Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/594

Cette page n’a pas encore été corrigée
2717
2718
VERSIONS. LE PENTATEUQUE SAMARITAIN


ne siècle de notre ère, mais il est possible qu’il n’ait été mis par écrit qu’au ive siècle. C’est, en tout état de cause, le plus ancien représentant de l’exégèse juive. Il évite avec soin les anthropomorphismes quand il est question de Dieu ; remplaçant le nom de Jahvé par des équivalents comme Memra, Schekina ; employant, quand il s’agit d’une action divine, des termes moins choquants que ceux de l’original, atténuant par ailleurs ce que certaines expressions relatives aux patriarches pouvaient avoir d’inconvenant, par exemple dans Gen., xii, 13 ; xxvii, 13. A côté de ce Targum d’Onkélos, il y a sur le Pentateuque plusieurs targums dits de Jérusalem, plus ou moins bien conservés et dont la dépendance à l’égard du précédent est manifeste. Le plus important est celui que l’on appelle du Pseudo-Jonathan, d’ailleurs tardif, — il serait postérieur au vine siècle de notre ère — et fortement influencé par les spéculations talmudiques. Il n’est pas sans intérêt pour l’étude des croyances juives, surtout en ce qui concerne l’eschatologie et l’angélologie.

2. Targum des Prophètes antérieurs et postérieurs. — Ce targum est attribué par la tradition rabbinique à Jonathan, fils d’Uzziel, qu’elle rattache à l’école de Hillel. En tout cas, ce Jonathan ne saurait être le rédacteur du targum qui porte son nom et qui paraît en dépendance du Targum d’Onkélos. La rédaction actuelle est donc assez tardive. Ce targum tourne volontiers à la paraphrase surtout quand il s’agit des prophètes proprement dits. Les conceptions messianiques de l’auteur méritent d’être étudiées : il est remarquable qu’il reconnaisse dans le chapilre d’Isaïe relatif au « serviteur de Jahvé », Is., lii, 13liii, 13, le Messie souffrant, victime expiatoire.

3. Targums des Hagiographes.

Il y en a plusieurs remontant à des auteurs différents et qui donnent l’impression d’être des travaux d’ordre tout à fait privé. Ils sont d’ailleurs tardifs et ne paraissent pas antérieurs au VIIe siècle de notre ère. Le Targum sur les Proverbes serait même un remaniement de la Peschitta syriaque. Voir ci-dessous. Quelques-unes de ces productions ne peuvent même plus être appelées des traductions ; elles tournent nettement au commentaire hagaddique.

Le Pentateuquc samaritain.

Au temps de

Notre-Seigneur les Samaritains formaient une communauté schismatique, entièrement séparée des Juifs, bien qu’Us se reconnussent eux-mêmes comme descendants de Jacob. Cf. Joa., iv, 12. Ils avaient leur temple à eux sur le mont Garizim, leur hiérarchie religieuse, leurs institutions propres, encore qu’ils prétendissent suivre à la lettre les prescriptions de la Torah. La plus vive antipathie régnait entre eux et les Juifs. Cf. Joa., IV, ’. » ; Luc, ix, 52 scj. On a beaucoup discuté sur l’origine de ce groupement. Longtemps on a voulu voir (huis les Samaritains les descendants des populations allogènes installées, après la destruction du royaume d’Israël en 722, par les conquérants assyriens, pour combler les vides faits par la grande déportation des Israélites. IV Reg., xvii. 2 1.> : i. 4L Ces populations auraient finalement adopté le culte de Jahvé, en concurrence d’ailleurs avec leurs pratiques païennes. I.a religion samaritaine serait donc un syncrétisme du jahvisme Israélite avee le paganisme assyro-babylonien. En réalité, il n’est est rien : le monothéisme des Samaritains, dès ipie l’histoire nous fait entrer en contact eux, était aussi intransigeant que celui des Judéens. Le jahvisme des Samaritains est en COnti miation directe avec la religion qui, antérieurement a la ruine de 722, dominait dans le royaume du Nord. Même après les déportations en Assyrie, il demeura dans le pays des lideles de Jahvé. Avec le temps,

leur religion s’épura, comme, au même temps, se purifiaient dans l’épreuve les sentiments de leurs compatriotes du royaume du Sud. Mais l’antagonisme qui avait amené au xe siècle le schisme des dix tribus persista au Ve siècle entre Israélites du Nord et Judéens du Sud. Quand la petite communauté juive, rentrée à Jérusalem, prit de plus en plus l’allure d’une Église et d’une Église très fermée et très peu perméable, quand elle entendit soumettre à sa domination spirituelle tous les enfants d’Israël, il était inévitable que la séparation religieuse se consommât entre les Samaritains et les Juifs. La construction sur le Garizim d’un temple rival de celui de Jérusalem fut le signe de la révolte définitive des gens du Nord contre ceux du Sud. Il semble bien que cette construction ait été contemporaine de l’expédition d’Alexandre en Syrie en 332.

A cette date, la communauté samaritaine possédait, sans doute depuis quelque temps, une recension à son usage de la Torah mosaïque, c’est ce que l’on appelle le Pentateuque samaritain, sur lequel les études relatives aux origines du Pentateuque ont attiré, de nos jours, un regain d’attention, encore qu’il fût connu en Europe depuis le xviie siècle. Comme ce recueil mosaïque est une réplique assez exacte de la Torah hébraïque, on conçoit l’intérêt qu’il y aurait à déterminer de façon précise la date de son introduction dans la communauté samaritaine. Si cette introduction était antérieure à la déportation des Jérosolymites en 586, on voit quel argument s’en tirerait contre les hypothèses qui font du Pentateuque, dans son état actuel, une compilation plus ou moins postérieure au retour de Babylone. Si même l’arrivée du Pentateuque en Samarie était contemporaine de Néhémie (dont le deuxième séjour à Jérusalem est de 432), les hypothèses seraient mises en échec qui attribuent à nombre d’additions du Pentateuque une origine notablement plus tardive. Quoi qu’il en soit, c’est avec des intentions plus ou moins « apologétiques » qu’a été étudiée la question du Pentateuque samaritain. Il ne semble pas qu’elle ait fait grand progrès et il reste toujours impossible de dire à quelle date remonte l’introduction en Samarie de la Loi mosaïque.

Le Pentateuque samaritain, dont il existe des copies relativement anciennes — aucune d’ailleurs n’ayant l’antiquité fabuleuse dont on a parlé — est, somme toute, une recension hébraïque de la Torah, différant du texte massorélique surtout par l’écriture. Au lieu de l’écriture carrée qui paraît s’être élaborée parmi les Juifs au temps de la captivité de Babylone. est employée la vieille écriture hébraïque en usage avant le vi p siècle, et qui s’était conservée même alors que se constituait l’autre écriture. A étudier de près les caractères dits samaritains, on s’aperçoit que cinq lettres seulement, D, H, ii, 2Î, "1, représentent le type archaïque ; toutes les autres sont déjà touchées par les procédés de transformation qui ont donné naissance à l’écriture carrée et l’on ne se trompera guère en voyant dans les caractères du Pentateuque samaritain l’écriture qui, même après la captivité, était encore en usage dans une partie de la Palestine » (E. Kautzsch. art. Samaritaner, dans Prot. Realencycl., t. xvii, p. 132).

Retenons que la langue du Pentateuque samaritain est l’hébreu, qui est resté la langue sacrée des schismatiques. Son texte, antérieur de plusieurs siècles à la Massore. est assez différent du texte hébraïque actuel : quelque six mille variantes. Parmi celles-ci. il en est quelques unes de tendancieuses, la

plus Célèbre est (die de Dent.. XXVII, 1, OÙ le mont II. bal est transformé en mont (iarizim. On sait aussi