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VERBE. LA THEOLOGIE


du Verbe. In Joa., tract, xviii, n. 9, 10, t. xxxv, col. 1541-1542.

Cette théorie psychologique de la Trinité est exposée principalement dans le De Trinitate, t. IX, c. i sq. et t. XV, c. vi sq., xxvii sq., P. L., t. xlii. L’âme humaine ne peut s’aimer elle-même si d’abord elle ne se connaît et elle se connaît par elle-même. L. IX, n. 3, col. 902. Or, l’esprit, son amour, sa connaissance ne sont qu’une seule et même chose : unis inséparablement, ces trois éléments ne se distinguent entre eux que relativement, n. 4-7, col. 963-964. Mais en se connaissant, l’esprit se forme une représentation de lui-même, le verbe, qui est comme un produit engendré par lui, n. 16-17. col. 969-970. L’amour n’est pas engendré, bien qu’il soit difficile d’en donner la raison. La connaissance, l’amour que notre âme a d’elle-même, est une image de la Trinité. Cette pensée est développée par Augustin, n. 12-13, col. 967. Cf. In Joa., tr. I, n. 8, t. xxxv, col. 1383. Voir les textes les plus suggestifs à Trinité, col. 1689.

Saint Augustin prend également dans la partie supérieure de l’âme d’autres analogies, qui ont été rappelées à Trinité, col. 1688-1691. Cf. De Trinitate, t. XIV, n. 11, 15, col. 1044, 1048 ; t. XV, n. 12, col. 1065-1066. Mais, en ce qui concerne la comparaison du verbe mental, la seule qui nous intéresse ici, on doit noter avec Augustin, qui précise et clarifie la pensée des Pères qui l’ont précédé, que c’est dans ce verbe mental et non dans la parole extérieure que doit être cherché l’analogie avec le Verbe divin, n. 20, car la parole extérieure appartient déjà au corps et nous apporterait plutôt une image du Verbe, fait chair sans cesser d’être Verbe. Col. 1072. En excluant ici la parole extérieure, Augustin n’a en vue que l’aspect matériel de cette parole ; mais il s’agit bien d’un verbe distinct de l’intelligence qui le profère ou plus exactement qui l’engendre : ce verbe n’est pas seulement une pensée, une connaissance, intellif /ere ; il est le terme de cette pensée, exprimant ce qu’elle veut dire et l’exprimant pour le faire comprendre aux autres ; en Dieu, il est le terme du « dire » divin. Cf. Th. de Régnon, filudes sur la sainte Trinité, t. iii, p. 4 13-145 (on corrigera cependant un rapprochement trop peu nuancé entre le verbe augustinien et la parole proférée, X6y°Ç rcpo<popwc6ç, des Grecs, p. I42).

On a fait opportunément observer que saint Augustin reconnaît lui-même quc cette analogie ne saurait être considérée comme une démonstration du mystère. Trinité, col. 1692. À la suite des textes que nous venons d’analyser, il affirme avec insistance les dissemblances considérables qui séparent le verbe mental humain et le Verbe divin, et quelles infériorités (clni là présente par rapport à celui-ci.

c) Influence. — Néanmoins la voie tracée par Augustin servira de modèle à la plupart des auteurs qui aborderont le problème trinitaire. La théorie psychologique aura grand succès et elle se retrouve chez les théologiens do Moyen Age. Quant aux auteurs de la fin de l’âge patristique en Occident, ils ne font guère que reproduire ou commenter les formules augustiniennes. Le seul qui, sur la théologie du Verbe, mériterait de retenir l’attention est saint Fulgence de Ruspe. Comme Augustin et après lui,

Pnlgence trouve dans i ; i vie de l’âme des analogies

de la Trinité. Voir TRINITÉ, Col. 1693. Cf. Ad VÏ0

ntmum, 1. III. c. mi. P. /… i. lxv, col. 203-201 ;.

Conclusion. I es l’eus de l’Église ont reçu de la révélation johannique le terme Logo », Verbum, Sermo, pour désigner la seconde personne de la Trinité. ! ’premier eus. le sens principal qu’ils attribuent au Logos est essentiellement le sens de parole, celui, on l’a vii, rph rapproche le plus le Logos du prologue

Dlr.T. Dl 1 iim.i | 1 1101..

du IVe évangile, de la « parole » de l’Ancien Testament. Ce sens indique bien le caractère propre de la seconde personne qui, par l’incarnation, devait être le porte-parole de Dieu sur terre. Cette manifestation du Père par le Fils répond non seulement au sens du mot Logos, mais encore aux prérogatives qu’attribue au Fils l’épître aux Hébreux : image, empreinte, splendeur de l’hypostase de Dieu. Principe de manifestation, parole révélant la gloire du Père, tel nous est montré par les Pères le Logos, le Verbe qui s’est révélé aux hommes en se faisant chair. Mais le Logos nous est encore présenté, dans la spéculation qui a enrichi le texte et peut-être le sens du prologue johannique, comme la raison suprême des choses, raison qui est la raison même de Dieu et de toutes les créatures. Si le terme « Fils » nous fait mieux comprendre la génération divine, le Logos nous élève, par voie d’analogie, vers un mystère inénarrable. Voir le développement de ces pensées dans Th. de Régnon, op. cit., p. 432-463.

II. la théologie.

Jusqu’au xiie siècle, la théologie trinitaire des Latins est bien pauvre. D’une manière générale, les auteurs proposent assez fréquemment les analogies relevées par saint Augustin dans l’âme humaine. II s’établit ainsi un rapport naturel entre la pensée et le Verbe. C’est là l’embryon des spéculations ultérieures. On s’en tiendra ici à la question générale de la procession du Verbe, afin de montrer la continuité de la doctrine. Les questions proprement scolastiques ont été suffisamment rappelées à Trinité. On marquera aussi certaines déformations de la notion traditionnelle du Verbe.

La procession du Verbe chez les scolastiques.


1. Saint Anselme s’efforce d’expliquer la génération du Verbe par la contemplation que Dieu a de lui-même dans son acte d’intellection. Mais, tout en reprenant ainsi l’explication augustinienne, Anselme, ne distinguant pas entre intelligere et dicere, y introduit en réalité un élément de confusion. Voir Trinité, col. 1710.

2. Hugues de Saint-Victor connaît l’analogie augustinienne tirée de la psychologie humaine. De sacram., t. I, part. III. c. xx, P. L., t. clxxvi, col. 225. Mais il ne parle pas du Verbe : la doctrine du verbe extérieur manifestant le verbe intérieur, c. xx, col. 225, a une portée trop générale pour être entendue du Verbe de Dieu. En parlant de l’incarnation, Hugues envisage plus directement la personne du Verbe, uni à la chair sans en contracter, avec la mortalité, la souillure. !.. II, part. I, c. iii, col. 374. Et si Jésus-Christ est Fils de Dieu et Dieu lui-même, c’est qu’il est le Verbe de Dieu. Part. II, c. iv, col. 380.

3. La Summa Sententiariun. plus succincte, comporte plus de précision. L’auteur identifie Fils, Verbe et Sagesse divine. Tract. I, c. vi, col. 51-52. Les noms Verbe. Fils, « Engendré » ou « Né » sont propres à la deuxième personne. Ihid., c. viii, col. 53. Le Verbe procède naturellement du Père, Ibid. Enfin, réflexion assez inattendue quant au Verbe, seul le terme Fils est relatif, mais non Verbe ou sagesse. C. xi, col. 59. Dans l’exposé de l’incarnation, on retrouve Vhnmo assumptus a Verbo. C. xv, col. 71. Dans l’Incarnation, tout le divin affirmé du Christ l’est en raison de l’union de l’humanité au Verbe. Col. 77.

4. Pierre Lombard est en progrès sensible, et dans la doctrine et dans la terminologie. Après avoir rappelé l’analogie trinitaire qu’exprime l’âme humaine. Seul.. 1. dist. 111. n. 18, P. L., t. c.xr.n, col. 532, il compare notre verbe humain au Verbe divin. I, dist. V, n. 12 (tin), roi. 530. el amorce l’affirmation que le Verbe est lils par nature, n. 13. ibid., affirmation qu’il défendra plus loin contre ceux qui disent que, de la

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