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VIRGILE DE SALZB0UKG — VISCH (CHARLES DE)


cet incident, d’une affaire Galilée en miniature. Au fait, il s’agit bien, en effet, d’un problème analogue, encore qu’à une échelle beaucoup plus réduite. Il est donc indiqué d’appliquer au cas du viiie siècle ce qui a été dit de celui du xvie.

II y a une Vita de Virgile rédigée en 1182, au moment de l’invention de son corps, texte dans Mon. Germ. hist., Scriptores, t. xi, p. 86-95 ; mais elle ne fait guère que reprendre les expressions du Libellus de conuersione Bagoariorum et Caranlenorum, ibid., p. 4 sq., qui est de beaucoup antérieur ; nulle mention dans la Vita de la rivalité avec Boniface ; Alcuin a une épitaphe louangeuse sur le compte de Virgile, Carmina, n. 130, P. L., t. ci, col. 759. La Vita Rodberti, qui serait de la plume de Virgile, a été publiée par F. M. Meyer, dans Archiv fur œsterreich. Gesch., t. lxiii, p. 606-608 ; cf. Ratzinger, dans Hisl.pol. Blàtter, t. cix, 1892, p. 565-584, 660-675.

Le curriculum vilee de Virgile est bien établi par B. Krusch, dans Mon. Germ. hist., Script, rer. merov., t. VI, p. 517-520 ; voir aussi A. Hauck, Kirchengesehichte Deutschlands, 2’éd., t. i, p. 568-570 ; t. ii, p. 422.

Sur la question des Antipodes, cf. Krabbo, Bischof Virgil von Salzburg und seine kosmologischen Ideen, dans Mitteilungen des Instituts fur œsterr. Gesehichtsforschung, t. xxiv, 1903, p. 1-28 ; Neues Archiv, t. XLIII, 1912, p. 463 sq. Voir aussi Bullet. de l’Acad. roy. de Belgique, classe des Lettres, 1914, p. 163-187.

É. Amann.


VIRTUEL, VIRTUELLEMENT. Le Vocabulaire philosophique de Lalande donne au mot « virtuel » deux sens : le sens faible, qui indique ce qui est simplement en puissance et non en acte ; le sens fort, exprimant « ce qui est déjà prédéterminé, quoique cela n’apparaisse pas au dehors, et qui contient toutes les conditions essentielles à son actuation ». a Toute l’arithmétique et toute la géométrie sont innées et sont en nous d’une manière virtuelle », écrit Leibniz, Nouveaux Essais, 1 re part., c. i, § 5. « Virtuellement a souvent ce sens, même dans la langue usuelle. » Vocabulaire, t. ii, p. 962. C’est ainsi que Goblot distingue les jugements virtuels, auxquels rien ne manque de leurs éléments constitutifs, sinon l’affirmation de la croyance, des jugements actuels. Logique, c. ii, p. 50.

Dans le langage théologique, virtuel, virtuellement sont employés pour indiquer l’influence qui s’exerce réellement sur un effet quoique d’une manière qui n’est pas actuelle et immédiate. Avec des nuances diverses, on retrouve cette notion générale dans les cinq cas suivants, dont les trois premiers relèvent plus spécialement de la théologie.

Vérité virtuellement révélée.

Une telle vérité est la conclusion théologique au sens le plus strict du mot, c’est-à-dire la proposition certaine déduite d’une vérité formellement révélée comme majeure (par là s’explique l’influence virtuelle de la révélation sur cette conclusion), par le moyen d’une mineure d’ordre purement rationnel. Elle se distingue ainsi de la vérité révélée formellement d’une manière explicite ou implicite. Exemples de vérité virtuellement révélées : la science de vision dans l’âme du Christ ; la llxité des peines de l’enfer, etc. Voir EXPLICITE f.t IMPLICITE, t. V, col. 1869.

Intention virtuelle du ministre des sacrements.

C’est l’intention qui a été réellement posée et qui persévère encore sans toutefois que le ministre l’ait actuellement présente ; i l’esprit. Cette persévérance i it Indiquée par toutes les circonstance ! qui accompagnent la confection du sacrement. File se distingue de l’intention purement habituelle, suffisante dans le sujet. Intention qui a existé jadis, qui n’a jamais été rétractée, mail qui est si lointaine que, chez le ministre, on ne pourrait plus dire qu’elle influe sur la volonté de donner le sacrement. L’intention virtuelle et l’intention actuelle ont ceci de commun qu’elles déclenchent toutes deux le mouvement de la volonté ; mais elles diffèrent par la façon dont elles exercent leur influence. Dans l’intention actuelle, tout s’accomplit au moment de la décision ; dans l’intention virtuelle, la décision a précédé, mais elle persiste et s’exerce par une sorte d’automatisme psychologique. On ne saurait avoir constamment l’intention actuelle ; aussi l’intention virtuelle suffit dans l’administration des sacrements. Dans la Somme théologique, saint Thomas parle de l’intention virtuelle, bien qu’il emploie le mot « habituel », III a, q. lxiv. a. 8, ad 3um. Voir Intention, t. vii, col. 2268.

Présence virtuelle.

Calvin prétend d’une part que le corps et le sang du Christ sont réellement communiqués à la Cène ; mais, d’autre part, il affirme que la substance du corps et du sang du Sauveur ne nous est donnée que par la foi. Voir les textes à Calvinisme, t. ii, col. 1415-1417. Les calvinistes ont interprété ces affirmations en disant que recevoir la substance du corps de Jésus-Christ, c’est le recevoir, par sa vertu, par son efficace, par son mérite. Ibid. col. 1416. L’expression « présence virtuelle » est justifiée ici puisque la présence du corps, dans ce système, ne s’explique pas par une influence immédiate. Le concile de Trente a retenu cette expression pour la condamner, sess. xiii, can. 1, Denz.-Bannw., n. 883, encore qu’il ne soit-pas certain qu’il ait voulu atteindre spécialement Calvin ; cf. Eucharistie, t. iv, col. 1344.

Opération virtuellement transitive.

Cette expression est employée par la philosophie catholique pour exprimer la nature de l’opération divine par rapport à son effet extérieur, afin de maintenir la simplicité et l’immutabilité absolues de Dieu. L’opération ad extra est dite formellement immanente et virtuellement transitive, parce que, en tant qu’opération, elle s’identifie avec l’essence divine et parce que son terme extérieur est produit sans que sa production crée en Dieu une relation réelle de cause à effet. L’effet dépend de la cause, sans qu’il y ait sur lui une action directe et immédiate. Cf. S. Thomas, Cont. Cent., t. II, c. xiii.

Multiplicité virtuelle des puissances. Cette multiplicité virtuelle concerne le principe unique d’action qui préside à de multiples principes secondaires d’opération. Ainsi l’on peut dire d’un chef d’État qu’il est virtuellement partout où ses subordonnés agissent en son nom. En philosophie, l’expression s’applique plus spécialement à l’âme, principe formellement unique et simple, mais qui, par ses facultés diverses, s’affirme comme un principe d’activité multiple. Dans la question si discutée par la philosophie moderne de la distinction de l’Ame et de ses facultés, la solution moyenne, faisant des facultés de l’àme des virtualités différentes émanant d’un principe unique, semble la plus apte à résoudre les difficultés. Cf. S. Thomas, Sum. IheoL, I », q. lxxvi, passim. Voir ici Formellement, t. vi, col. 594.

A. Michel.


VISCH (Charles de), cistercien, né à Bulscamp, près de Furncs, vers 1596-1600, profès à l’abbaye des Dunes, à Bruges, en 1618, professeur de théologie à l’abbaye d’Ébiberach, près de Mayencc, en 1629, puis chapelain des moniales du Val Céleste, à Dixtnude, enfin prieur des Dunes, en 1616, mort le Il avril 1666 à l’abbaye des Dunes. Charles de Visch est l’auteur de la célèbre Bibliolheca scriptarum S. ordinis (Ustrrcirnsis, Douai, 1649, in- 4°. Cologne, 1656, in-4°.

Foppens, Bibliotheca belgiea, p. 164 ; AUganelnt driitschr Biographie, t. xi., p. I6j Paquot, Mémoire », i. iii, p. 382 ;

Hurler, Xtimrnrlalor, 3° éd., t. IV, col. 216-217 ; Moréri, Le gmmi dictionnaire hietorique, 1759, I. x. p, 663 ; Mi-