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    1. UNITE DE L’EGLISE##


UNITE DE L’EGLISE. L’ECRITURE

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l’ivraie jusqu’au moment de la moisson, Matth., xiii, 30, c’est-à-dire jusqu’au jugement dernier. Ibid., 40-41. D’ici là, les membres du royaume auront, comme leur maître, à souffrir persécution, Matth., x, 16 sq. ; Luc, x, 3 ; cf. Matth., x, 24 ; 34-40 ; et c’est seulement après que toutes les nations auront manifesté leur haine aux disciples du Christ, Matth., xxiv, 9 ; cf. Marc, xiii, 13 ; Luc, xxi, 17 ; Joa., xv, 18-21 et que l’Évangile aura été prêché dans l’univers entier, c’est seulement alors que viendra la fin. Matth., xxiv, 14.

2. Les membres du royaume.

C’est dans l’entourage de Jésus que commence le royaume. Ceux qui en font partie sont reconnus à leurs fruits, Matth., vu, 16 ; cf. xxi, 43 : fidélité aux enseignements divins, observance des commandements, amour du prochain, obéissance des « brebis » à la voix du Christ et des pasteurs envoyés par lui. Matth., vii, 24 ; xiii, 19 ; Luc, vi, 44-45 ; 47-48 ; xi, 28 ; Marc, iv, 20 ; Joa., v, 24 ; viii, 51 ; x, 1-18 (parabole du bon pasteur) ; xviii, 37 ; cf. Luc, x, 16 ; Matth., x, 40-41. Ceux dont l’obéissance à Dieu se traduit par des fruits de sainteté constituent la « famille » de Jésus. Luc, viii, 21 ; cf. Matth., xii, 50. Eux seuls connaissent les « mystères » du royaume. Matth., xiii, 11 ; Marc, iv, 11 ; Luc, viii, 10.

Ainsi, de l’ensemble des auditeurs de Jésus, se distinguent déjà ceux qui sont appelés à faire partie du royaume. Les miracles accomplis par le Sauveur montrent le royaume déjà arrivé (eqQtxæv). Matth., xii, 28 ; cf. Luc, xi, 20. Voir Lagrange, Evangile selon saint Marc, Paris, 1911, p. 16. En s’entêtant dans ses préjugés et sa résistance, le peuple juif perd les droits que sa situation privilégiée lui donnait à faire partie du royaume et ses droits seront transférés à d’autres : paraboles des ouvriers de la vigne, Matth., xx, 1-16 ; des vignerons homicides, xxi, 33-II ; des noces royales, xxii, 1-14. Sages et prudents selon le monde en seront exclus ; aux petits, avant tous, sa révélation. Matth., xi, 25-27 ; Luc, x, 21 ; cf. Matth., xviii, 3-4 ; xix, 14. Exclus, les hypocrites et les orgueilleux. Marc, vii, 6-8 ; cf. Matth., xxiii, 13-32 ; xii, 39 ; xiii, 13 ; xvi, 4. Enfin, pour entrer dans le royaume, il sera nécessaire de « renaître de l’eau et de l’Esprit », Joa., iii, 5 ; c’est-à-dire de recevoir le baptême dans l’Esprit et le feu, annoncé par Jean-Baptiste. Matth., iii, 1 1. Tout aussitôt après son entretien avec Nicodème, Jésus inaugure ce baptême et le fait conférer à ceux qui doivent devenir ses disciples. Joa., iii, 22 ; cf. iv, 1-2.

3. Les grandes lignes de la hiérarchie dans le royaume naissant. — Dans la communauté naissante, Jésus choisit douze apôtres, qui seront les chefs du nouveau royaume. Marc, iii, 14 ; cf. Luc, vi, 12 ; Matth., x, 1. Il leur donne pouvoir sur les esprits immondes, Matth., x, 1 ; les envoie prêcher la proximité du royaume. Ibid., x, 7. Leur situation est tellement prépondérante qu’ils seront désormais « les Douze » (ol 8<18exa). Matth., x, 1 ; xi, 1 ; xx, 17 ; Marc, iii, I I ; vi. 7 ; xiv, 10, 43 ; Luc, îx, 1 ; xxiv, 9 (les Onze). etc. Sel de la terre, lumière du monde, Mat th., v, 13-14, ils seront les témoins exceptionnels de la prédication et des mirai les du Christ, Act., i, 21 sq. ; ils ont ainsi un rapport étroit avec la constitution du royaume. Cf. Franzelin, De Ecclesia, th. xiii. À côté des Douze est constitué le groupe des soixante douze disciples qui vont, deux à deux, dans les villes et les villages où Jésus doit passer, annoncer que le royaume de I lieu est proche. Luc, x, I ; 9. Les dénions leur sont soumis au nom de Jésus. Luc, x. 17.

Tant que Jésus est vivant, il n’est pas besoin de constituer un autre chef qui soit le centre d’unité du

royaume. Mais, soucieux de l’avenir, le Christ laisse

d’abord entendre qu’un des apôtres deviendra le chef

du royaume. Aussi les apôtres se demandent parfois, et jusqu’à la dernière cène, « qui serait le plus grand parmi eux ». Matth., xviii, 1 ; Marc, ix, 35 ; Luc, ix, 46 ; xxii, 24. Pour marquer que la primauté aura sa manifestation dans le dévouement au service de tous, Jésus rappelle que le plus grand dans le royaume devra être humble comme un petit enfant, Matth., xviii, 2-4 ; cf. Marc, îx, 34-36 ; Luc, ix, 47-48 ; et il tire cette conclusion : « Que celui qui est le plus grand parmi vous devienne comme le moindre, » Luc, xii, 25 ; cf. Matth., xx, 26-27 ; Marc, x, 43-44, à l’exemple du Fils de l’Homme qui est venu, non pour être servi, mais pour servir, Matth., xx, 28 ; Marc, x, 45. Cf. Joa., xiii, 12-27.

Le chef désigné comme futur centre de l’unité est Simon Pierre, dont le rôle est implicitement marqué dans le nom que lui impose Jésus. Marc, iii, 16 ; Luc, vi, 13-14 ; cf. Matth., x, 2 ; Joa., i, 42. Vers la fin de sa vie publique, avant d’annoncer sa passion et sa mort prochaine, Jésus déclare expressément que Pierre recueillera l’autorité suprême sur l’Église, dont il sera le fondement, 1’ « assise rocheuse » ; cf. Jer., iv, 29 ; Job, xxx, 6. Pierre a confessé sa foi en la divinité du Sauveur : à cette confession, Jésus répond par la promesse de la primauté. Matth., xvi, 18-19. Jésus n’entend pas d’ailleurs enlever aux autres apôtres leur prérogative de chefs. Matth., xviii, 1518. Ainsi se trouve esquissée la hiérarchie du futur royaume, les simples membres pouvant être déférés au jugement des chefs : « Si ton frère a péché…, dis-le à l’Église. »

4. L’unité du culte dans le royaume. -- Le futur royaume avait déjà son rite d’initiation, le baptême. A la dernière cène, le Christ lui donnera le sacrifice unique destiné à remplacer les sacrifices de l’Ancien Testament. Pour fonder le royaume, il fallait le sacrifice sanglant du Christ. De ce sacrifice sanglant, avant même qu’il fût accompli, le Christ instituait le renouvellement non sanglant qui devait caractériser l’alliance nouvelle. I Cor., xi, 24-25 ; cf. Matth., XXVI, 26-28 ; Marc, xiv, 22-23 ; Luc, xxii, 19-20. L’unité du royaume apparaît une fois de plus dans le sacrifice unique prophétisé par Malachie.

Cette unité n’empêchera pas l’universalité : le royaume doit s’étendre à toutes les nations, tout en maintenant son unité dans la foi au Christ et la soumission aux chefs établis par lui. Matth.. viii, 11-13 ; xxviii, 19-21). Cf. Joa., xii, 20-28, 32 ; Marc, xvi, 15 ; Act., i, S. On comprend mieux le sens de la parabole du bon pasteur : « J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de ce bercail, et il faut que je les y amène. » Joa., x, 16.

2° L’unité de l’Eglise dans la prière sacerdotale. 1. La prière pour l’unité.

À cinq reprises, Jésus insiste dans sa prière pour que ses disciples soient « un », ut sint unum. Joa., xvii, 21 sq. Cette prière est aussi certaine d’être exaucée que la demande de glorification exprimée au v. 5 et renouvelée au v. 24. Elle concerne le corps entier de l’Église, c’est-à-dire la hiérarchie apostolique, ainsi que la multitude des croyants soumis à cette hiérarchie.

Il s’agit d’abord des apôtres. Jésus les recommande à son l’ère, parce qu’il les a reçus de I)ieu et leur a fait connaître sa parole. Il prie pour eux, non pour le monde. Appartenant au Christ, ils appartiennent au l’ère et le Christ est glorifié en eux : deux raisons pour que le l’ère les prenne sous sa protection. Le Christ va les quitter pour retourner à son l’ère : autre raison pour celui ci de ne point les laisser orphelins. . 11-12. Lue quatrième raison pour le l’ère de protéger le collège apostolique, c’est la fidélité des apôtres a garder l’enseignement du Christ. Il ne s’agit pas de les enlever du monde, mais de les pré