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    1. UNITÉ DE L’EGLISE##


UNITÉ DE L’EGLISE. THÉOLOGIE CATHOLIQUE

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a pleine conscience d’être le centre de l’unité ; voir Jean VIII, Epist., ccxliv, t. cxxvi, col. 864. Au xii siècle, reprenant une image traditionnelle, Pierre Lombard rappelle l’unité et la charité de l’Église, Bgurée par la tunique sans couture. In Ps. S. v/, v. 1 ! t, I. cxci, col. 235 AH.

1. Au XIII’siècle.

Saint Thomas semble avoir en I revu les grandes lignes du problème. Son point de départ pour exposer la doctrine de l’unité de l’Église est la comparaison paulinienne du corps naturel : - L’Église est un corps et a divers membres. Son âme… est l’Esprit-Saint. » In symbol. apust., a. 9, Opusc, édit. de Parme, t. xvi, p. 147. Sur cette comparaison et sur les rapports du Christ-Chef à l’Église et aux hommes, membres de cette Église, voir Sum. theol., 111% q. viii, a. 1 ; In Ill" m Sent., dist. XIII, q. ii, a. 1 ; De veriiate, q. xxix, a. 4, a. 5, ad 7um ; Comp. theol., c. ccxiv, édit. citée, t. xvi, p. 60 ; Expositio in I Cor., c. iv, lect. 2, t. xiii, p. 234.

Une par son chef invisible, le Christ (cf. In Eph., c. iv, lect. 2, ibid., p. 477), l’Église tient aussi, sur cette terre, son unité de son chef visible, le pontife romain. Sum. theol., 111% q. viii, a. 6 ; cf. II a -II » % q. i, a. 10. Le corps est un en raison de l’unité : 1. de foi, car les chrétiens ont tous la même croyance ; 2. d’espérance, tous étant affermis dans le même espoir d’arriver à la vie éternelle ; 3. de charité, tous étant unis entre eux dans l’amour de Dieu et l’amour des uns pour les autres ; et un seul Esprit les dirige et les unit. In symb. apost., loc. cit. ; cf. In III nm Sent., dist. XIII, q. ii, a. 2, sol. 2 ; II » - II", q. i, a. 10 (unité de foi) ; III », q. viii, a. 1, ad 3um (rôle du Saint-Esprit ) ; In Eph., Inc. cit. ; cf. lect. 1, p. 476, et lect. 5, p. 482.

Cet le unité sera ferme, car elle a pour fondement principal le Christ ; pour fondement secondaire les apôtres et les docteurs. La fermeté se manifeste surtout dans l’Église romaine : seule l’Église de Pierre a toujours été ferme dans la foi et exempte d’erreur, selon la promesse faite par le Christ à Pierre, Luc, xxii, 32. In sijmb. apost., loc. cit., p. 148. L’unité existe dans le temps comme dans l’espace : l’Église actuelle est la même que celle des apôtres : même foi, mêmes sacrements, même autorité. Le Christ n’est pas divisé ; les différences ne sont qu’accidentelles : alius status Ecclesise, non tamen alia Ecclesia. Quodl., xii, a. 19. Cf. M.-J. Congar, Esquisses du mystère de l’Église, Paris, 1941, p. 59-91.

2. À la fin du xi IIe et au début du XI Ve siècle. — La querelle de Boniface VIII et de Philippe le Bel provoque toute une eflloraison d’ouvrages, desquels la théologie de l’unité de l’Église peut tirer quelques glanes. Sur cette question, voir J. Rivière, Le problème de l’Église et de l’État au temps de Philippe le Bel, Louvain-Paris, 1926. Si l’on différait d’avis sur les conclusions, on admettait cependant, d’une manière assez générale, le principe qu’essentiellement l’Église est une et que l’unité de ce corps mystique appelle l’unité de chef, sous peine d’avoir dans l’Église un monstre à deux têtes. Thèse admise dans l’anonyme régalien Rex pacificus (Quæslio de potestate papse), texte dans Dupuy, Histoire du différend…, Paris, 1656, p. 655 ; cf. Rivière, op. cit., p. 185, 262263 ; d’une manière très absolue par les théologiens pontificaux, -se fondant sur la loi dionysienne de l’unité mondiale, physique et sociale : cf. Gierke, Les théories politiques du Moyen Age, tr. J. de Pange, Paris, 1914, p. 103. Voir, en particulier, Gilles de Rome, De ecclesiaslica potestate, dans Rivière, p. 195204 ; Jacques de Viterbe, De regimine christiano, ibid., p. 230 sq. Les partisans d’une via média sont, sur le principe lui-même, aussi fermes que les pontificaux. Voir Jean de Paris (Quidort), De potestate regia et pa pali, 12 ; l’anonyme Qusestio in ulramque partem, tous deux dans Goldast, Monarchia S. Romani lmperii. .., Francfort-sur-M., 1668, t. ii, p. 122 et 103 ;

cf. Rivière, p. 185, 281 sq., 272 sq. ; Close anonyme de la bulle Unam Sanctam, publiée par II. Finke, Aus den Tagen Bonifaz VIII., Munster, 1922, cf. Rivii p. 300 sq. Voir aussi sur la place du pape dans le traité Rex pacificus, Rivière, append. v, p. 431 sep

Sans doute, la controverse n’apporte pas. par elle-même, d’indications précises sur l’unité, considérée au point de vue dogmatique ; mais, du moins, comme le note J. Rivière, « elle a le mérite d’ouvrir dans l’Église un des champs d’investigation qui ont le plus vivement occupé les intelligences et le rare privilège de dessiner en raccourci… toutes les positions doctrinales qui devaient commander l’avenir >. Op. cit., p. 383. La question de l’unité de l’Église fait partie de ces positions. Le grand schisme lui-même ne fera que renforcer le besoin de l’unité. Tous les efforts tentés pourle réduire témoignent que, malgré la séparation de fait entre les deux obédiences, nul ne se résignait à l’idée que cette situation pourrait se prolonger. En fin de compte les papes rivaux sont rejetés par l’Église, parce que leur refus d’abdiquer témoigne chez eux de sentiments contraires à l’unité de l’Église et donc d’hérésie.

2° Théologiens et controversisies, après le v ve siècle.

— La crise protestante s’ouvre : un double courant se dessine parmi les théologiens catholiques. Les uns restent dans le domaine spéculatif et se contentent de rappeler les principes. Les autres abordent directement le problème apologétique.

1. L’unité chez les théologiens spéculatifs.

Arrêtons-nous aux noms les plus connus. C’est surtout dans leurs commentaires in II*™-II X, q. i, a. 10, que ces auteurs expriment leur sentiment.

Cajétan y explique comment l’autorité du pape vient immédiatement de Dieu et ne ressemble pas à l’autorité des autres princes à qui le pouvoir est délégué par la multitude. Dans l’Église, non seulement les membres, mais la communauté elle-même est soumise au pape. Cajétan renvoie à son traité De auctorilale papæ et concilii.

Melchior Cano voit dans l’unité de l’Eglise la sécurité pour le chrétien ; aussi l’Église a-t-elle autorité en matière de foi. De locis, t. IV, c. iii, iv, dans Migne, Cursus theolog., t. i, col. 296, 297. L’Église est un corps, dirigé par un Esprit, l’Esprit-Saint, et Jésus est chef de ce corps. Ibid., c. vi, col. 337.

Banez énumère l’unité comme une propriété de l’Église, avec la catholicité, la sainteté, l’apostolicité et la visibilité, /n IP m -lI s, loc. cit..Même doctrine chez Grégoire de Valencia, voir ici t. iv, col. 2131.

Pour.De Lugo, l’article Unam, sanctam, catholicam… sanctorum communionem a été inséré au symbole pour affirmer sans discussion possible l’unité de l’Église. Catholique, mais cependant une, l’Église est unique sous un unique chef visible. De fide divina, disp. XII, sect. iv, n. 110. On adhère suffisamment au dogme de l’unité de l’Église en professant l’obéissance due à un seul chef visible, le pontife romain, vicaire du chef principal et invisible, Jésus-Christ. Ibid., n. 111.

Saint Pierre Canisius, dans son Catéchisme. Cologne, 1576, expose le dogme de l’unité de l’Église. part. 1% De fide et symbolo, q. xviii. Au rappel des fondements scripturaires concernant cette vérité, il ajoute les autorités patristiques les plus importantes et termine en interprétant le sanctorum communionem dans le sens de l’unité de communion.

Jean de Saint-Thomas intitule son commentaire sur la IP-II-% loc. cit., Tractalus de auctorilate summi pontifias, divisé en quatre articles. L’unité de l’Église