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VICTORINUS AFER. LA VIE CHRÉTIENNE


autres hommes rentre désormais dans la notion du Consubstantiel ». Col. 1076 B.

La communication des idiomes présente des inconvénients, car ce sont les hérétiques qui « disent que le Christ a été homme, il faut dire qu’il a été dans l’humanité », col. 1224 D, parce qu’il « n’est pas homo ab homine, Christus neque peccator, neque homo ». Col. 1043 CD. « Ainsi donc le Christ n’est pas solum homo, sed Deus in homine. Ce n’est pas lui qui a souffert, mais son humanité. » Col. 1048 I). « L’expression : Filins Dei redemit nos montre bien que c’est tout à fait le même, que ce qui est né de Marie n’est pas une créature, parce que le Fils de Dieu est lui-même dans le Fils né de Marie. » Adv. Arium, t. I, c. xxxv, col. 1068 A. Ainsi le monophysisme de notre auteur s’accommode d’un certain adoptianisme qu’il faut comprendre : « Car nous sommes fils par adoption, lui par nature, encore que le Christ aussi soit fils par une certaine adoption, mais selon la chair. Je t’ai engendré aujourd’hui, Ps., ii, 7 ; ce mot ne s’adresse qu’à l’homme qu’il a pour Fils », Adv. Arium, t. I, c. x, col. 1045 C. C’est que « l’adoption se fait par voie d’établissement, positione ». De gêner., c. xxx, col. 1035 C.

Rédemption.

L’affirmation ici n’a pas autant de netteté que de vigueur. Il y a des notes traditionnelles : « Il a acheté tout l’homme par sa passion et sa mort dans les douleurs de son corps », col. 1075 C ; « il a la volonté, et tout ce qu’il fait, il le fait par la volonté du Père », col. 1076 B ; cꝟ. 1209 B ; mais ces mérites et ces souffrances n’opèrent la rémission des péchés que parce que la victime est le Fils unique. Col. 1067. « Quel est donc l’amour de Dieu pour nous, qu’il a anéanti son Fils, pour qu’il nous rachetât par sa passion… qui est la mort de nos péchés… contre l’adversaire qui nous revendiquait. » Col. 1254 D-1255.

Le Christ s’est exposé à ma place, et m’a libéré des péchés per peccala in se punila ». Col. 1166 B. « Par le mystère de la croix, toutes les puissances ennemies du Christ ont été par lui vaincues… Par sa passion, il a été fidèle aux ordres du Père, et il les a observés, malgré qu’il en eût ». Col. 11Il A. On aura reconnu les théories du mérite, de la satisfaction pénale, des droits du démon.

Mais, bousculant ces aperçus fugitifs, Victorin développe la théorie mystique, chère aux Grecs, de la compréhension de tous les hommes par le Christ : « Quand il a pris la chair, il a pris toute la raison de chair, universalem X6yov carnis snmpsit ; et, à cause de cela, c’est la puissance de toute l’humanité qui a triomphé dans la chair, et il a sauvé toute chair : Omnis caro ad me veniet. Ps.. lxiv. 3 ; Is., xi., 5 : Luc, m, 0. et toute âme, Y ; /… xviii, 4. Assumptus ergo homo lotus et liberatus, non seulement un homme complet. mais l’humanité entière : en lui tout est universel, i Adv. Arium, I. III. c m. col. IfOO I). Cette vue bien platonicienne tient lieu de la substitution, » car, en suspendant la chair à la croix, c’est tout le monde qui a été crucifié per illum : voilà donc en cette chair toute la puissance du monde vaincue. Mais et c’est une manière « le satisfaction vicaire « puisque le Christ a eu un corps universel, Calholicum corpus ud omnem hominem, il a universalisé tout ce qu’il a fait ; et moi. charnel d’origine et de sentiments, j’ai été le monde livré au châtiment. Ad Gal., vi. i i, col. 1 196 D. La suite du raisonnement amène Victorin a conclure en principe au salut de tous les baptisés, précisément parce qu’il n’y a dans le Christ nullu rm. nullci discretio, lui. ni., col. 1197 A. Cf. S. Augustin. Enchiridiotl, c. i.xvii et CXII. Sur les fruits de la rédemption et la part de la miséricorde, col. 1213 C, 12 17 A. 1255 I !. 1204 B.

Le corps mystique.

Autant de conceptions diverses de ce corps du Christ qu’il y a de « descentes » du Verbe dans le monde. À la première descente, celle de la création : « Caput Christi, ex quo omne corpus. Col., ii, 19 : c’est le corps de tout l’univers, corps organisé, hiérarchique, quod ex Jesu omnia, el ideo ex Deo omnia. Mais ce corps insubstantié à Dieu et à son Image, ne leur est pas consubstantiel… » Adv. Arium, t. I, c. xxv-xxvi, col. 1059. Ce n’est pourtant là que le début de « la procession du Christ, premier universel, par qui tout émane et tout revient à Dieu », et ce n’est pas le vrai corps du Christ. Col. 1252 A.

Celui-ci, c’est l’Église, et il relève du « mouvement de l’incarnation : l’Église, ce sont tous les membres du Christ sanctifiés par la foi, toute âme qui s’est revêtue de ses mystères et a mis en lui son espérance ». Il y a là « des membres qui ont chacun leur fonction pour la sanctification du mystère et la foi chrétienne, et qui se rendent de mutuels services ». Col. 1277 B. « Mais ce corps du Christ, qui est corporalis substantiel, est aussi une réalité céleste et sa substance unit chez les fidèles l’âme à l’esprit. » Col. 1259 A. En d’autres termes, comme le Christ incarné est esprit, « les âmes devenues spirituelles constituent l’Église totale qui est le corps du Christ. Beaucoup d’auteurs disent que l’Église s’entend de toutes les âmes. Oui, en principe, puisque par Jésus-Christ, elles peuvent se libérer de leur qualité d’âme (purement humaine), connaître Dieu et vivre spirituellement. Ainsi, l’Église c’est bien toute âme, mais en tant qu’elle peut être sauvée : elle aura désormais sa substance, substantiam de œlernis per quam vigent omnia… ». Col. 1252 B. Mais, en fait, cette Église spirituelle, qui « rend concorporales, c’est-à-dire quasi cjusdem corporis avec le Christ, ce sont toutes les âmes saintes et libérées, unies au Christ par l’Esprit ». Col. 1264 A. En fait aussi, « tous les hommes ne sont pas du Christ ». Col. 1049 A. Une part de l’Église n’est pas encore céleste. Col. 1170 C.

L’union avec le Christ, « il ne faut pas l’entendre matériellement, comme si nous avions une part de la chair qu’il a prise dans sa vie terrestre : mais nous avons reçu toute sa divinité, qui est chose spirituelle, mens, spiritus, et aussi anima : tout cela nous l’avons, nous sommes dans la substance de l’Esprit : par la vertu divine, tout notre être est esprit dans le ciel ». Col. 1288 Cl). « Le Christ dans ce corps est l’esprit, et l’Église en est l’âme, le principe vital. Le Christ a dans ses membres l’Église, et l’Église a pour tête le Christ, les deux sont dans la même chair. » Col. 1289 B ; cf. col. 1259 AB. Sur la prédestination gratuite à la gloire, cf. col. 1238 C. 1239 B, 1241 D, 1215 C.


VIII. La vie chrétienne. « La perfection chrétienne est complète en trois points : la foi, la science, la charité. Les trois points sont dans l’ordre de valeur : la foi d’abord ; celui qui croit en vient à la science. Après la science, la charité du Christ qui fait accomplir ses préceptes ». Ad kphes., m. 19, col. 1209 C. Ainsi se trouve résumée « toute sagesse et prudence : connaître le Christ (par la foi), comprendre et voir Dieu (par la science), et faire les œuvres spirituelles » de la morale chrétienne. De ce programme, l’espérance n’est pas exclue, qui donne des clartés sur nos lins dernières, /oc. cil., col. 1250 I). et sur les récompenses éternelles, col. 12 18 C ; ni surtout la charité. » la première des vertus par ordre de valeur », qui nous at tache au Chris I par le désir et l’amour », col. 1269 I >. à Dieu et au prochain, et i contient tous les préceptes du Décalogue ». « La foi libère, la charité construit. Ce sont là les deux principaux correctifs de toute la vie. » ii Gal., . 6, col. 1190 A ; cf. col. 1192 AB. Christianisme OÙ la vie intérieure prime tout, comme chez saint Augustin, laissant peu île plaie au détail des préceptes ni à la pratique des sacrements.