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    1. UNITÉ DE L’ÉGLISE##


UNITÉ DE L’ÉGLISE. THEOLOGIE ORTHODOXE

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de saint Thomas sans lui donner une portée apologétique. Nous ne faisons que signaler les prolégomènes du traité De Romano pontifice (% 22) de Palmieri, Rome, 1891, les traités De Eeelesia, de C. Mazzella, Rome, 1892, de Wilmers, Ratisbonne, 1897, et de De San, Louvain, 1906 ; de Dorsch, Theologia fundamentalis, t. ii, Insbruck, 1911 ; d’Ottiger, même titre, t. ii, Fribourg-en-B., 1911 ; de Schultes, De Eeelesia cutliolica prælectiones apologeticir, Paris, 1926 ; de Rainvel, De Eeelesia, Paris, 192.">.

Une mention plus particulière doit être accordée aux traités De Eeelesia de Chr. Pesch, Fribourg-en-B., et de Van Noort, Hilversum, 1932. Le cardinal Billot, dans son De Eeelesia, a su donner un relief plus saisissant à l’unité de communion, tandis que d’autre part il insiste sur l’unité per se exstans (c’est-à-dire indépendamment du gouvernement civil) dans l’ordre du gouvernement : deux excellentes positions pour discuter avec les Orientaux. Le De Eeelesia du P. Hermann Dieckmann, Fribourg-en-B., 1925-1926, se recommande par sa disposition toute spéciale : l’argument de l’unité, sous sa forme classique, ne vient pour ainsi dire qu’en manière de confirmation : c’est plutôt l’unité dans le temps, l’unité apostolique, si l’on peut dire, que l’auteur déroule tout au long de son ouvrage, où il montre le « royaume de Dieu » se développant sur terre d’après le plan voulu par le divin fondateur. Forme toute nouvelle de l’argument et qui répond mieux aux préoccupations présentes.

A ces traités didactiques, il convient d’ajouter d’autres a’uvres qui convergent vers le même but. Déjà en 1911, le P. de Poulpiquet avait publié Le dogme, prineipe d’unité tlitns la vie de V Église et de vie religieuse individuelle (extrait de la Revue du clergé français) ; mais en 1923, son ouvrage posthume, L’Église catholique, semble déjà préluder aux conclusions qu’on lira plus loin sous le nom du P. Congar ; il y étudie, en effet, le double aspect de l’Église, l’aspect divin, spirituel, l’aspect humain, qui est la matière sur laquelle doit s’exercer l’Esprit. On y notera aussi une étude sur la valeur comparative des notes de l’Église. Voir également l’ouvrage très récent de.1. Leclercq, La vie du Christ dans son Église, Paris, 1944. Dans le sens du P. Dieckmann, P. Buysse, L’Église de Jésus, Paris, 1925, étudie l’unité de l’Église dans le temps, sa stabilité, sa conformité aux origines apostoliques.

Les partisans de l’apologétique moehlérienne trouveront un bon appoint dans L’Église du Christ, du P. Lippert (tr. fr. Jolivet), Paris-Lyon, 1933, où l’auteur fait appel fréquemment à l’expérience religieuse pour établir la vérité de l’Église catholique.

Enfin, l’unité du corps mystique nous invite à rappeler, outre l’encyclique de S. S. le pape Pie XII, Mystici eorporis, les ouvrages les plus importants sur ce sujet : P. 1 Ici is /L’union du sacerdoce et du gouvernement) dans L’Église du Christ, .luvisꝟ. 1931 ;.). Anger, La doctrine du corps mystique de Jésus-christ, thèse de la faculté d’Angers, 1910, Paris, 1929 ; E. Mersch, Le corps mystique du Christ, Paris, 1933 (2° édil. 1936) ; C. Feckes, Vas Mgsterinm (1er heiligen Kirche, Paderborn, 1934 ; E. Mura, Le corps mystique du Christ, Paris, 193.") ; M.-.). Congar, Esquisses du mystère de l’Église, Paris, 1941, p. 93-115.


IV. La théologie orthodoxe.

Pour mieux saisir sa position, on se rappellera que 1’ « autocéphalisme est, actuellement du moins, le régime adopté par les Églises orientales séparées. La formation des petits États balkaniques et les remaniements Icrri-Luiaux consécutifs à la guerre de 191 1 (sans compter ceux qui sotit encore a venir) ont obligé les Orientaux à considérer que chaque nation ou chaque Étal indépendant forme le cadre local d’une Église autonome. Pour juslilier cette conception, on s’appuie sur le canon 3 1 des apôtres et le canon !) du concile d’Ande 311. d’après lesquels les évêques de (ha que nation, to’je ê7riox67rouç bcâcrrou £6vouç le concile d’Antioche dit : toùç xocO’êx&rrrfv èrcap%lav tmaxânouç, les évêques de chaque province doivent se grouper autour du métropolitain et ne rien décider sans lui. Le 28e canon île (’.halcédoine joue aussi un rôle important. Automatiquement donc, quand la puissance politique est modifiée. l’Église BUtOCéphale se modifie dans les mêmes limites. Le phylétisme proprement dit traduit E8vouç par « race » ; et c’est ainsi que, même avant son indépendance politique, la Bulgarie a cru pouvoir se constituer en Église autonome. L’Église autocéphale est gouvernée par le synode s’assemblant autour du patriarche ou du métropolite. Cf. Jugie, Theologia dogmalica christianorum orienlalium, t. iv, p. 242.

1° Affirmation du principe de V unité dans l’Église, chrétienne. —

Les anciens Byzantins s’en tiennent aux formules générales : unité par la charité et par la foi. Voir Théophylacte, dans ses commentaires In / am Cor.. xii, 12 sq. ; In Eph., c. iv, 3 sq., P. G., t. cxxiv, col. 713 D sq. : 1080 O sq. Plus tard, les partisans de l’union des Églises insisteront surtout sur les points doctrinaux qui séparent l’Église romaine des Églises orientales. Cf. Beccos, De unione ecclesiarum, P. G., t. cxli, col. 16 sq. ; Constantin de Mélitène, De processione Sp. S., or. i, ibid., col. 1032 C sq. ; Georges Metochitc, fragni., ibid., col. 142(1, 1 121. Syméon de Thessalonique toutefois, dans son commentaire sur le symbole, rappelle e.r professo ce que doit être l’unité de l’Église, unité fondée sur les apôtres et les prophètes : une seule foi, un seul baptême, un seul Christ, pierre angulaire de l’Église. Éont partie de cette unité tous ceux qui, avec Pierre et les autres apôtres, confessent le Christ. P. G., t. c.i.v, col. 796 BD.

Chez les modernes et les contemporains, on retrouve des formules analogues, mais avec des nuances assez divergentes. On ne peut rappeler que pour mémoire la conception quasi protestante de l’unité de l’Église (et de l’Église elle-même) chez Cyrille Lucar († 1638), voir ici t. viii, col. 1011. Dans son Grand Catéchisme (1627), Laurent Zizanij déclare l’Église une, parce qu’elle est fondée sur le seul esprit du Christ, sur la même foi, conservant les mêmes dogmes, les mêmes sacrements et parce qu’elle est dirigée par le même chef, le Christ. Cf. Ilinskij, dans les Trudij de Kiew, 1808, n. 1, t. ii, p. 252. Sur ce catéchisme, voir ici t. xiv, col. 280. Au xviir 3 siècle, Théophylacte Gorskij, dont on sait les tendances protestantes en matière d’ecclésiologie. voir ici I. xiv. col. 355, emploie des formules assez vagues : « L’unité requiert l’unité du corps, du chef, de l’Esprit, de la foi et de la charité ; mais indépendamment de l’aposlolicité, elle ne suffît pas à l’aire connaître l’Église, < Orthodoxie orientalis Eeelesia dogmata, Moscou, 1831, p. 273. Philarète DrozdOV, voir l.xii, col. 1370 sq., a donné, dans son célèbre Catéchisme, où, malgré les corrections, les tendances prokopoviennes subsistent encore dans l’ecclésiologie, l’explication suivante touchant le 10’article du symbole : L’unité de l’Église est essentiellement interne et invisible ; l’Église est un corps spirituel, ayant le Christ pour chef unique et possédant le même Esprit de foi et de grâce. Extérieurement et visiblement, cette unité s’affirme dans la profession de la même foi et la communion dans les prières et les sacrements. Catéchisme, 3’éd., Moscou, 1839. Avec Khomjakov (+ 1860), l’obscurité et l’Imprécision des Formules s’accentue encore. Pour cet auteur, la véritable Église est un corps vivant, le corps du Christ, aimé, vivifié, inspiré par le Christ et par le Saint-Esprit. Inutile de distinguer entre Église visible et Église invisible : cette distinction n’existe que pour les hommes et d’une manière tout accidentelle ; elle n’existe pas pour Dieu. On concilie ainsi, dans la vraie Église, la liberté et l’unité, les protestants ayant sacrifié l’unité à la liberté ; les romains, la libelle a l’unité. Ainsi. l’Église du Christ :

C’est l’unité dans la pluralité… ; c’est l’Eglise qui est selon tous un selon l’unité dr hms. I’Eqlisr de l’unanimité libre, de l’unanimité parfaite, l’Église ou il n’y a plus de i.iMs ni dr Barbares, où il n’y a plus de différences de conditions, plus de maîtres ni d’esclaves… Siilnirnoi, ce mot renferme toute une profession de foi… L’Eglise dis