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    1. UNITE DE L’EGLISE##


UNITE DE L’EGLISE. CONCLUSIONS

J J 12 1 i

1927, Denz.-Bannw., n. 2199 ; du même pape, l’encyclique Mortalium animos, G janvier 1928, dans Acta apostolicm Sedis, 1928, p. 13, 18.

Le concile du Vatican avait préparé toute une déclaration dogmatique sur l’unité de l’Eglise :

Si quis dixerit veram Ec-Si quelqu’un dit que la

clesiam non esse unum in se véritable Eglise n’est pas un

corpus, sed ex variis dissi-corps un en soi, mais qu’elle

tisque christiani nominis so-est constituée des diverses

cietatibus constare per eas-sociétés dites chrétiennes

que dilTusam esse ; aut varias dispersées dans le monde et

societates ab invicem lidei qu’elle est ainsi répandue par

professione dissidentes atque elles ; ou que les diverses

communione sejunctas, tan-sociétés, en divergences en quam membra vel partes tre elles par leur profession

imam et universalem cons-de foi et séparées de commu tituere Christi Ecclesaim, nion, constituent l’Église du

A. S. Christ, une et universelle, en

Collectif) Lacensis, t. vii, tant qu’elles en sont les

col..">77 a. membres ou les parties, qu’il soit anathème.

2. Commentaire des documents.

Nous suivrons dans ce commentaire les chapitres dogmatiques préparés par les théologiens du concile du Vatican.

a) L’Église corps mystique du Christ (c. i, col. 567 d). — L’Église continue le Christ, dont elle est le corps mystique. Tous les hommes, terrestres et charnels, revêlant l’homme nouveau, « créé selon Dieu dans une justice et une sainteté véritables » (Eph., iv, 24), forment un corps mystique dont le Christ est la Tête ou le Chef.

Pour réaliser l’union du corps mystique, le Christ Notre-Seigneur a institué le bain sacré de la régénération et du renouvellement. Par lui, les hommes… redeviennent membres les uns des autres, selon l’enseignement de saint Paul (Eph., iv ; I Cor., xii). Unis à leur chef divin par la foi, l’espérance et la charité, tous sont vivifiés par son unique Esprit, et reçoivent en abondance les dons de la grâce et des charismes célestes.

On retrouve ici un écho de renseignement du concile de Florence sur le baptême, décret pro Armenis, Denz.-Bannw., n. 696, et du concile de Trente, sess. xtv. De suer, partit., c. ii, ibid.. n. 895.

b) L’Église, fondée sous forme de société (c. II, col. 506 a). — Sans doute, la religion du Christ est avant tout affaire de vie intérieure et personne ne nie qu’il y ait un lien invisible entre toutes les âmes qui acceptent le message du Christ et y conforment leur vie. Mais la nature de l’homme l’incite à vivre en société ; aussi la religion de l’homme serait imparfaite si elle n’était aussi une religion sociale. Mais il faut avant tout chercher quelle fut la volonté du Christ en fondant l’Église, et cette volonté apparaît très licitement dans l’Évangile.

Le Christ n’a pas voulu que les « vrais adorateurs » adorassent le l’ère en Esprit et en vérité » chacun pour leur propre compte, sans être unis par aucun lien social. Il a voulu, au contraire, que sa religion fut rattachée à la société fondée par lui, au point qu’elle lui fut entièrement Menti liée et comme concrétisée en elle, de telle sorte qu’en dehors « le cette société, H n’y eût aucune vraie religion chrétienne.

c) L’Église est une société vraie, parfaite, spirituelle cl surnaturelle (c iii, col. ">i’, , n a). Certains ont voulu Voir dans l’Église un groupement organisé par les hommes eux-mêmes. Mais non : sa constitution et son organisation viennent de son divin fondateur : société vraie, elle est a la fois parfaite, spirituelle et surnal urelle :

Elle n’est ni un membre ni une partie d’une autre société quelconque et elle ne doit être confondue ni mêlée avec aucune outre ; mail elle est parfaite en elle-même ; a ce point que, tout en se distinguant (le toutes les sociétés

humaines, elles c-i pourtant souverainement supérieure à

toutes… (.’est au sein de l’Eglise que l’Esprit-Saint Comble

les hommes de ces biens et de ces richesses (surnaturelles) ; c’est en elle qu’il les groupe, dans l’unité par les liens de la charité : concluons donc que l’Église elle-même est une société spirituelle et d’un ordre tout à fait surnaturel.

d) Ce c. ni appelait une précision : si l’Église est une société spirituelle et surnaturelle, ne faut-il pas en conclure qu’elle est invisible et que ses membres ne sont unis entre eux que par des liens intérieurs et invisibles’? Conclusion déjà condamnée à Constance contre Wicleff et Hus, Denz.-Bannw., n. 595, 656 ; à Trente, indirectement, contre Luther, ibid., n. 838 ; par Clément XI réprouvant les prop. 72-78 de Ouvsnel, ibid., n. 1 122-1428 ; par Lie VI rejetant la prop. 15 du synode janséniste de Pistoie, ibid., 1515. Le c. iv du projet (col. 5(38 cd) précise parfaitement la doctrine catholique sur ce point et prépare le c. v, où la question de l’unité de l’Église est directement abordée.

A Dieu ne plaise cependant que l’on croie que les membres de l’Eglise ne sont unis que par des liens tout intérieurs et invisibles et qu’ils constituent par conséquent une société cachée et absolument invisible. Au contraire, la sagesse et la puissance éternelle de Dieu ont disposé les choses de manière qu’aux liens spirituels et invisibles qui, par l’Esprit-Saint, rattachent les fidèles à la tête suprême et invisible de l’Église, correspondissent des liens extérieurs et visibles…

De là un magistère visible, chargé de proposer aux fidèles les vérités… ; un ministère visible, ayant mission d’organiser publiquement l’usage des mystères divins et leur célébration. .. ; un gouvernement visible, qui ordonne l’union des membres de l’Eglise entre eux et qui dispose et dirige toute la vie extérieure et publique des fidèles. De là, enfin, le corps visible de l’Église entière, auquel appartiennent non seulement les justes et les prédestinés, mais même les pécheurs, pourvu qu’ils soient unis dans la profession d’une même foi et la même communion.

Il est facile désormais d’établir en quoi consiste l’unité de l’Église. C’est l’objet du chapitre suivant.

e) L’unité visible de l’Église (c. v, col. 569).

Puisque l’Église véritable du Christ est telle, nous déclarons que cette société visible et manifeste est précisément cette Eglise objet des promesses et des miséricordes divines, que Jésus a voulu distinguer des autres et orner de tant de prérogatives et de privilèges. À cette Église, il a donné une constitution à ce point déterminée, qu’aucune société séparée de l’unité (le foi et de l’union à ce corps ne puisse en aucune manière être appelée une partie ou un membre de la véritable Église. Celle-ci n’est donc pas répandue ni dispersée parmi les diverses confessions qui se réclament du nom du Christ ; mais elle est toute ramassée en un, dans une parfaite cohésion. Elle offre aux regards, dans son évidente unité, un corps indivis et indivisible, qui est le corps mystique du Christ (dont parle l’Apôtre, Eph., IV, 4-0).

Deux assertions doivent être spécialement relevées : unité de la /ni et union au corps mystique dans une parfaite cohésion. À l’unité de la foi est nécessaire le magistère vivant de l’Église dont le schéma a parlé au c. iv. Mais ce magistère ne peut être cou lie au premier venu parmi le peuple chrétien. Il ne se trouve quc (liez » cci tains hommes choisis, à qui a élé donnée par Dieu la faculté d’accomplir et d’administrer les divins mystères et aussi le pouvoir de commander et de gouverner ». Léon XIII, encycl. Salis cognitum, Denz.-Bannw., n. 1956-1959.

Néanmoins l’unité de l’Église appelle un complément. Il faut, comme le dit encore Léon XIII. un i centre de l’unité ». Ibid., n. 19(10. Ce centre de l’unité se situe dans la hiérarchie, à deux degrés. Tout

d’abord dans la hiérarchie épiscopale, les évêques ayant revu le pouvoir d’enseigner et de gouverner ;

mais ensuite et surtout dans la primauté pontificale,

le corps épiscopal devant se grouper autour du suc (csseui (le Pierre et les fidèles ayant l’obligation de

considérer le pape comme le premier pasteur des

Ames.