De la contemplation en général.

1° Il n’est pas rare de rencontrer, dans certains livres de spiritualité, un parallèle établi entre la contemplation et l’action, et certaines règles concernant les proportions dans lesquelles doit s’opérer l’alliance de ces deux choses en apparence opposées. En résumé, ce que l’on veut alors, c’est mettre la prière, quelle que soit sa forme, en regard des actions extérieures, et indiquer la mesure dans laquelle la vie d’oraison doit s’allier a la vie active. Il est à peine besoin de dire que ce n’est nullement la contemplation entendue dans ce sens très particulier que nous nous proposons d’étudier. Nous n’avons pas davantage en vue le genre de méditation que saint Ignace appelle dans ses Exercices du nom de « contemplation » . La simple considération du lieu, du temps et des autres circonstances dans lesquelles s’opère le mystère médité, n’a rien de commun avec l’acte contemplatif, tel qu’on l’entend au sens strict dans le langage de l’ascétisme et de la mystique. C’est cet acte seul qui doit retenir notre attention.

Saint Thomas a excellemment défini la contemplation : une vue si>ni>le de la vérité. Suni. tlteol., IIa-IIæ, q. clxxx. a. 3, ad l um. Dans la pensée du grand docteur, il s’agit ici d’une intuition semblable à celle qui nous