Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/947

Cette page n’a pas encore été corrigée
3423
3424
VOLTAIHK. PRINCIPALES ŒUVRES


phéties, la sainteté de sa doctrine et le témoignage des martyrs sont sans valeur. P. 299. D’abord, toutes les religions invoquent des preuves équivalentes. P. 300. Ensuite : a) Pour les miracles. Les témoignages qui les affirment sont dépourvus d’authenticité. Ceux qui les racontent les ont-ils vus de leurs yeux ? S’ils les ont vus, étaient-ils gens de probité, de critique, éclairés, sans préjugés ? Les miracles de Moïse sont suspects, parce que, élevé dans la sagesse des Égyptiens, où entraient astrologie et magie, il ne lui fut pas difficile d’en faire croire à une troupe « de voleurs et de bandits ». Ceux de Jésus-Christ le sont également, vu les intentions apologétiques de ses historiens, et parce que, si Jésus avait produit ces miracles, il n’eût pas été considéré comme un homme de néant. L’histoire de l’Ancien et du Nouveau Testament montre ces livres altérés dans la suite des temps. D’autre part, ils sont indignes de Dieu. « Aucune pensée sublime », p. 305 ; des fables, des choses ordinaires ; les fameux prophètes « ressemblent beaucoup plus à des visionnaires et à des fanatiques qu'à des personnages sages et éclairés ». P. 306. S’il y a quelques belles maximes dans les livres de Salomon, leur auteur est incrédule, ibid. « Les fables d'Ésope sont plus ingénieuses que les paraboles. » P. 307. Les contradictions dont fourmillent les évangiles et la distinction arbitraire entre évangiles apocryphes et évangiles canoniques leur enlèvent toute valeur. Enfin les miracles de l’Ancien Testament sont indignes de Dieu, puisqu’ils supposent en Dieu une odieuse acception de personnes et « plus de soin du moindre bien des hommes que de leur plus grand ». P. 313-314. Et ceux de l'Évangile ne sont que des balivernes imitées du merveilleux païen. P. 315-318. — b) Faire état des prophéties, on ne le peut. Les prophètes de l’Ancien Testament furent des visionnaires ou des imposteurs. Impossible qu’ils viennent de Dieu, avec leurs extravagances, leurs querelles, leur langage : « ils font parler Dieu d’une manière dont un crocheteur n’oserait parler », p. 325 ; ajouter le démenti apporté par les faits à leurs prédictions touchant le peuple juif. P. 323. Les prophéties du Nouveau Testament n’ont pas été mieux réalisées. P. 325 sq. Pour établir une concordance entre les prophéties et la vie de Jésus-Christ, les christicoles parlent d’un sens allégorique, mais ce n’est « qu’un sens étranger, un subterfuge ». P. 329. — c) La doctrine. Le dogme de la Trinité n’est que contradiction : un seul Dieu, trois personnes, ne dépendant pas l’une de l’autre et la première engendrant les deux autres. P. 330-332. Le culte de Jésus-Christ : idolâtrie. Les païens n’auraient-ils pu dire que leurs dieux s'étaient incarnés ? Du moins, ils n’auraient pas divinisé des hommes de néant, p. 333-334, et des dieux de pierre valaient bien « des dieux de pâte et de farine ». P. 335. Ce dogme est « le comble de l’absurdité ». P. 336. La morale des christicoles « est la même au fond que dans toutes les religions », mais leur fanatisme a fait verser le sang des multitudes et rendu stérile une partie de l’humanité. P. 336. Que Dieu « si outragé par cette secte », ibid., nous rappelle à la religion naturelle à laquelle il nous a appelés en nous donnant la raison ». Ibid. C’est la première fois que Voltaire expose de telles idées dans leur ensemble. À partir de là elles seront son thème habituel. Le Testament fut mis à l’Index, le 8 juillet 1765. Sylvain Maréchal, « l’homme-sansDieu », publiera en 1789 le Catéchisme du curé Mestier. Cf. C.-A. Fusil, Sylvain Maréchal ou l’homme-sansDieu, in-16, Paris, 1936.

16° Le sermon des cinquante, in-8°, s. I. (Genève), 1749 (1762) (xxiv, 437). — Attribué à Dumarsais, à La Mettrie (op. cit., 437, n. 1) et par Voltaire dans ses Instructions à Antoine-Jacques Roustan (xxvii, 117 123 ; voir p. 119) à Frédéric II. Ce Sermon, qui fait partie de l' Évangile de la raison et du Recueil nécessaire, « dispenserait à la rigueur de lire les autres satires de Voltaire. C’est un concentré de tous les déistes anglais ». A. Monod, op. cit., p. 429.

Après une prière à Dieu « pour qu’il écarte de nous toute croyance infâme », p. 437, le Sermon pose ces principes. 1. La religion, « voix secrète de Dieu », doit unir les hommes et non les diviser. « Les points dans lesquels ils diffèrent sont de toute évidence les étendards du mensonge. » Or, c’est dans le seul théisme que s’accordent les peuples. 2. « La religion doit être conforme à la morale et universelle comme elle. Toute religion dont les dogmes offensent la morale est certainement fausse. » P. 438-439. L’Ancien Testament « avec tous ses traits contre la pureté, la charité, la bonne foi, la justice et la raison universelle, …ce tissu de meurtres, d’assassinats, d’incestes commis au nom de Dieu » ne peut donc venir de Dieu. C’est là le premier point. P. 439-444. Second point. Comment croire d’ailleurs « cette affreuse histoire sur les témoignages misérables qui nous en restent ? » P. 444. La Genèse, qui n’est pas de Moïse, n’offre qu’invraisemblance, les miracles de Moïse ne dépassent pas la magie égyptienne, « sauf sur l’article des poux ». P. 447. Les autres livres sont pleins d’extravagances. « Jamais le sens commun ne fut attaqué avec autant d’indécence et de fureur. » Ibid. Et quels fondements pour une religion que les prophéties, le Virgo concipiel d’Isaïe, les dires et gestes figuratifs d'Ézéchiell P. 447448. Troisième point : « Le Nouveau Testament est la digne suite de l’Ancien » et la religion chrétienne celle du peuple juif d’où elle est sortie. P. 449. Son fondateur est de la lie du peuple. Les évangiles s’efforcent de le grandir, mais, postérieurs à la ruine de Jérusalem, se contredisant, remplis « d’inepties », p. 450, ils ne méritent aucune créance. Sa secte lui survit, s’amalgame « je ne sais quelle métaphysique de Platon », p. 451, et le voilà le Logos ! On falsifie et, au bout de trois cents ans, le voilà dieu et « ses sectateurs poussent l’extravagance jusqu'à mettre ce dieu dans un morceau de pâte. » P. 452. Et l'Église répand sur le monde les superstitions, le fanatisme, les crimes et les massacres. Ibid. Il faut libérer les peuples : « les hommes seront plus gens de bien, en étant moins superstitieux ». P. 453. — Le Sermon fut mis à l’Index, le 8 juillet 1765. Voltaire ne pardonna pas à Rousseau, on l’a vii, de le lui avoir attribué dans ses Lettres de la montagne.

17° Le catéchisme de l’honnête homme ou dialogue entre un caloyer (basilien) et un homme de bien, traduit du grec vulgaire par D. J. J. R. C. D. C. D. G. (dom J.-J. Rousseau ci-devant citoyen de Genève), in-12, Paris, 1764 (1763) (xxiv, 523). — Voltaire tenait beaucoup à ce qu’il y eût un exposé critique populaire des croyances révélées en face de la religion naturelle. Lettre à Helvétius, 4 octobre 1763 (xliii, 5).

L’honnête homme, qui « lit dans le grand livre de la nature », p. 524, et « dans sa conscience », p. 530, la religion « qui convient à tous les hommes, ibid…, l’adoration d’un Dieu, la justice, l’amour du prochain, l’indulgence pour toutes les erreurs et la bienfaisance dans toutes les occasions de la vie », ibid., fait d’abord la critique de l’Ancien Testament : « il a de la peine à concevoir ce que ce Testament rapporte », faits, doctrine morale, prophétie, p. 523. Pourquoi d’ailleurs, si elle venait de Dieu, les chrétiens auraient-ils abandonné la loi juive ? p. 528. Puis la critique du Nouveau. Il ne peut être d’un Dieu venu sur terre pour tirer les hommes de l’erreur et du péché, puisque les hommes s’anathématisent au sujet de son interprétation. P. 528-529. D’ailleurs les données de ce livre se contredisent. « Je n’y vois pas que le Christ soit Dieu,