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UHBAIN IV — URBAIN V


pièces est dans Mansi, ConciL, t. xxiii, col. 1076 et 1077.

Quelques jours plus tard, Urbain IV quittait Orvieto, où il ne se sentait pas suffisamment en sûreté, pour Permise ; il était déjà malade et le trajet dut se faire en litière. À peine arrivé il expirait, le 2 octobre 1 2(54. Il fut inhumé dans la cathédrale Saint-Laurent. Quand la cathédrale fut réédifiée au xiv siècle, les monuments d’Innocent III, Urbain IV et Martin IV furent sacrifiés. Les restes des trois papes ont été réunis, depuis 15115, dans un tombeau commun.

I. Sources.

Potthast, Regesta pontificum Romanorum, t. ii, p. 1474-1541, un certain nombre des documents signalés se retrouvent in extenso dans les Annales ecclesiastici de Kaynaldi ; voir aussi J. Guiraud, Les registres d’l T rbain IV, 3 vol. ; il y a une biographie ancienne, en vers médiocres, de Thierry de Vaucouleurs, dans Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. iii, 2e partie ; tenir compte également des nombreuses chroniques contemporaines, dans Muratori, ibid., et dans les Monumenta Germania’historiea.

II. Travaux.

Aucune monographie d’ensemble ; se reporter aux ouvrages généraux mentionnés aux bibliographies d’Innocent IV, Alexandre IV, Clément IV. Ces travaux déjà anciens auxquels on ajoutera Hampe, Urban IV. und Manfred, 1905, et Kempf, Gesch. des Reiches wàhrend des grossen Interregnums (1245-1273), 1893, sont annulés par ceux de E. Jordan, Les origines de la domination angevine en Italie, Paris, 1909, et L’Allemagne et l’Italie aux A’// « et XIIIe siècles. Histoire du Moyen Age, publiée sous la direction de G. Glotz, t. iv, l re partie, Paris, 1939 ; pour la question anglaise voir Ch. Petit-Dutaillis, L’essor des États d’Occident, même collection, t. iv, 2e partie, Paris, 1937, p. 196-217.

É. Amann.


URBAIN V (Le bienheureux), pape du 28 septembre 1362 au 19 décembre 1370. — Guillaume de Grimoard naquit, en 1310, au château de Grisac (Lozère), de Guillaume, sire de Grisac, Bedouès, Bellegarde, Montbel et Grasvillar, et d’Amphélise de Montferrand. Après avoir étudié à Montpellier et à Toulouse, il entra au prieuré bénédictin de Chirac, fit profession à l’abbaye Saint-Victor de Marseille et suivit ensuite les cours des universités de Toulouse, Montpellier, Avignon et Paris. Le 31 octobre 1342 il obtint le doctorat en droit canonique et professa dans diverses universités. Ses talents lui valurent la charge de vicaire général de Pierre d’Aigrefeuille, évêque de Clermont et d’Uzès. Cf. J.-H. Albanès, Pierre d’Aigrefeuille, évêque d’Avignon, de Vabres, de Clermont, d’Uzès et de Mende, Marseille, 1877, p. 13-19. Peu après sa nomination comme abbé de Saint-Germain d’Auxerre (13 février 1352), Clément VI l’envoya en ambassade près de Jean Visconti, archevêque de Milan. Il s’agissait de presser l’exécution du traité du 27 avril qui accordait à celui-ci pour dix ans le vicariat de Bologne contre le versement de 100 000 florins et un tribut annuel de 12 000. Le pape, qui n’ignorait rien des menées astucieuses du prélat avait donné ordre de ne lui concéder l’investiture que si étaient rendues les villes de Bettona et d’Orvieto prises par un de ses lieutenants. Guillaume Grimoard s’acquitta facilement de sa mission : parvenu le 8 septembre à Bologne, il présida, le 2 octobre, la cérémonie de l’investiture. Le 19 octobre, il concédait le vicariat de Ferrare au marquis d’Esté Aldobrandino. Sur son ambassade, P. Lecacheux a réuni un dossier de documents : La première légation de Guillaume Grimoard en Italie quilletnovembre 1352), dans Mélanges d’archéologie et d’histoire, t. xvii, 1907, p. 409-439.

En 1354, Guillaume de Grimoard se rendit de nouveau en Italie avec mandat de régler la bonne répartition des offrandes faites par les fidèles au maîtreautel de la basilique Saint-Pierre de Borne contrairement aux agissements du chapitre. En 1360, il communiquait au légat Albornoz les ordres de la cour

pontificale au sujet du Bolonais. La chronique de Bimini relate que Barnabe Visconti lui réserva un fort mauvais accueil. Enfin, en 1362, il était chargé de défendre les droits que possédait le Saint-Siège dans le royaume de Naples. Au cours du voyage lui parvint la nouvelle que les cardinaux l’avaient élu pape le 28 septembre 1362. À cette époque il n’était qu’abbé de Saint-Victor, à Marseille. Débarqué dans ce port le 27 octobre, il fut intronisé à Avignon le 31 et couronné le 6 novembre.

Durant tout son pontificat Urbain V se conduisit en religieux soucieux de pratiquer la règle bénédictine. Les actes de sa béatification permettent’de connaître par le menu ses occupations journalières. Le pape partageait son temps entre la prière, l’étude et l’administration de l’Église. Son aménité et l’éclat de ses vertus lui attirèrent l’estime générale des contemporains. Pétrarque a accumulé les louanges dans une de ses lettres séniles, t. VII, ep. i.

Urbain V se montra grand protecteur des lettres et des sciences. A Trets, à Manosque, à Saint-Germain-de-Calberte, à Saint-Boinan, à Jigean, à Orange, à Vienne, à Cracovie, il érigea des studiu. A Padoue il fonda une faculté de théologie, à Montpellier le collège des douze médecins réservé à des étudiants originaires du Gévaudan et celui de Saint-Pierre ; à Bologne, un autre pour les étudiants pauvres. Les universités d’Orléans, d’Orvieto, de Toulouse et de Paris reçurent de nouveaux et salutaires statuts. Voir M. Fournier, Les statuts et privilèges des universités françaises, Paris, 1890 ; H. Denifle et E. Châtelain, Charlalarium universitatis Parisiensis, Paris, 1891-1894, t. n et m ; G. Brotto et G. Zonta, La facoltà teologica dell’università di Padova, Padoue, 1922.

Urbain V fut aussi grand bâtisseur : il embellit le palais apostolique à Avignon, construisit en partie l’enceinte fortifiée de cette ville restaura l’abbaye Saint-Victor de Marseille et maintes églises romaines, réédifia la cathédrale de Mende, érigea des collégiales à Quézac et à Bédouès, éleva le clocher du prieuré de Chirac.

Ses libéralités, à vrai dire, eurent pour résultat d’obérer fortement les finances pontificales au point de l’obliger à emprunter aux cardinaux et à lever sur le clergé des impôts trop lourds en un temps où la guerre ravageait la France.

Soucieux de réfréner les abus qui sévissaient à sa cour, il mit un frein à la cupidité des procureurs et des avocats, réglementa les services de la Chambre apostolique, diminua de moitié le taux de la décime qui servait de base à la perception de l’annate et combattit le cumul des bénéfices. Sous son impulsion furent tenus plus régulièrement des conciles provinciaux.

La politique lui créa de sérieux tracas en Italie où Barnabe Visconti travaillait à arrondir ses domaines aux dépens de l’Église. Urbain V eut d’abord la sagesse d’écouter les conseils du légat Albornoz, qui prônait la guerre à outrance contre un tyran déloyal. La prédication de la croisade (4 mars 1363) réussit à merveille. Des renforts parvinrent d’Allemagne, de Pologne, d’Autriche et de Hongrie. Le sort de Barnabe eût été facilement réglé, si le pape n’avait subitement changé de tactique. Subissant l’influence des cardinaux et obéissant aux suggestions des ambassadeurs du roi de Chypre, il sacrifia Albornoz (26 novembre 1363) et chargea le cardinal Androin de la Boche de conclure la paix : le 3 mars 1363 un traite quelque peu déshonorant restitua à l’Église toutes les forteresses du Bolonais et de la Bomagne occupées jusque-là contre tout droit par Barnabe, moyennant le paiement d’une énorme indemnité de 500 000 florins.