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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. SAINT ATHANASE

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éternité. « Jamais la substance du Père n’a été imparfaite, de sorte que ce qui lui est propre lui soit surajouté. La génération du Fils n’est pas comme la génération humaine, postérieure à l’existence du Père. Il est engendré de Dieu et, étant propre Fils du Dieu éternel, il existe de toute éternité. Les hommes, eux, engendrent dans le temps parce que de nature imparfaite ; la génération divine est éternelle parce qu’éternellement parfaite de sa nature. » Contra arian., i, 14, P. G., t. xxvi, col. 40 ; cf. De synod., 50, ibid., col. 781.

Le Fils est l’image et la splendeur du Père, son empreinte et sa vérité. « Si la lumière a dans sa splendeur son image, si la substance est entière dans son empreinte, si l’existence du Père entraîne celle de la vérité, ceux qui conçoivent mesurées par le temps l’image et la figure de la divinité peuvent voir quel est l’abîme d’impiété où ils tombent… Si la substance existe, incontestablement existent aussi son empreinte et son image, car ce n’est pas du dehors qu’est dessinée l’image de Dieu… Voyons donc ce qui appartient au Père et nous connaîtrons si son image est de lui. Éternel est le Père, immortel, puissant, lumière, roi, maître absolu, Dieu, Seigneur, créateur et auteur. Tout cela doit être dans l’image pour que, véritablement, celui qui voit le Fils voie le Père. S’il n’en est pas ainsi, mais si, comme le disent les ariens, il est fait et non pas éternel, le Fils n’est pas la véridique image du Père. Contra arian., i, 20-21, t. xxvi, col. 53 ; cf. Epist. ad Afros, 5-6, ibid., col. 1036-1041 ; De décret. Nicœn. syn., t. xxv, col. 422-437.

Il est vrai que les Ariens insistent. Seuls, disent-ils, le Père est àyévrçToç, tandis que le Fils est yevtjtôç. La difficulté causée par l’emploi de ces termes n’était pas nouvelle, et l’on peut dire, en un certain sens, que le Fils est en effet yevriTÔc., puisqu’il a un principe qui est le Père, tandis que le Père seul est véritablement sans principe. On peut dire de la même manière que le Fils n’est pas àvapxoç, puisque le Père est l’àp/ï) du Fils, le principe dont il est issu, la source de laquelle il sort. Plus tard, des précisions nouvelles interviendront et l’on distinguera avec soin les termes yevrçTOÇ et Yswï]t6ç, àyévvY)TOÇ et àyérrioç, : les premiers ariens ne connaissent pas cette distinction et saint Athanase ne la connaît pas davantage. Mais il repousse sans peine l’objection : « Si les ariens, dit-il, entendent par ixyèwr^roç, un être existant qui n’est pas engendré et n’a point de père, nous leur répondons qu’il n’y a dans ce sens qu’un seul àYév/jToç, le Père, et ils ne gagneront rien à cette affirmation. Parler ainsi de Dieu, àyévrjTOÇ, ce n’est pas affirmer que le Fils est une œuvre, puisqu’il est évident d’après les démonstrations précédentes que le Verbe est tel que celui qui l’a engendré. Si donc Dieu est improduit, son image ne sera pas une production, mais une génération, laquelle est son Verbe et sa sagesse. » Contra arian., i, 31, t. xxvi, col. 76.

Les termes yevyjtoç et &y£>r, i : oç n’étaient d’ailleurs pas scripturaircs et on avait le droit de ne pas s’y attacher autrement. Les problèmes étaient plus difficiles à résoudre lorsqu’on se trouvait en face de formules employées par les Livres saints. Les arien*, ne M faisaient pas faute de chercher dans l’Écriture toutes sortes d’arguments, et ils insistaient spécialement sur le texte de f’rov., viii, 22 : « Le Seigneur m’a Otéée principe de ses ouvrais. » Saint Athanase ne laisse pas d’être quelque peu embarrassé par ce passage et il explique tantôt que « l’Écriture n’a pas voulu parler par la bouche de Salomon de la substance de la divinité du Verbe, ni de la génération étemelle et authentique par le Père, mais de son humanité t de son économie à i otre égard ». Contra arian., ii, 45, col. 211 ; tantôt que « puisqu’il y a une enipn inte de la Sagesse, créée en roui < t eu toutes s< s œuvres, i’M à^bon droit que la Sagesse véritable et créatrice s’applique ce qui est dit de son empreinte et déclare : « Le « Seigneur m’a créée pour ses œuvres. » Contra arian., ii, 78, col. 312.

En toute hypothèse, le Fils est véritablement éternel ; et il est de la substance du Père. Il appartient en propre au Père comme étant de sa substance, Contra arian., i, 16, col. 44. Dieu n’étant pas composé de parties, mais impassible et simple, il suit de là que c’est sans passion et sans division qu’il est le Père du Fils. Verbe et Sagesse, le Fils n’est ni créature, ni partie de Dieu dont il est le Verbe, ni engendré selon la passion. Contra arian., i, 28, col. 69.

De là saint Athanase tire deux conclusions : la première, que le Fils possède en soi toute la substance du Père, puisque cette substance, lui étant communiquée et ne pouvant d’ailleurs se partager, lui est nécessairement donnée tout entière, Contra arian., iii, 6, col. 332 ; cf. i, 16 ; ii, 24, col. 44, 197. La seconde, qu’il ne peut y avoir qu’un seul Fils, puisqu’il épuise à lui seul la fécondité du Père. De décret., 11, t. xxv, col. 436. Par suite, le Fils est absolument Dieu comme le Père. Disons, pour employer le terme de Nicée qu’il lui est consubstantiel.

Le « consubstantiel ». —

On a remarqué que ce terme n’occupait pas dans les œuvres de saint Athanase la place à laquelle, semble-t-il, il aurait eu droit et que souvent l’évêque d’Alexandrie emploie d’autres expressions, par exemple ï&iov tïjç oùataç toû LTaTpcx ; YÉwyjiJia, ô(i.otoç xa-r’oùaîav, etc., là où l’on s’attendrait à rencontrer le mot ôfzooôcnoç. Cette remarque est peut-être exacte. Nous savons que le consubstantiel nicéen avait soulevé de nombreuses difficultés chez un très grand nombre d’évêques orientaux. Il était utile de montrer que la doctrine orthodoxe n’était pas nécessairement attachée à ce mot et qu’il était possible de l’exprimer sans y faire appel. Kt comme les ariens aimaient à déclarer qu’ils n’employaient que des expressions scripturaires, saint Athanase a dû suivre leur exemple en s’attachant le plus possible à suivre la lettre même des Écritures inspirées. Il faut cependant ajouter que l’ôjxooûo’.oç n’est pas aussi complètement absent des œuvres de saint Athanase qu’on le dit quelquefois et qu’on rencontre ce mot dans des écrits composés à des dates très variées et en des circonstances fort différentes les unes des autres.

Au reste, le véritable problème n’est-il pas un problème de vocabulaire, mais de doctrine. Dans qui I s.’ps saint Athanase a-t-il dit que le Fils était de l’essence du Père, rejeton propre de l’essence du Père, semblable au Père selon la substance, consubstantiel au Père ? A-t-il voulu exprimer par là l’unité numérique de la substance divine ? ou bien s’est-il, à un moment donné de sa carrière, laissé entraîner à mettre en relief la distinction du Père et du Fils ? Plusieurs critiques, Gummerus et Harnack en particulier, assurent que cette seconde hypothèse est la vraie et que, aux environs de 358, l’évêque d’Alexandrie avait accepté de faire des concessions à Basile d’Ancyre et à ses amis. De cette espèce de capitulation, le De synodis serait le document caractéristique.

Pour comprendre le sens de cet ouvrage, il est easen tlel de se rappeler 1rs conditions dans lesquelles il ; * éti composé. Voir l’art. Sf.mi-aru ns, t. xiv, col. 1701 sq. t’n certain nombre d’évêques orientaux, ayant à lair kéti Ba Ile d’Ancyre et Georges de Laodtcée, venaient i - réuiiir ( i di condamner les formes radicale ! de l’arianUme. Us n’avaient pas hésité même à rejeter l’home i m.’Ion h (|U< 1 le Fils était dit semblable au Père sans que rien fût précisé sur la nature de < it, similitude. Depuis longtemps d’ailleurs, on avait pu remarquer, dans les rangs de ceux qu’on étall convenu