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VICTORINUS AFER. LA SAINTE TRINITE


d’engendrer, comme l’a dit aussi Alexandre », évêque d’Alexandrie. Victorin lisait ce beau texte dans la lettré d’Arius, traduite par Candide à son intention ; mais il se retrouve dans Epist. ad Alex. Constantinop., P. G., t. xviii, col. 557. Adv. Arium, t. I, c. xxxiv, col. 1066 C. Voir pourtant t. I, c. xxiv, col. 1058 B, où il admet les deux vocables.

Disons, si l’on veut, que, « pour les deux dernières personnes, il y a une certaine naissance, naturel, qui les fait apparaître comme contenues dans l’Être (du Père), et d’une certaine façon comme sortant de lui, tout en conservant en elles-mêmes cette source première de leur être ». L. III, c. iv, col. 1102 A.

Mais la meilleure image qu’on puisse se faire de la procession divine, c’est celle d’une projection de lumière : « Hoc enim progressio est : l’un sort de l’autre, mais en y restant ; il subsiste par lui-même, et pourtant, il reste attaché à son principe tout comme l’éclat de la lumière a tout de la lumière. » Col. 1067 A ; cf. Enn., VI, viii, 18. La Trinité est comme trois lumières, qui se regardent, col. 1084 A, trois vraies lumières, col. 1082 D. Mieux encore, la procession ad inlra est comparable à la conception de l’intelligence, col. 1083 C, et à la décision de la volonté, non pas que cette procession soit libre, mais parce qu’elle vient de la détermination personnelle du Père : i Son a necessitate naturse, sed voluntate magnitudinis Patris : ipse enim seipsum circumlerminavil… Toute volonté est enfant. Ici c’est une volonté universelle, qui d’un coup a jailli de la personne du Père : voilà pourquoi c’est le Fils unique, non pas une parole en l’air, mais une puissance créatrice. » Col. 1064 ABC. Cf. Phébade d’Agen, Contra Arianos, P. L., t. xx, col. 28. À comparer surtout les conjectures de Plotin sur la vie intime de Dieu : l’Un se connaît et s’aime en quelque sorte, « quasi-connaissance et similiamour que Plotin n’a point entendu ériger en hypostases et qui ne sont donc aucunement une ébauche même lointaine, de la Trinité ». Arnou, Le désir de Dieu, p. 138, note 1. Victorin veut aller jusqu’à la Trinité.

c. Les relations. — La « procession » crée une distinction réelle entre ses deux termes : entre le terminus a quo, quod causa est, comme dit Victorin à la suite des anciens Docteurs, et le terminus ad quem, id quod ab altero ; in substantia vero nulta distanlia, nulla temporis discretio, nulla significatio. Col. 1118 B. Un rapport d’origine, c’est toute la signification » des noms de Père et de Fils : » ideirco Pater quod causa est…, loc. cil. : tout soupçon de priorité dans la durée, de supériorité dans la puissance ou la volonté, est pure fantaisie. Pourquoi cependant, en ces deux termes de même substance, l’un fait-il fonction d’envoyeur, l’autre d’envoyé ? l’un de commandant, l’autre d’exécutant ? Col. 1118 C. Pour nous, en effet, toui le secret de l’ordre qui règne entre ces trois Puissances également divines réside dans les missions du Fils par le l’ère, et du Saint-Esprit par le Christ, Dieu lui-même, misit Deus Spirilum… ». Col. 1 1 7.S L. I)ès lois, le mieux n’est-il pas d’en revenir aux mois essentiels de l’Évangile : l’ère. Mis, eu les

dégageant de tout anthropomorphisme ? Unde enim duo. niai alterum ab allero ? Or, toujours ce qui est d’un autre est fils, et ce qui est principe d’un autre est père. Mais ici on ne peut parler (le l’autre comme d’un être séparé ci dissemblable… ; par leur réunion au sein de la substance divine, conjunctione tubstan

ttm, ils sont une seule réalité, Col. 1120 C. La perfection absolue du lils a beau être Identique a celle du l’ère, per eadem eequalis a<- nimul, complectltur.se atrumque et alterum, non ut geminum et adfeclum, col. ll2’i P., cependant il faut maintenir d’autant plus fortement la distinction d’origine : ut conftetens atque

confeclum, et gênerons atque generatum, génération unique d’ailleurs, parce que c’est « l’épanchement total d’une existence divine en une autre née de la première, quia conversio naturalis exsistenliie nonnisi una est…, ideirco unigenitus Filius consubstantialis Patri… ». Col. 1120 C.

Comment se fait-il qu’une telle procession soit si totale qu’elle constitue l’engendré en unité de substance avec son principe ? C’est que, diront les théologiens de l’École, les relations en Dieu sont subsistantes ou substantielles, c’est-à-dire qu’elles s’identifient avec la substance divine ; sans apporter rien d’absolu en chacune des personnes, elles les rapportent l’une à l’autre. Pour Victorin, l’explication est plus laborieuse, comme on va le voir.

d. Les notions personnelles. — Pour lui, la procession et la relation d’origine qui en découle supposent dans la personne du Père, non pas un être différent, mais tout de même un mode, un état d’être diamétralement distinct de l’état d’être — sic esse — qu’elte pose dans le Fils : la notion de Fils est donc l’antithèse de celle de Père. C’est la relation inverse du Fils au Père qui posera en celui-ci les caractères que ne supposait pas sa propre notion de Père. La perfection possédée est la même pour les trois, le titre de possession est différent pour chacune d’elles : elle est ceci, elle a tout cela.

oc) Le Père est seulement Père, et le Fils seulement Fils, vis-à-vis cependant du Père, parce que Dieu le Père, qui est l’Être, est cause pour le Verbe, qu’il possède son être à lui, et il n’y a pas là-dessus d’influence en retour. Et c’est le propre du Premier dans l’Être d’être le repos, comme c’est le propre du Verbe de se mouvoir et d’agir… C’est lui, le Fils, par son propre mouvement qui donne la vie, et (le Saint-Esprit ) qui enfante les intelligences, subsistant en soi-même, sans se séparer de sa propre personne pour agir à l’extérieur. Col. 1060 D. Voilà donc les personnes constituées, séparées même à l’excès, par leur origine et, semble-t-il, dans leur être absolu. L’auteur a beau dire que « la différence avec les deux autres personnes précédemment nommées est substantielle et signifie l’être, ni plus ni moins », col. 1082 B ; que le caractère bypostatique du Fils, « n’est rien autre chose que Dieu, rien d’étranger en lui, rien d’accidentel, mais Dieu même », col. 1062 A ; encore faut-il tenter d’expliquer cette identification par la relation même.

(3) C’est que « le Fils engendré qui est l’action a aussi l’être potentialiler, et le Père qui est l’Être par puissance, a inversement l’action. Mais comprenez bien ce mot habet selon l’intelligence : à vrai dire, chacun d’eux n’a pas (cette note empruntée à l’autre personne), il l’est. Tout est simple en Dieu, t. I, c. xix, col. 1053 P>. Ainsi le Père, qui est l’Être, a la vie en lui-même, et le Fils, excepta quod Filius, a reçu du l’ère ce qu’il a, donc l’Être. » Voilà donc deux personnes qui se suffisent à elles-mêmes pour l’être et la vie. Et, comme toujours chez les purs esprits, ce qu’elles ont, elles le sont ». Col. 11172 C. Ainsi la relation, qui avait opposé, rapproche maintenant le l’ère cl le Fils, parce qu’elle donne au Fils ce qu’est le Père, sauf la Paternité. « Tout est ainsi mêlé réellement et Simple d’une triple simplicité : car tout ce qui, en se posant, s’identifie une autre chose, doit être dit une et non deux choses. » Col. 1116 D ; cf. col. 1120 D.

b) Termes de la procession. a. Les mots usuels.

Il eut été si facile, semble-t-il, de répondre aux ques lions des auditeurs moyens : Quid unum’.' Qnid Ires’.' cf. S. Augustin. De Triait.. I. VII, et 1. XV. c. iv, P. L., I. xiii, col. 1060, en recourant aux mois simples employés déjà par Tertullien : une nature, trois

personnes !