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VE R H ULST ( I » II I M I » I » E-LOUIS)

V É H I T E

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cet auteur composés soit en latin soit en flamand ; beaucoup ne sont que des plaquettes de quelques pages : pamphlets dirigés surtout contre les jésuites, lettres ouvertes, discussions juridiques, etc. En plus d’une traduction du Nouveau Testament parue à Gand en 1717 et à laquelle il eut une grande part, retenons les titres suivants : De auctoritate Romani ponlificis disserlatio triparlita, 1719. — Quinque epistolse de consecratione archiepiscopi Ullrujectensis ab uno episcopo adversus doclorem Damen, 1725 et 1726, ci-dessus col. 2405. — Acta quædam Ecclesiee Ullrajectensis, 1737 ; Verhulst eut une part considérable dans la rédaction de ces Actes, dont il composa aussi la préface ; ci-dessus, col. 2445. — Lettres de M. Ulaminy contre Pierman, 3 vol. in-12, 1739-1741, on y traite du « formulaire », de la constitution Unigenitus et des droits de l’Église catholique d’Utrecht. — Traité sur le titre d’évêque universel, en flamand, 1752.

— En dehors de ces ouvrages, tous polémiques, Verhulst a composé aussi contre les réformés un ouvrage considérable sur l’eucharistie, auquel il travaillait encore au moment de sa mort : Les fondements solides de la foi catholique touchant le saint-sacrement de l’autel, en flamand, sous le pseudonyme de Zéelander, trois parties en 6 vol. in-12, 1739-1741.

Moréri, Le grand dictionnaire, éd. de 1759, t. x, p. 544. Se reporter pour les détails à l’art. Utrecht (Église d’).

É. Amann.


VÉRITÉ, VÉRACITÉ. — Le problème de la vérité peut être envisagé à un triple point de vue :
I. Philosophique.
II. Théologique.
III. Moral. Sous ce dernier aspect, la vérité devient vertu de véracité.

I. Point de vue philosophique.

Bien que relevant de l’ordre rationnel, ce point de vue a une importance condidérable, non seulement en lui-même, mais en raison du rapport étroit qui rapproche ici la philosophie des affirmations religieuses. On peut considérer : la vérité ontologique ou transcendantale et la vérité logique ou formelle.

Vérité ontologique ou transcendantale.

L’étude de cette vérité est une partie de la philosophie générale. —

1. Cette vérité implique une conformité à un type idéal, « toute chose étant dite vraie par rapport à une intelligence qui la conçoit ». S. Thomas, Sum. theol., I », q. xvi, a. 1. « L’objet est vrai, qui est conforme à une pensée. » B. Romeyer, La doctrine de saint Thomas sur la vérité, dans les Arch. de phil., t. iii, cah. ii, p. 1. « L’attribut vrai, véritable, n’est pas appliqué à une chose considérée à l’état absolu ; il est réservé aux choses référées à un type idéal, que nous supposons connu d’ailleurs, et jugées de même nature que lui. La vérité ontologique est donc un rapport d’identité de nature entre une chose présente et un type idéal présupposé. » Card. Mercier, Ontologie, n. 95.

Saint Thomas, loc. cit., note que « la chose, objet de l’intelligence, peut se rapporter à l’intelligence soit essentiellement, soit à titre accidentel. Elle se rapporte essentiellement à l’intelligence dont dépend son être ; elle se rapporte accidentellement à l’intelligence qui trouve en elle du connaissable ». C’est le rapport essentiel de l’être à l’idéal qui en est la cause, qui manifeste la vérité ontologique.

2. Le type idéal par rapport auquel une chose est dite ontologiquement vraie a été placé par la philosophie platonicienne dans les idées éternelles, existant en elles-mêmes, séparées de Dieu. Sur la théorie platonicienne des idées, voir Janet et Séailles, Hist. de la phil., Paris, 1942, p. 946 et ici Platonisme des Pères, t.xii, col. 2263-2265. — Les ontologistes placent ce type idéal dans l’être divin, objet d’intuition directe de la part de notre intelligence. Voir Ontologisme, t. xi, col. 1000 sq. — Pour la philosophie chrétienne, le type idéal est Dieu lui-même : « Les choses sont dites vraies quand elles répondent à nos conceptions ; elles sont dites vraies surtout quand elles répondent aux conceptions créatrices. Et comme nos conceptions n’ont de vérité authentique et par conséquent de vérité communicable aux choses que par leur propre conformité aux normes suprêmes, c’est finalement par comparaison à Dieu que, même dans ce cas, les choses sont dites vraies. » A.-D. Sertillanges, O. P., Dieu (Som. théol., édit. de la Revue des Jeunes), t. ii, p. 363-364. D’où « Celui qui est justifie ce qui est. » Ibid., p. 363.

Le type idéal, en Dieu, n’est autre, selon notre manière de concevoir, que l’essence divine connue par son intelligence, en tant qu’imitable de telle ou telle manière par les créatures et en tant que le Verbe divin l’exprime éternellement. Cf. S. Thomas, Sum. theol., I a, q. xiv, a. 6. Voir Science de Dieu, t. xiv, col. 1 602 sq. ; Verbe, t. xv, col. 2666. sq. C’est ainsi que la vérité ontologique des êtres leur est essentielle par rapport à la science qu’en a le Créateur ; elle se confond, en réalité, avec leur être même : « Le vrai, c’est ce qui est ; le faux, ce qui n’est pas. » Bossuet, Conn. de Dieu et de soi-même, c. i, n. 16. D’où l’adage : ens et verum convertuntur. S. Thomas, Sum. theol., ii, q. xvi, a. 3 ; De veritale, q. i-ii. Ainsi l’avait déjà conçue saint Augustin. Voir Augustin (Saint), t. i, col. 2328 et 2334 ; cf. Ch. Boyer, L’idée de vérité dans la philosophie de saint Augustin, Paris, 1920, c. ii, La vérité subsistante (p. 47-109) ; c. iii, La vérité créatrice (p. 110155). C’est à ce point de vue ontologique que « les choses créées ne sont pas connues de Dieu parce qu’elles existent, mais elles existent parce que Dieu les connaît ». S. Augustin, De Trinitate, t. XV, n. 22, P. L., t. xlii, col. 1076 ; cf. S. Thomas, Sum. theol., I a, q. xiv, a. 8. Voir ici Science de Dieu, col. 1606. Mais par rapport à une intelligence créée ; les choses ne sont vraies que dans la mesure où elles sont susceptibles d’y provoquer une connaissance vraie. S. Thomas, ibid., q. xvi, a. 2. Cf. Sertillanges, La philosophie de saint Thomas d’Aquin, Paris, 1940, t. i, p. 34-36.

Vérité logique ou formelle.

La vérité provoquée dans la connaissance que notre esprit a des choses est définie par l’École : adsequatio rei et intellectus, conformité entre la réalité connue et l’idée qu’on s’en fait. Sur les origines de cette formule, voir Yves Simon, Introd. à l’ontologie du connaître, Paris, 1934, p. 200, note 1.

1. Il ne faut pas chercher la vérité dans les données des sens. Non certes que nos sens nous trompent, mais ils ne peuvent saisir eux-mêmes la conformité des représentations sensibles et des réalités. Il y aurait danger de confusion à proclamer sans explications que « nos sens atteignent immédiatement les objets extérieurs et non pas nos propres affections. La pensée de saint Thomas est bien plus nuancée. Voir son commentaire du De anima d’Aristote, t. III, lect. 2 ; analysé dans l’Ami du clergé, 1931, p. 246249. Cf. Ch. Boyer, Réflexions sur la connaissance sensible selon saint Thomas, dans les Arch. de phil., t. iii, p. 97-116. Très explicitement, d’ailleurs, saint Thomas enseigne que » le sens connaît qu’il sent ; mais il ne connaît pas la nature de son acte, ni sa proportion aux choses, iii, par conséquent, sa vérité. » De veritale, q. i, a. 9 ; cf. Sum. theol., I », q. xvi, a. 2.

2. La psychologie thomiste laisse donc intacte toute cette partie de la philosophie générale que les modernes appellent la critique de la connaissance. C’est dans le jugement de l’intelligence, en affirmant la convenance du sujet et du prédicat, que se trouve la vérité formelle, et pas ailleurs. S. Thomas,