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UNITE DE I. EGLISE THEOLOGIE PROTESTANTE

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Vagues à souhait, ces formules semblaient pouvoir être acceptées <le toute confession se réclamant du protestantisme. Et cependant la discorde doctrinale s’affirma au fur et à mesure que se multipliaient les sectes. Il fallut recourir aux formules de « concorde ». Déjà en 1529, le colloque de Marbourg marque une première nécessité d’entente entre luthériens et zwingliens : en 153(i, à Wittenberg, un compromis est signé entre les mêmes partenaires à propos de l’eucharistie ; en 1549, Calvin et Bullinger signent le Consensus Tigurinus. Puis viennent les formules de concorde proprement dites de 1567, 1570, 1573 (Souabe), 1574 (Souabe-Saxe). De « toutes les controverses théologiques et ecclésiastiques qui, dans la seconde moitié du xvie siècle, assombrissent le visage du protestantisme » (Muller-Kolde, op. cit., p. lxxiii), naît, le 28 mai 1576, la Solida de.clarutio, formule de concorde reçue par les deux tiers environ des partisans de la Confession d’Augsbourg. Mùller-Kolde, p. 568, 572. En 1577, le livre de Berg (Martin Chemnitz et Nicolas Selnecker) est accepté comme formulaire de concorde. Cf. Janssen, L’Allemagne et la Réforme, tr. fr., t. iv, p. 526-527 ; cf. t. iii, p. 391. Par une sorte de réaction, Georges C.alliste († 1656), voudra retenir, comme unique touche de l’orthodoxie, le consentement des cinq premiers siècles. Enfin plus près de nous, la fusion imposée aux luthériens et aux réformés de Prusse par Frédéric-Guillaume III Établit en 1817 une Église évangélique unie.

Les calvinistes.

Pour Calvin, comme pour

Luther, « l’Escriture saincte parle de l’Eglise en deux sortes ». Il y a d’abord l’Église invisible « en laquelle nuls ne sont compris sinon ceux qui par la grâce d’adoption sont enfans de Dieu, et par la sanctification de son Esprit sont vrays membres de Jésus Christ ». Et « il nous est nécessaire de croire l’Eglise invisible à nous et cogneue à un seul Dieu ». Mais il y a aussi l’Église visible : « toute la multitude des hommes, laquelle estant esparse en diverses régions du monde, fait une mesme profession d’honnorer Dieu et Jésus Christ, a le baptesme pour tesmoignage de sa foy ; en participant à la Cène proteste d’avoir unité en doctrine et en charité ; est consentante à la parolle de Dieu, et de laquelle elle veut garder la prédication ». Il faut nous maintenir dans la communion de cette Église visible, bien qu’elle contienne « plusieurs hypocrites mestez avec les bons qui n’ont rien de Jésus Chris ! fors que le litre et l’apparence ». Institution de lu relation chrétienne, I. IV, c. i, n. 7.

La notion d’une Église invisible se retrouve équivalemment dans le catéchisme de l’Église de Genève (1543), p. 125, qui présente l’Église comme la société des prédestinés ; et formellement dans la plupart des confessions calvinistes, par exemple, écossaise (1550), Irlandaise 1 1 61 5), el dans la profession de foi de l’Église évangélique de Genève (1848), a. 15. Cf. Karl Millier, Die Bekenntnisschriften der reformierlen lsirchc, Gutersloh, 1903, p. 256. 534 535, 906. Une telle conception entraîne fatalement la conclusion qu’il n’y a pas d’autre gouvernement d’autorité décisive dans l’Église que celui de l’Esprit-Saint agissant directement sur

les finies : c’est la doctrine du sacerdoce universel, en faveur duquel on insiste sur I Pet., ii, 9. Toutefois l’Église, même invisible, doit se manifester par des signes extérieurs. Apres l.uther. Calvin l’admet « Partout où nous voyons la parolle de Dieu estre purement preschéc et racontée, les sacrements estre administrez selon l’institution du Christ, là il ne faut douter nullement qu’il n’y ait Eglise » (Eph., n. 20). Institution, IV, i, 9. > L’unité consiste en deux liens ; assavoir qu’il V ait accord en saine doctrine et qu’il ail charité fraternelle… La conjonction que nous devons avoii en charité dépend tellement de l’unité de

1)1(1. 1)1 I III Dl.. (.AI MOL.

foy, que ceste-cy en est le fondement, la fin et la règle d’icelle. » Et Calvin d’ajouter que « l’accord en la doctrine doit se faire dans la parolle de Dieu ». Ibid., IV, ii, 5.

Les confessions calvinistes insistent à leur tour sur l’unité de foi nécessaire à l’Eglise ; imam debere esse Ecclesiam, una fide, indivisam, indivulsam. Aucun désordre (aTa^îa) ne peut être introduit dans l’Église ; et cependant sur des points même importants (de rébus non levibus) il y aura toujours des discussions et des dissentiments ; mais ce sera, en fin de compte, pour illustrer la vérité. Confessio helvetica posterior (1562), dans K. Miiller, op. cit., p. 195, 197. Cf. Confessio belgica, a. 37 (1561), p. 243 sq. ; Conf. scolica, a. 16 (1560), p. 256 ; Conf. hungarica, a. 5 (2) (1562), p. 426.

L’unité par les articles fondamentaux.

Sur la

théorie des articles fondamentaux, dont Jurieu s’est fait le principal protagoniste, voir t. i, col. 2025 sq. On a indiqué, ibid. col. 2029 sq., comment ces articles, non seulement ne suffisent pas à constituer l’unité de l’Église, mais la détruisent en réalité. On s’étonne qu’au xixe siècle des théologiens protestants aient pu encore y recourir pour justifier leur conception de l’unité de l’Église. Cf. F. Jalaguier, De l’Église, 1899, p. 264-279. Sur les articles fondamentaux et l’unité de l’Église, voir également Y. de la Prière, art. Église, du Dict. apol. de la foi catholique, t. i, col. 1272 sq.

Les tentatives d’union.

Au fur et à mesure que

les sectes se multiplièrent chez les protestants, l’unité de foi s’avéra impossible. Aux meilleurs esprits, c’est le retour à l’unité catholique qui parut la seule soin tion pratique.

1. Au XVIIe siècle. — Les tentatives d’union ont été indiquées ici aux art. Bossuet, t. ii, col. 1066 ; Leibniz, t. ix, col. 189-194 et Molanus, t. x, col. 2082. Voir, à ce sujet, dans les Œuvres de Bossuet, la correspondance de l’évêque de Meaux et de Leibniz, ainsi que les documents relatifs au « projet de réunion des prot estants d’Allemagne à l’Église catholique ». Quatre documents sont importants : les règles proposées par les théologiens de Hanovre ; le projet de l’abbé Molanus de Lokkum ; le sentiment de Bossuet ; l’ouvrage composé sur ce sujet par Bossuet à la demande de Clément XI, De professoribus confessionis augustana’ad repelendam unitatem catholicam disponendis. Bien que cet effort d’ensemble n’ait pas abouti, on y constate, de part et d’autre, une réelle volonté de résoudre les difficultés pendantes par le seul moyen efficace, le retour à l’unité de la foi. On consultera aussi A. Bàss, Die Konvertilen seit der Reforma/ion, næh ihrem Leben und ans ihren Schriften dargestellt, lribourg-en-B., 1866-1880, 13 vol.

Par contre, certains ailleurs exercent leur Influence en un sens opposé : William Chillingwort h ( f 1644), Th. Hobbes (+ 16)79) et J. Locke († 1704) élargissenl les bases de l’unité chrétienne. Deux choses suffisent : 1. croire en Dieu, créateur et pro vident ; en.lésus-Christ, Messie, destiné par Dieu de toute éternité au salut de l’humanité ; 2. chercher, chacun selon sa possibilité, à trouver dans la sainte Écriture seule la règle de la foi, Chillingworth, La religion protestante, voie sûre du salut (tr. fr.) ; I Iobbes, De eivilale christiana, t. ii, C. xxxix, xi.n ; De cive, lit. De religlone, C. xviii ; J. Locke, Le christianisme raisonnable. Ir. fr., t. ï, c. iv, v, vi ; t. H, passim. l’n peu plus tard. Bayle se fera l’apôtre de l’indifférentlsme en matière religieuse : toutes les religions sont bonnes ; est chrétien quiconque Obéit à sa conscience. Commentaire philosophique sur les paroles de JésUS-ChrUt : » Contrains-les d’entrer ». où l’on prouve qu’il n’y a rien de plus abominable que de faire des conversions par eon

Irainle (1686).

XV,

70.