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URBAIN DE SICCA VENERIA URRUTIGOYT]

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raison à Antonius : il fallait rétablir celui-ci à Fussala : bientôt le bruit se répandit que les pouvoirs publics, que la troupe allaient intervenir pour remettre manu militari sur son siège celui que la population repoussait. Sur les entrefaites le pape Boniface était mort (septembre 422) ; ce fut Célestin qui reçut la pétition des gens de Fussala, le suppliant de les délivrer des menaces d’Antonius. Saint Augustin intervint dans le même sens aunrès du nouveau pape (c’est la lettre citée plus haut). Cette requête de l’évêque d’Hippone est des plus intéressantes pour la question des appels. Il demande au pape de ne point faire exécuter une sentence dont le plus certain effet serait de rejeter dans le donatisme les habitants de Fussala ; mais, s’il conjure le pape en des termes pathétiques de lui épargner à lui-même cette tristesse, il ne lui vient pas à la pensée de considérer la sentence romaine comme un abus de pouvoir. Du moins veut-il expliquer au Siège apostolique, dont la bonne foi a pu être surprise, la manière dont s’est déroulée l’action contre Antonius. Ce qu’a statué contre lui le concile d’Hippone était on ne peut plus juste ; de semblables mesures avaient été prises récemment ou en des temps passés, au vu et su du Saint-Siège qui les avait ou dictées lui-même ou approuvées. Que le pape Célestin, collaborant avec les Africains, reprenne l’étude du dossier transmis par le primat de Numidie et donc les procès-verbaux du concile d’Hippone, qui a jadis condamné Antonius, et il se rendra compte du bienfondé de la sentence rendue. S’il persistait dans la décision prise par son prédécesseur d’imposer Antonius à Fussala. Augustin n’aurait plus qu’une issue : résigner sa charge d’évêque d’Hippone et se retirer dans la retraite pour expier la faute qu’il a commise en portant à l’épiscopat un homme qui désole l’Église de Dieu.

Somme toute, loin de repousser a priori toute intervention du Siège apostolique dans les affaires de l’Afrique chrétienne, Augustin demande au pape de s’unir aux efforts qu’il fait lui-même pour conserver la paix. Nous sommes très loin de la défiance manifestée par le concile de 426 à l’endroit du premier siège et de l’exclusive brutale prononcée alors contre toute intervention du pape dans les affaires administratives de l’Église africaine. Cette attitude de l’évêque d’Hippone paraît d’ailleurs plus conforme aux précédents que l’allure un peu rogue et que l’irritation mal dissimulée d’Aurèle et de ceux qui ont signé avec lui le manifeste de 426. Il n’y a pas à s’arrêter à la fable signalée par Tillemont, Mémoires, t. xiii, p. 865, selon laquelle, depuis Aurèle jusqu’au début du viie siècle, l’Église d’Afrique aurait été séparée de Rome et n’aurait obtenu sa réconciliation qu’à la condition de condamner toutes les pièces faites contre les privilèges de l’Église romaine.

Les sources : actes conciliaires et synodales, avec la lettre de saint Augustin, ont été toutes citées dans l’article. Les actes du concile de 419 se trouvent deux fois dans Mansi, au t. iii, col. 699-844, sous le titre : Codex canonum Ecclesiæ Africanse, avec une traduction grecque, car les collections byzantines ont inséré ce concile de Cartilage à la suite des autres ; les mêmes textes se retrouvent, mais dispersés, au t. IV.

Les travaux ont été fort nombreux, l’affaire Apiarius ayant un très grand intérêt pour la doctrine des appels au Saint-Siège ; tous les historiens de l’Église en traitent plus ou moins abondamment. Voir parmi les anciens, Tillemont, Mémoires, t. xiii, p. 869 sq., qui représente bien le point de vue gallican. Parmi les modernes, dom Chapman, Apiarius, dans Dublin Review., 1901, p. 98-122, tendance nettement apologétique ; de même nuance, P. Batiffol, dans le Catholicisme de saint Augustin, Paris, 1920, t. ii, p. 443472. Voir aussi dom Leclercq, L’Afrique chrétienne, t. ii, p. 130 sq., et les notes du même, dans Hefcle-Leclercq, Histoire des conciles, t. i b, p. 764 (bibliographie sommaire) ;

L. Duchesnc, Histoire ancienne de l’Église, t. iii, p. 242-257 ; Ci. Hardy, dans Fliche-Martin, Histoire de l’Église, t. iv, p. 258 sq. ; E. Caspar, Geschichte des Papsttums, t. i, 1930, p. 352-372.

É. Amann.


URRABURU Jean -Joseph, jésuite espagnol. — Né à Ceànuri (Biscaye), en 1844, il entra en 1860 au noviciat de Loyola (Guipuzcoa). Après ses études de philosophie, il enseigna les humanités et la rhétorique aux jeunes religieux, à Loyola d’abord, puis, après l’expulsion des jésuites d’Hspagne, en 1868, à Saint-Acheul près d’Amiens (1866-1869). Après avoir étudié la théologie en Angleterre et à Salamanque, il fut professeur de philosophie et de théologie au scolasticat, réfugié à Poyanne dans les Landes (1874-1878). lui 1878, il fut appelé à l’université grégorienne à Rome, afin de seconder les projets de Léon XIII pour la restauration de la philosophie scolastique et thomiste. Il y enseigna la philosophie pendant neuf ans. De retour en Espagne, il fut successivement recteur du collège de Valladolid (1887-1890), du scolasticat d’Ofia (1891-1896) et du séminaire central de Salamanque (1896-1900). Il mourut à Burgos en 1904, laissant une grande réputation de sainteté et de scienee.

Son enseignement de Rome est à la base de son grand ouvrage, Institut iones philosophiez, 8 vol., Valladolid, 1890-1900. Il comprend tout le cadre de la philosophie scolastique : logique, ontologie, cosmologie, psychologie (3 vol.), théodicée (2 vol.). Il en donna une édition résumée : Compendium philosophie scholasticæ, 5 vol., Madrid, 1902-1904. Il publia en outre, en espagnol, deux séries d’articles dans la revue Raton y Fé : La vraie place de la philosophie dans l’ensemble des sciences, 2 articles, 1. 1, 1901 ; Le principe vital et le matérialisme devant la science et lu philosophie, 5 articles, t. viii-xi, 1904 et 1905. Le P. A. de Madariaga S. J. a publié une traduction de quelques chapitres des Insliluliones sous le titre de Principius [undamentales de antropologia, Madrid, 1901.

Clarté et ordre, méthode rigoureuse, analyse pénétrante, information extrêmement étendue et sûre, tant pour les œuvres scolastiques anciennes et modernes que pour les auteurs étrangers ou hostiles à la scolastique, exactitude et courtoisie dans l’exposé et la discussion des opinions opposées aux siennes, telles sont les principales qualités des Institutiones. L’auteur ne vise pas à l’originalité de la doctrine ; il reste dans la ligne traditionnelle de la philosophie scolastique, en suivant de plus près Suarez. Son attachement profond à saint Thomas ne l’empêche pas de s’écarter de sa doctrine sur certains points, usant de la liberté laissée par les directives pontificales et suivant les exemples d’illustres prédécesseurs.

Diccionario enciclopedico Espasa-Calpe, art. Vrrâburu ; A. Nadal, S.J., La psicologia del P. Vrrâburu, dans Razon y Fé, t. xiv, 1906, p. 314-330, C. de Beaupuy et Ch. Delmas. Compte-rendus développés. Études, t. iii, lxxi, lxxvii, lxxviii, partie bibliogr. de 1893 et 1885 ; Marcial Solana, Historia de la filosofia espanola del siglo XVI, Madrid, 1942, t. iii, p. 510 ; Hurter, Nomenclator, 3° éd., t. v, col. 1870 ; Buchberger, Lexikon fur Théologie und Kirche, t. x, col. 448.

J. Hellin.


URRUTIGQYTI (Thomas Francès de), franciscain espagnol, mort en 1682. — Son œuvre, bien oubliée aujourd’hui, intéresse particulièrement la mariologie : 1. Certamen scholaslicum. exposilivum argumentum pro Deipara continens qux de instanti Conceptionis possunt controverti, stylo scholaslico et positiva spcculatione, Lyon, 1660, in-fol. ; — 2. Certamen scholaslicum compleclens nalulitium Yirginis. prœsenlalionem, desponsationem. anntuitiationem, visi-