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VERBE. APRES LA CRISE ARIENNE


de Dieu, auteur et Seigneur de toute créature visible et intelligente, seul Dieu de la Trinité, Dieu et homme », p. 551 A…

Dans le recueil des œuvres en syriaque-latin, les tomes ii, Rome, 1740, et iii, Rome, 1743, fournissent une heureuse contribution à la théologie du Verbe. Les Sermones in Natalem Domini, t. ii, p. 396-436, sont remplis d’allusions aux mystères de la Trinité et de l’incarnation. Le Verbe toutefois y est rarement désigné sous ce nom : Éphrem parle en passant du Verbe du Très-Haut qui s’est fait chair, p. 4Il B ; le Dieu-homme ne constituant qu’une seule personne, p. 419 C. Mais, dans le t. iii, les Sermones de fide advenus scrutatores élèvent fréquemment la pensée d’Éphrem vers le Verbe : xxv, p. 43 CD ; xxvi, p. 45 B ; xxxiii, p. 59 CF ; xxxv, p. 63 B ; lu, p. 95 F ; lui, p. 100 CF ; lvii, p. 108 EF ; lix, p. 113 DE ; lx, p. 115 CE ; lxi, p. 117 A ; lxxvii, p. 142 C. Cf. Parœneses, iii, p. 379 F ; liv, p. 519 B ; De diversis, i, p. 599 B ; iii, p. 605 A.

c) Les auteurs latins. — Les auteurs latins de cette seconde phase n’apportent qu’une maigre contribution à la théologie du Verbe. Quelques noms cependant doivent être retenus.

Nous avons déjà rencontré Grégoire d’Elvire. Dans le De fide contra arianos (parmi les œuvres d’Ambroise), il rappelle que le Verbe n’est pas une simple parole, un son de voix, mais ce Verbe de Dieu, Dieu lui-même dont parle saint Jean, i, 1-3. P. L., t., xvii col. 550, 554. Il interprète du Verbe johannique le ps. xliv, 2 (eruclavit cor meum Verbum), col. 553. Il démontrel’équivalence de l’ô(i.oo>j<noç aux affirmations de l’Écriture, col. 555, 557 sq. Le Verbe fait chair n’a pas pour autant modifié sa nature divine, col. 565.

Le traité De Trinitate du prêtre luciférien Faustin commente les affirmations du prologue de Jean en un sens absolument décisif pour la foi catholique en la divinité du Verbe, c. i, n. 2-3, 7-8 ; c. iv, n. 2. Le Verbe est Fils de Dieu et Sagesse de Dieu, c. v, n. 1, 3-4 ; Sagesse éternelle, coexistant à Dieu avant toutes chose, c. vi, P. L., t. xiii, col. 39-40, 43, 68, 70, 71-72, 73-76.

On trouve également de bonnes indications dans saint Philastre de Brescia, De ha’resibus, 38, 65 : Le Verbe de Dieu est le Christ, Fils de Dieu, de la même substance que Dieu, personnel et coéternel au Père, 70 ; le Verbe fait chair demeure sans changement, 109, 110, P. L., t.xii, col. 1155, 1178, 1184, 122<>1230. Les questions proprement christologiques sont touchées aux n. 50, 51, 66, 67, 68, 75, 89, 91-93.

Sur la doctrine exacte, encore que maladroitement exprimée de saint Pacien, voir Pacien (Saint), t. xi, col. 1720-1721.

La théologie du Verbe chez saint Ambroise n’a rien d’original ; mais elle a le mérite de condenser, avec une orthodoxie parfaite, l’enseignement antérieur. On la trouve dans le De fide, le De Spiritu Sancto, et le De inc’irnatione, l>. L., t. xvi (1845). Il faut confesser la divinité et l’origine divine du Verbe, sagesse de Dieu, De fide, I, 10. col. 531 A ; II. 2-3. col. 559-560 (ici Ambroise fait appel aux expressions scripturaires marquant des attributions du Verbe : splendeur de la gloire, caractère de la substance, miroir de Dieu, image de la majesté). Il appelle le Verbe : sagesse de sagesse, vérité de vérité, vie de vie. Ainsi le Verbe est Dieu et éternel, coéternel au Père, Dr incarnat., I 1 -22 ; 23 sq.. col. 821824, 824-827. Il est la parole de Dieu. De fide, II, 77, col. 576, et sa gloire est la gloire du l’ère, II, 82. col. 577. Il est COnSUbstantlel au l’ère, Dr incarnat., 52, col. 831 C ; cꝟ. 57, col. 832 ; et Dr Spir. Sancto, II, 121, col. 768 C Cette doctrine ressort des paroles du prologue de Jean. De fidr, I, 56, 57, col. 541 A.

123, col. 556 ; II, 29, col. 565 ; III, 58, col. 601 BC ; V, 18, col. 653. À cette doctrine sont appliqués le ps. cxviii, 89, dans De fide, I, 63, col. 543 ; le ps. xlv (xliv), 2, dans I, 126 ; II, 29 ; col. 557, 565 ; le ps. ciii, 24, dans III, 45, col. 599. Pour ce qui est de Joa., i, 3-4, Ambroise se rallie à la leçon : Quod factum est in ipso vita erat ; cf. De fide, III, 41-43, col. 598 ; cette ponctuation ne saurait être préjudiciable à la divinité du Verbe. Ibid., 44, col. 598.

Le Fils est le Verbe ; c’est une impiété de distinguer le Verbe du Fils de Dieu, De incarnat., 48, col. 830, ou de dire que le Christ n’est pas le Verbe, 47. Le Fils est le Verbe, non un verbe extérieurement proféré, ou encore le verbe purement intérieur, mais un Verbe opérant, vivant, guérissant. De fide, IV, 72-74, col. 631 ; cꝟ. 101, col. 637 ; 111, col. 638. Ce Verbe, Fils de Dieu, procède du Père par génération et, bien qu’il ne puisse engendrer lui-même, le Verbe est tout-puissant comme le Père, III, 77 sq., col. 605606. Mais le Verbe ne fait rien sans le Père, IV, 6669, col. 629-630 ; cf. De Spir. Sancto, II, 135, col. 771 ; tout a été fait par lui, De fide, IV, 139, col. 644. Il est le Verbe de vie dont parle saint Jean (I Joa., i, 2), De Spir. Sancto, I, 151, col. 739 ; Verbe même de Dieu, distinct du Père et de I’Esprit-Saint, ibid., II, 53, col. 754. Si l’Esprit est le glaive de la parole (ou du verbe) de Dieu, Eph., vi, 16-17 ; le Verbe est aussi le glaive de l’Esprit. De Spir. Sancto, II, 121, col. 768.

Tout en demeurant Dieu, le Verbe s’est fait chair, c’est-à-dire s’est fait homme. De fide, III, 66, col. 603. Immuable dans sa substance, De incarnat., 55, col. 832 ; impassible dans sa nature, 45, col. 830, l’incarnation n’a pas modifié le Verbe dans sa divinité, 59-63, col. 833-834.

En somme, doctrine extrêmement traditionnelle et sûre, avec des applications contestables au Verbe personnel des textes relatifs à la « Parole » de Dieu dans l’Ancien Testament.

L’expression Verbum calciatum (allusion à Joa., i, 27) employée pour désigner le Verbe incarné, se lit chez saint Ambroise, In ps. c.xiiii, serm. xvii, n. 18, P. L., t. xv, col. 1446 ; mais aussi chez Gaudentius de Brescia, Serm., v, P. L., t. xx, col. 874 B, et chez saint Grégoire le Grand. In Evang., homil. vii, n. 3, P. L., t. lxxvi, col. 1101 C-D.

Après la crise arienne.

Après la crise arienne,

les préoccupations des Pères se tournent plutôt vers les questions christologiques et le mystère de la Trinité, ainsi que l’étude directe du Verbe, passent au second plan. Seuls, quelques noms méritent d’être relevés.

1. En Orient. Saint Cyrille d’Alexandrie

plus complètement, saint Jean Damascène, plus succinctement, ont encore envisagé le problème dogmatique du Verbe considéré en lui-même.

a) Saint Cyrille. — On peut glaner, dans les deux ouvrages de saint Cyrille, consacrés à l’exposé et à la défense de la Trinité, le Thésaurus et les dialogues De Trinitate, tout un traité dogmatique et apologétique du Verbe. Mais c’est tout d’abord dans le commentaire sur saint Jean, P. G., t. î.xxiii. qu’on en trouve la quintessence. Le Verbe est éternel, consubstantiel au l’ère, l. l, c. i, u. iii, col. 24-32 ;

37-42. La foi n’admet aucune distinction entre le Verbe et le Fils. c. IV, col. 53 sq., et elle enseigne que le Verbe est l’image et [’empreinte du Père, col. 73-76. Créateur avec le l’ère, le Verbe, en raison de sa COnsubstantlalité, ne saurait en être le simple ministre. C. v, col. 77 ; cf. c. ix, col. 157. Selon sa nature même, le Verbe est vie et vivifiant. C. VI, col. 85 sp. Il est lumière et lui seul est la vraie lumière.

c. vii, col. 93 sq. ; c viii, col. 112. Le Verbe s’est