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VAZQUEZ (GABRIEL) — VEGA (ANDRÉ DE)
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personne. Suarez critique cette opinion qu’il exprime ainsi : Imagines et similes res sacras non adorari mente et intenlione sed aclione tantum externa coram Mis facla, non vero ad earum reverentiam per voluntatem ordinata. Cf. de Scorraille, op. cit., t. ii, p. 481.

Au traité de l’eucharistie, Vazquez, pour expliquer la transsubstantiation, recourt à la théorie scotiste de l’adduction, qu’il explique à sa manière. L’annihilation de la substance du pain et l’adduction du corps du Christ sont liées entre elles non par la nature des choses, mais par la signification efficace des paroles de la consécration, celles-ci ne pouvant être vraies que si la substance du pain cesse d’exister. La conversion ne se trouve dans aucune des actions physiques, mais seulement dans l’habitude ou relation de raison qui existe entre la substance du pain qui cesse d’exister et la substance du corps du Christ qui lui succède. Même si la substance du corps du Christ était présente dans le pain, la transsubstantiation aurait encore lieu, si l’on prononçait sur ce pain les paroles de la consécration, celles-ci exigeant pour être vraies que le pain cesse d’exister. In IIP iii, disp. CLXXXI, n. 124-136. Vazquez tient pour indubitable que le corps du Christ peut être rendu présent par adduction, sans transsubstantiation, et sans qu’il y ait besoin de recourir à la théorie thomiste de la production, à laquelle Suarez est rallié. In IIP iii, disp. CLXXXII, n. 14.

Plus importante et plus discutée est l’opinion de Vazquez sur l’essence du sacrifice de la messe (voir art. Messe, t. x, col. 1149-1150). Vazquez distingue avec tout le monde le sacrifice absolu et le sacrifice relatif. Pour lui, le premier exige une véritable immutatio victimæ, celle d’un être qui s’offre à Dieu maître souverain de la vie et de la mort. In III*™, disp. CCXXII, n. 15, 18-24. Mais dans le sacrifice commémoratif, il n’est pas nécessaire qu’il y ait immutation actuelle de la chose offerte, il suffit que la victime ait été une fois détruite ou immolée et que cette immutation soit représentée actuellement dans un signe. In III™, disp. CCXXII, n. 27, 66, 67. Cette notion supposée, la messe apparaît comme un vrai sacrifice dont l’essence se trouve dans la consécration des deux espèces. Ibid., n. 18, 31. D’une part, la messe représente en effet le sacrifice sanglant offert sur la croix et d’autre part le corps et le sang de la victime sont présents sur l’autel sous les espèces consacrées (n. 57). La transsubstantiation n’est donc pas le constitutif essentiel du sacrifice eucharistique. Même si le pain et le vin demeuraient avec le corps et le sang du Christ, il y aurait séparation mystique suffisante pour représenter la mort du Christ. L’action adductive qui rend le Christ présent n’est pas non plus nécessaire, car à supposer que le Christ fût déjà présent dans le pain et le vin ou sous les espèces du pain et du vin en vertu d’une action distincte des paroles de la consécration, celles-ci opéreraient alors la séparation mystique. L’action sacrificielle n’est donc pas une action physique, mais une action morale dont l’Instrument se trouve dans les paroles de la consécration. Ibid., n. 38-42.

lui morale, Vazquez accepte la division tripartite des actes en moralement bons, mauvais OU indifférents. La moralité d’un acte n’est pas liée à sa volontariété et a sa liberté, mais plutôt à une dénomination commune aux actes bons, mauvais ou Indifférents, espèce de regulabilita » per rollonan, In I* m -II r, disp. LXXIII, n. 43, que Vazquez explique très peu ; cf. Frins, De acttbtu humants, 1904, t. ii, p. 19, et 6-7. Vazquez est probabiliste, mais avec mu teinte de tutiorisme. Lorsqu’on ne peut arriver a l.i certitude sur l’existence ou la signification de la loi. on peut aller contre la loi, cpiel que soit le

degré de probabilité, si du moins il est solide, et s’il s’agit de licito vcl illicito. In I* m -II*, disp. LXII, n. 15 ; disp. LXIII, n. 1. Mais si, à rencontre de la loi, il n’existe aucune probabilité positive, et seulement un doute, de fait ou de droit, on doit agir selon la loi. In I™-II*, disp. LXV-LXVI. Cf. art. Probabilisme, t. xiii, col. 470-473. Pour Vazquez, la loi est un acte de raison, non de volonté, car elle est un impérium, un jugement intellectuel exprimant la volonté du supérieur à l’inférieur. In P m -1I K, dis]). CL, n. 20. La loi naturelle est antérieure à tout acte de raison ou de volonté, même en Dieu. Primo et per se, elle s’identifie avec la nature raisonnable, avec laquelle certaines actions ont une relation de convenance ou d’opposition. Ibid., n. 23-24. Cependant, en tant qu’elle descend de Dieu sur les créatures, on peut la dire acte de raison. Ibid., n. 25-26. La loi éternelle n’est pas une loi à proprement parler, mais plutôt une idée exemplaire selon laquelle Dieu se propose de créer une nature raisonnable. / » -//*, q. xci, a. 1, explicatio articuli.

Biographie et Bibliographie.

Kieremberg, ’arones

de la Compania de Jesiis en la Asistencia de Espana, Bilbao, t. viii, 1891, p. 355-379 ; Astrain, S..1., Historia de la Compania de Jesiis en la Asistencia de Espana, t. iii, 1913, p. 68-73 ; R. de Scorraille, S..J„ François Suarez, Paris, 1912, voir l’index à Vazquez ; Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. viii, col. 513-519 ;.M. Hivière, Corrections et additions à la Bibl. de la Comp. de Jésus, col. 857858 et 1239 ; Hurter, Nomenclator, 3° éd., t. iii, col. 385-389.

Manuscrits : Lettre de 14 feuilles, écrite en latin, peu après la mort de Vazquez, par un de ses amis, conservée dans l’histoire manuscrite du collège d’Alcala par le P. Cristobal de Castro, t. i, appendices (Archives de la Province de Tolède, cote 1671 bis) ; Vie manuscrite, dans l’histoire manuscrite du collège d’Alcala (mêmes Archives, cote 1692, 1).

Doctrine.

W. Hentrich S..1., dans Buchberger,

Lexikon jùr Théologie und Kirche, t. x, col. 511-513 ; Menendez y Pelayo, (Eiwres, t. ix, 1918, p. 84-85 : le platonisme de Vazquez ; Marcial Solana, Los grandes Escolasticos espanoles de los ss. XVI g XVII, Madrid, 1928, p. 108-128 : la philosophie de V. ; Fr. Stegmuller, Zur Priedestinationslehre des jungen Vazquez, dans Beitr&ge z. Geschiehte der Philosophie u. Théologie des M. A., Supplementband iii, fasc. 2, 1935, p. 1287-1311 ; Cereceda S. J., Censuras y apologias del libro De Adoralionc del P. Vasquez, dans Estudios Ecclesiaslicos, , t. xiv, 1935, p. 555-564 ; L. Sullivan S..1., Justification and the inhabitation of the Holy Ghost, the doctrine of Fr. Gabriel Vazguez, Chicago, .1940 ; Karl Hschweiler, Die Philosophie tler spanischen Spdlscholastik au/ den deutschen Universitàten des siebzehnten Jahrliuntlerts, dans Gesammelte Aufsàtze zur Kulturgeschichte Spaniens, I. Peihe, Munster, 1928, p. 298, influence de Vazquez et de Suarez sur la philosophie allemande du xvir siècle. L’auteur cite, sur ce même sujet : Peter Petersen, Geschiehte der arisliilclischen Philosophie im protestantischen Deutschland, Leipzig, 1921 ; Emile Weber, Die philosophische Scholastik des deutschen l’rotestantismus im Zeilaller der Orthodoxie, Leipzig, 1007 ; Troltscl), Vernunjt uiul Offenbarunij bei Johann Gerhard und Melanrhtlwn, Gœttlngue, 1891.

.L H ELI. IN.


1. VEGA (André de), frère mineur (1490-1560).

— Né d’une famille noble de Ségovie en 1490, il fit de brillantes études à Salamanque, où il enseigna lui-même ensuite, quelque temps. Il demanda ultérieurement son admission dans l’ordre des frères

mineurs de l’Observance et y brilla par sa vertu autant que par sa science. Cbarles-Quint l’envoya comme un de ses théologiens au concile de Trente, où il joua, avec Dominique Soto, un rôle très considérable. Sa connaissance du grec et de l’hébreu lui donnait une compétence spéciale pour disenter les questions

script ui aires et il eut la gloire de voir le concile adopter son Opinion dans le décret sur les Lentilles caim niques. Il eut une grande part aussi dans les disCUS