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YK USIONS FILLES DES SEPTANTE

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que les années des patriarches, Gen., v et xi, sont données d’une manière différente de celle du texte massorétique et de celle des Septante ; de môme encore la donnée chronologique sur la durée du séjour en Egypte des enfants d’Israël, Ex., xii, 40. C’est ce qui explique l’écart considérable entre la chronologie du samaritain et celle du texte massorétique. Mais, en définitive, le Pentateuque samaritain ne se présente que comme une recension très corrompue et parfois falsifiée du texte juif. Plusieurs critiques

— et l’hypothèse a été reprise par Kohn au xixe siècle — se sont demandé si le texte en question n’était pas à la base de la traduction alexandrine dite des Septante, celle-ci ayant été faite en utilisant une version déjà existante du samaritain en grec. Ce n’est guère vraisemblable.

De même qu’en Judée, la langue hébraïque avait été supplantée par l’araméen, pour l’usage courant, de même les Samaritains usaient-ils, depuis les derniers siècles avant l’ère chrétienne et jusqu’au premier siècle de la conquête arabe, d’un dialecte araméen occidental, que l’on désigne sous le nom de samaritain. En fait cet idiome se distinguait à peine de l’araméen palestinien, tel que nous le font connaître les targums et certaines parties du Talmud. C’est en cette langue que fut faite, la traduction qui porte le nom de targum samaritain et qui figure par exemple, dans la Polyglotte de Walton, au-dessous du Pentateuque samaritain. Les recherches de Kohn ont montré le peu d’autorité de ce texte, qui apparaît comme un conglomérat de traductions disparates et d’âge divers, tout rempli d’hébraïsmes, voire d’arabismes et d’interpolations de tout genre. La traduction primitive elle-même, dont il ne reste en définitive que des fragments, était plus que médiocre, d’une littéralité excessive, l’œuvre d’un personnage qui savait mal l’hébreu. C’est dire le peu de crédit qu’il faut reconnaître au targum samaritain. — Quand l’arabe fut devenu l’idiome courant des Samaritains, une traduction du Pentateuque en cette langue fut faite vers le xie -xii c siècle de notre ère. En définitive, l’étude de la littérature samaritaine n’apporte que peu de secours à la reconstitution du texte primitif de la Loi.

VI. Lies VERS ONS F LLES DE LA VERSION ALEXAN-DRINE DES SEPTANTE. — Devenue en quelque sorte la Bible officielle de l’Église chrétienne, la traduction des Septante fut portée successivement dans les diverses régions, soit de l’Empire romain, soit étrangères à celui-ci, où pénétra le christianisme. Dans les pays autres que ceux de langue grecque, le besoin se fit rapidement sentir de traductions appropriées. Ces traductions ne se préoccupèrent pas, d’ordinaire, de remonter au texte original hébreu.

Versions latines.

Voir ci-dessous l’art. Vul

GATE.

2° Versions syriaques. - Il y en a plusieurs, nettement différenciées ; la plus ancienne, dite la Peschitta, remonte à l’hébreu, les autres se donnent elles-mêmes comme des adaptations de la Bible grecque.

1. La Peschitta.

Tout est obscurité dans ses origines et le sens même du mot employé pour la désigner est lui-même sujet à contestation. Il semble (lue ce vocable, qui ne paraît d’ailleurs qu’au xe siècle, corresponde à notre mot « vulgate » ; la version « ordinaire », « courante », non point la « littérale » par opposition à des traductions paraphrastiques ou allégorisantes. Il n’y a rien à retenir des légendes mises en circulation par Gabriel Sionita, voir ici t. xiv, col. 2169, qui publia le premier au complet la Peschitta dans la Polyglotte de Paris (1029-1654). À l’en croire, une partie de cette version aurait été faite au temps

de Salomon, à l’usage du roi de Tyr, Hiraml Quant au reste de l’Ancien Testament et au Nouveau, il aurait été traduit à l’époque d’Abgar d’Édesse (contemporain de Notre-Seigneur). Tout cela est de la fable. Ce n’est pas une raison pour tomber dans l’excès inverse et pour mettre la Bible syriaque en dépendance, même pour la partie néo-testamentaire, de la Bible latine à une époque relativement récente. Tout montre que la Peschitta est ancienne : nombreux mss. très anciens, accord des syriens occidentaux et orientaux, des nestoriens et des jacobites. Mais l’Ancien Testament ne saurait être antérieur à l’ère chrétienne. En fait, la Peschitta fut dès l’abord à l’usage des chrétiens, non des juifs. Mais, comme beaucoup des chrétiens de langue syriaque étaient d’origine juive, il n’y a pas à s’étonner des traces d’interprétation juive que l’on y rencontre. La traduction s’est faite d’après un texte hébreu très voisin du texte massorétique, influencée d’ailleurs par les versions araméennes, mais aussi par certaines recensions des Septante. Du fait qu’elle partait de l’hébreu, la Peschitta suivait le canon palestinien ; il y manquait même des livres de celui-ci, ainsi les Paralipomènes qui ne furent traduits qu’assez tard ; ils ont fait défaut longtemps au canon des nestoriens. La délimitation du canon syrien est d’ailleurs toujours demeurée un peu flottante, la numérotation et le rangement des livres assez différents de ce que l’on trouve d’habitude. Les deutérocanoniques toutefois finirent par y pénétrer ; au ive siècle, Aphraate et saint Éphrem les utilisaient. Les manuscrits qui les contiennent s’appellent « catholiques » ou « pandectes », ainsi le célèbre Ambrosianus où, des livres de la Bible grecque, il ne manque que le I er Esdras (du grec, c’est-à-dire notre III Esdr.), Tobie et la prière de Manassé, et qui contient encore l’Apocalypse de Baruch, le IVe livre d’Esdras, et, sous le titre de IVe et Ve des Machabées, l’histoire de Samuna et le Ve livre du De bello judaico de Josèphe ( !). La traduction fournie par la Peschitta est d’ordinaire fidèle, bien qu’il y ait d’assez grandes différences entre les livres : le Pentateuque suit étroitement le texte hébreu et s’inspire de l’exégèse juive ; au contraire, Isaïe et les petits prophètes ont subi l’influence des Septante, de même que le Psautier. L’Ecclésiastique, chose à noter, est traduit de l’hébreu et non du grec.

2. La Syro-Hexaplaire.

Il s’est produit dans les Églises de langue syriaque un phénomène inverse de celui qui s’est passé dans l’Occident latin. Celui-ci, après avoir utilisé pendant plusieurs siècles une ou plusieurs traductions dépendant directement du grec, a finalement adopté la version hiéronymienne reposant sur l’hébreu. Dans les Églises orientales, la Peschitta, au contraire, s’est vue, sinon supplantée, du moins concurrencée par des versions directes de la Bible grecque.

En 616, Paul, évêque de Telia, à la demande du patriarche monophysite d’Antioche, exécuta une traduction de l’Ancien Testament, faite directement sur le grec. Il lisait ce dernier dans une copie très soigneusement faite de la 5e colonne des Hexaples et il prit soin d’en transcrire les signes critiques ; au texte hexaplaire il ajoutait des leçons d’Aquila, Synimaque et Théodotion. Comme ce travail de Paul a été transcrit en d’assez nombreux mss., c’est pour nous un des plus précieux moyens de reconstituer le texte origénien des Septante. Cf. ci-dessus, col. 2713. Il est représenté » au mieux par le Codex syro-hexaplaris Ambrosianus (Milan. C, 313 inL) dont le premier volume a malheureusement disparu, le 2e volume contenant les Psaumes, Job, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique, la Sagesse, l’Ecclésiastique et tous