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VOLTAIRE ET LE C H R ISTfA N ISME


sur une apparition du Christ — « il n’y eut jamais de légende plus fanatique, plus digne d’horreur et de mépris que celle-là » — mais « par fureur de domination, se joignit à la secte 'naissante ». Tous cependant n'étaient encore que des Juifs. Examen, c.xii, De l'établissement de la secte chrétienne et particulièrement de Paul ; Dictionnaire, art. Paul.

c. Le christianisme a pris consistance et forme sous l’action de forces naturelles, dont certaines réprouvées par la conscience morale. — Doctrinalement. Voltaire, contre Huet, Houteville, … accepte la thèse de l’origine platonicienne du dogme chrétien, de la Trinité en particulier, par l’intermédiaire des Juifs d’Alexandrie, principalement de Philon : « La philosophie de Platon, dit-il, fit le christianisme. » Établissement du christianisme, c. ix, Des Juifs d' Alexandrie et du Verbe. Socialement. Le christianisme se propage et s’organise sous l’action de faux documents, dont les évangiles, qui rendent les premiers chrétiens, quoi qu’en disent « Grotius, Abbadie, Houteville, … imposteurs et superstitieux, … donc méprisables » (Questions sur les miracles. Première lettre, et Examen, c. xx, Des principales impostures des premiers chrétiens), sous l’action aussi de la croyance à la fin du monde toute prochaine, Établissement du christianisme, c. x, et de cinq autres causes principales : l’attrait de la liberté des élus de Dieu, qui donnait aux chrétiens une mentalité de rebelles ; la puissance de l’or : exclus des charges publiques qui exigeaient que l’on sacrifiât aux dieux, les chrétiens s’adonnaient au négoce » ; la paix dont ils jouirent tant qu’ils ne troublaient pas l’ordre public ; la conscience de leur système doctrinal ; enfin l’abolition des sacrifices, choses rebutantes et prêtant à des abus sacerdotaux, pour des pratiques religieuses fraternelles. Ibid., c. xiii, Des progrès de l’association chrétienne. Il ajoute, Épitre aux Romains, loc. cit., p. 93, les déclamations contre les riches et la communauté des biens. Dans la suite les empereurs assureront le triomphe du christianisme. Essai sur les mœurs, c. viii, ix, x.

2. Vanité des soi-disant motifs de crédibilité. Si une religion est divine, dit Mestier, il faut qu’elle puisse « le faire voir par des preuves claires ». Or, le christianisme « n’est qu’une source fatale de divisions parmi les hommes ». Sentiments, c. i. Puisque ces preuves ne réalisent pas l’unité autour d’elles, elles sont vaines : « Nos christicoles, continue Mestier, prétendent cependant que ce serait « une témérité et une folie de ne pas vouloir se rendre » à leurs motifs de. crédibilité et ils en invoquent quatre : les prophéties, la sainteté de la morale chrétienne, le témoignage des saints martyrs et surtout les miracles. » Ibid.

Un fait, a d’abord posé Mestier, annule ces preuves : c’est que toutes les religions les invoquent. H les examine néanmoins.

a) Les miracles irrecevables. — Des choses comme les miracles, » improbables.. puisque « la nature s’y dément ». ne peuvent être acceptes, surtout lorsque « le salut du genre humain » est en question, que sur d’irrécusables témoignages. Questions sur les miracles. Deuxième lettre, p. 375. Or » il y aurait plus de raisons de croire aux miracles d’Apollonius racontés par Philostrate », un homme cultivé, écrivant pour une impératrice non moins cultivée, qu’aux miracles de .Jésus, racontés par des ignorants, gens de la lie du peuple ». Sentiments dr Mestirr. lor. cit. ; cf. Questions sur 1rs miracles, lor. rit. et Lettre première. Certains

d’ailleurs sont si Invraisemblables ceux <iu tiyuier desséché, des deux mille cochons qu’on a du en faire les symbole ! de quelque vérité morale. Questions sur les miracles. Lettre première, p. 363 : Des miracles typiques. Les miracles des apôtres n’ont pas plus d’authenticité ; comme ceux de l'évangile, ils parais

sent inutiles : l’humanité n'étant pas devenue meilleure par le christianisme, et quelques-uns révoltent la raison et parfois, comme celui d’Ananie et de Saphire, la conscience morale. Ibid., Des miracles des apôtres. Enfin les miracles postérieurs sont « des balivernes », des fables inventées, à l’imitation des anciens. Mestier, c. n et iii, Conformité des anciens et des nouveaux miracles. On a d’ailleurs une idée de ce qu’ils sont par les miracles des convulsionnaires, Siècle de Louis XIV, loc. cit., ou des prophètes des Cévennes. Dieu et les hommes, c. xxxvi, Fraudes innombrables.

b) Les prophéties du Nouveau-Testament, « imposture et bêtise du fanatisme », comme ceux de l’Ancien. Examen important, c. xvi, Des fausses prédictions. Elles ne se sont pas réalisées, témoin la prophétie de la fin du monde, ibid. et c. xvii, De la fin du monde, la promesse que la foi transportera les montagnes, Sentiments de Mestier, c. v, § ii, Du Nouveau Testament. Cf. Questions sur les miracles, 12e lettre, l’expérience de la comtesse, loc. cit., p. 415-416.

Quant à la concordance entre les prophéties de l’Ancien Testament et la personne de Jésus-Christ, qui fait dire à Pascal : « La plus grande des preuves de Jésus-Christ sont les prophéties », fr. 706, Voltaire ne l’accepte pas. Ou les prophéties en question sont des faux inventés tout exprès, Examen important, c. xvi, Des fausses citations dans les évangiles ; — ou on les détourne de leur sens : il s’en prend spécialement à la prophétie d’Isaïe sur la Vierge qui enfante, comme l’avait fait déjà Collins, op. cit., p. 40 sq. ; cf. Dictionnaire, art. Prophéties, sect. m ; — ou bien on leur prête, avec ce Pascal qui voit dans tout l’Ancien Testament « deux sens », fr. 678, un littéral et charnel et un spirituel qui concerne le Messie, « un sens caché », fr. 571. Déjà, dans la 25e des Lettres philosophiques, Rem. xii et xvi, toc. cit., t. ii, p. 197-198, 200-201, Voltaire s'était élevé contre cette théorie. « Celui qui donne deux sens à ses paroles veut tromper les hommes ». Et cela est indigne de Dieu. Ibid., p. 200. Cf. Sentiments de Mestier, c. v, § n déjà cité ; Examen, c. xviii. Des allégories.

c) La sainteté de sa morale ? « Leur morale (des christicoles), dit Mestier, elle est la même au fond que dans toutes les religions, mais des dogmes cruels en sont nés et ont enseigné la persécution et le trouble. » Sentiments, c. vi. Les erreurs de la morale. Pour Vol taire, Jésus a enseigné la morale universelle ; il a dit : « Aimez Dieu et votre prochain. » Dictionnaire, art. Morale. Mais autre est la morale des chrétiens. Ils l’ont rendue dépendante de leurs dogmes — d’où ils ont conclu : « Les chrétiens ont une morale, les païens n’en avaient pas. » Lebeau, Histoire du Bas Empire, cité par Voltaire, ibid. Voltaire répond que la morale est séparée « des superstitions » et que les païens comme Socrate et autres ont pratiqué la morale éter nelle, la seule vraie. Les chrétiens ont abouti à l’intolérance qui a rendu le christianisme anti-social. Cf. Dieu et les hommes, c. XXII, De Jésus et des crimes commis en son nom : Dialogue entre un prêtre et un ministre protestant (xxiv. 134). « Jésus n’est pas chrétien. Dieu cl les hommes, c. xxxill. De la morale de Jésus. Ainsi se sont introduits dans sa morale des préceptes qui la corrompent, l’opposent à l’amour du prochain. ibid., et Diner de linulainvillicrs. I" entretien, cou (luisent au fanatisme ou à l’absurdité, ibid., 2 r entretien, et avilissant l’Ame font mourir les corps de faim ». Dieu et les hommes, lor. cil. « La silreté du pardon » par la confession « aplanit d’ailleurs toutes les voies de l’iniquité ». Dtner de Boulalnvilliers,

ntretlen.

d) l.e témoignage des martyre. ».le ne crois que les

histoires dont les témoins se feraient égorger ». a