Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/378

Cette page n’a pas encore été corrigée
2285
2286
URBAIN II — URBAIN III


nature, et tout spécialement les ornements d’Église, que les évoques ou les abbés avaient coutume d’offrir à l’occasion de leur sacre ou de leur bénédiction. Jaffé, Regesta, post. n. 5787. Semblablement une des dernières bulles pontificales est celle par laquelle Urbain confirme les règlements, les biens et les privilèges des chanoines réguliers de Rodez. Jaffé, n. 5805. La lutte contre les abus dont souffrait l’Église, le soutien cherché dans cette lutte auprès des religieux, moines ou séculiers, ce furent en effet les deux grandes idées du pontificat, avec celle de la croisade d’Orient qui fut encore traitée au dernier concile romain.

Urbain n’est pas arrivé sans lutte à faire triompher ces idées. Dans la notice assez longue que lui consacre le Liber pontificalis de Pierre-Guillaume, l’auteur, sortant, par extraordinaire, de son style impersonnel, écrit de lui : « Cet illustre pontife, qui, en son temps, mena une vie sainte, gouverna bien l’Église romaine, opposa ses doctrines aux dogmes des hérétiques et de ce chef essuya bien des persécutions ; à la fin cependant il délivra suffisamment cette Église de Rome. Confesseur du Christ, bon soldat du Christ, il rendit son âme à Dieu le 20 juillet, dans la demeure de Pierleoni, auprès de Saint-Nicolas in carcere. » Il faut donc croire que le palais du I.atran ne présentait pas encore toute garantie, qu’il restait encore à Rome des adversaires. Aussi bien le biographe ajoute ces derniers mots : « C’est par le Transtévère, à cause des embûches possibles de ses ennemis, que son corps fut conduit à Saint-Pierre où il fut enterré honorablement. » Duchesne, t. ii, p. 204. En d’autres termes si Urbain avait mené toute sa vie le bon combat, il n’avait pas remporté encore une victoire absolument définitive.

I. Sources.

Il y a une Vie d’Urbain II par Pierre de Pise, que l’on trouvera dans Duchesne, Liber pontificalis, t. ii, p. 293 sq. ou dans Watterich, Pontificum liomanorwn vilæ, 1. 1, p. 571-574 et p. 744-746 ; en ce dernier ouvrage on lira, p..">7 1-G20, les extraits des annales contemporaines, les divers textes relatifs au concile de Clermont, p. 598-603, où est rapporté le discours d’Urbain relatif à la délivrance de la Terre-Sainte. Les diverses lettres d’Urbain dans.Jafïé, lier/esta pontificum Homanorum, t. i.

II. Travaux.

Ils sont relativement nombreux ; parmi les anciens il faut encore tenir compte de la Vie rédigée par Ruinait, reproduite dans P. L., t. ci.i, col. 9-266, et de la notice de l’Histoire littéraire de la France, t. viii, p. 514 : > : < : ’, ; le meilleur résumé des travaux modernes est donné, avec renvoi aux sources principales et aux travaux dignes d’être retenus, dans A. Fliche.t. viii de l’Histoire de l’Église publiée par A. Fliche et V. Martin, Paris, 1941, p. 177 sq.

É. A.MANN.


URBAIN III, pape du 25 novembre 1185 au 2(1 octobre 1187. — Le pape Lucius III était mort a Vérone, où il séjournait depuis juillet 1184, le 25 novembre ILS"). Le même jour, dans cette même cité, les cardinaux élisaient, pour le remplacer, Hubert Crivelli, archevêque de.Milan depuis janvier de cette même année. Il fui Intronisé le dimanche 1 er décembre, dans une église qui portait le titre de Saint-Pierre, et prit le nom d’Urbain III. De tout son pontifical qui dura à peine deux ans. Urbain ne devait quitter Vérone que pour Ferrare (octobre 1187) ; les mêmes raisons qui aaient écarté Lucius III de sa capitale, empêcheraient Urbain I II d’y rentrer.

Semblablement héritait-il, pour ce qui était de ses rapports avec l’empereur Frédéric Barberousse, de la situation qu’avaient créée les hésitations et les incertitudes de I.ucius. La réunion de Vérone OÙ s’étaient rencontrés en octobre 1184 le pape et l’empereur Frédéric n’avait pas réglé définitivement les sujets de litige qui. après la paix de Venise, existaient les deux puissances ; la question de l’héritage de lai mut esse Mathilde, le sacre anticipé de Henri VI et, parmi les affaires ecclésiastiques, la compétition pour le siège archiépiscopal de Trêves entre Folmar, candidat du pape, et Rodolphe, déjà investi par l’empereur. Tous ces problèmes, Urbain III ne semblait pas préparé à en chercher une solution pacifique. La ville de Milan, aux destinées religieuses de laquelle il avait présidé, avait bien, depuis 1183, fait sa paix définitive avec l’empereur ; elle avait même, en février 1185, contracté une alliance en règle avec lui. Aux termes de ce traité, Milan aiderait Frédéric à défendre tous ses droits en Lombardie, dans les Marches, la Romagne et spécialement sur « les terres de la comtesse Mathilde » ; elle assisterait l’empereur dans sa lutte avec Crémone. Mais l’archevêque de Milan n’avait pas suivi l’évolution de sa ville natale ; sa famille avait eu beaucoup à souffrir des événements de 1162, et l’archevêque en gardait le souvenir. Urbain III conserverait à l’endroit de l’empereur un peu de cette rancune. C’est du moins l’explication que donnent les Gesta Tret’irorum, dans Watterich, Pontificum Rom. i>il ; r, t. ii, p. Gf>5. Pourtant la première lettre par laquelle il signifia son élection à Frédéric était tout à fait irénique. Le pape se félicitait de la présence de l’empereur dans la Haute-Italie et si près de lui : ce serait un appui pour les heures difficiles. De son côté il ferait tout le possible pour assurer de bonnes relations entre l’Église et l’Empire. Jaffé, Reyesta, n. 15 475. En fait Urbain ne perdait le souvenir d’aucun des griefs que la Curie resassait contre l’empereur. Ils s’étalent dans une lettre pontificale à l’archevêque de Magdebourg, en date du 24 février 1186. À plusieurs reprises, dit le pape, nous avons prévenu l’empereur qu’il ait à rendre à l’Église romaine les possessions qu’il occupe indûment. A ces demandes les réponses ont manqué de sérénité ; l’empereur ne semble avoir aucun dessein d’accomplir les gestes qui affermiraient la paix entre les deux pouvoirs. Jaffé, n. 15 534. Mais le pape, de son côté, faisait-il le nécessaire pour assurer cette concorde ? On pourrait en douter devant le geste symbolique qu’il fait à la Pentecôte de 1186. En la vigile de la fête, il élève Folmar au cardinalat et, le jour même de la solennité, le sacre archevêque de Trêves. Dans les mois qui précèdent il n’avait pas ménagé son appui moral à la ville de Crémone en lutte contre Frédéric, Quand cette place eut été emportée, le 8 juin 1186, il essaie bien, dans une lettre à l’empereur, de se justifier, mais ce lui est une nouvelle occasion de reprendre, une fois de plus, les griefs qu’il a contre le souverain : Frédéric avait promis de prendre sous sa protection le patrimoine de l’Église et de préposer tout spécialement à cette fonction son fils Henri. Or, celui-ci faisait servir à l’oppression des territoires pontificaux le pouvoir qui lui avait été délégué ; à Narni, à Yiterbe, à Permise, qui étaient de l’État pontifical, ailleurs encore, il exigeait des redevances auxquelles il n’avait pas droit. L’empereur reproche au pape d’avoir soutenu Crémone ; cela porte à faux. Le pape n’a jamais interdit aux évêques et aux communes de Lombardie d’aider l’empereur à réduire la ville ; tout ce qu’il a fait c’est d’enjoindre aux belligérants d’épargner, autant que possible, les possessions de cette cité. Par contre l’empereur a commis à son endroit maint abus de pouvoir : ses officiers à Turin, à [vrée, ailleurs on1 accablé d’exac lions les gens d’Église, pendant que son fils Henri mettait à rançon les églises de Toscane. Il est grand temps que le souverain retienne son lils. sinon le pape sera obligé de faire ce que requiert l’honneur de Dieu. Jaffé, n. 15 634 (18 Juin 1 186). À ces menaces Frédéric répondit en bloquant élroitenient le pape dans Vérone, » en sorte, disent les Annules rumiiinrs, que ni le pape, ni les cardinaux qui étaient avec lui ne pou valent sort Ir « le la cité elle même ; ci si quelqu’un de la curie pontificale était pris par les Allemands, il ris