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UBAGHS, Gérard-Casimir, ecclésiastique et philosophe belge (1800-1875). — Ubaghs naquit à Bergues, dans le Limbourg, le 26 novembre 1800. Dès 1834, il fut pourvu d’une chaire de philosophie à l’université de Louvain. Son enseignement et les ouvrages qu’il écrivit pour le diffuser contribuèrent puissamment à répandre le système philosophique auquel on a donné le nom d’ontologisme. La position philosophique d’Ubaghs a été étudiée ici même, art. Ontologisme, t. xi, col. 1001, 1037, 1048, 1050, 1059. Condamné par le Saint-Siège, Ubaghs se soumit et renonça à sa chaire. Il mourut à Louvain le 15 février 1875. Ses principaux ouvrages sont : Logicæ seu philosophiæ elementa, Louvain, 1834, 1860 ; Theodiceæ elementa, Louvain, 1841, 1863 ; Essai d’idéologie ontologique, 1869. Ubaghs a publié également Du dynamisme considéré en lui-même et de ses rapports avec la sainte eucharistie, 1852, 1868.

Jacob, Note sur la vie et les travaux de G.-C. Ubaghs, dans l’Annuaire de l’université de Louvain, 1876, p 417 sq. ; Catholic Encyclopedia (New-York), t. xv, p. 114 ; Die Religion in Geschichte und Gegenwart, t. v. Tubingue, 1931, col. 1335 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. v, col. 1553 ; Reusch, Der Index der verbotenen Bücher, Bonn, 1885, t. ii, p. 1147-1152 ; Henry, Le traditionalisme et l’ontologisme à l’université de Louvain, 1922 ; M. de Wulf, Histoire de la philosophie en Belgique.

J. Mercier.

UBERTIN DE CASALE, d’abord frère mineur (1273-1317), puis bénédictin (1317-132 ?), l’un des chefs du mouvement des « spirituels ». — I. Vie. II. Œuvres et doctrine.

I. Vie.

Comme il a déjà été fréquemment question ici du chef des spirituels de Toscane, cf. t. xiv, col. 2523, 2527, 2530, nous nous contenterons de compléter sa biographie et de renvoyer aux articles déjà parus.

N…Ilia naquit, de famille noble, en 1259, au diocèse de Vercell, à Casale, en Piémont. En 1273, il reçut l’habit franciscain, sous le nom de frère Ubertin, bien probablement en quelque couvent de la province de Gênes. À partir de 1274, date de sa profession, deux chronologies, la traditionnelle et la moderne, se disputent sa biographie. Pour les raisons alléguées par M. Bihl, Arch. franc, hist., t. iv, 1911, p. 597 ; t. vi, 1913, p. 207, et par A. Martini, La Verna, 1913, p. 329-332, nous adoptons, comme plus probable, la chronologie traditionnelle.

Son noviciat terminé, Ubertin partit pour le Studium générale de Paris où il devint maître en théologie et resta neuf ans. Il y suivit l’observance mitigée. De retour en Italie, vers 1283, il séjourna pendant quelques mois vraisemblablement dans un couvent de la province de Gênes. Vers 1284-1285, à l’occasion d’un voyage en Toscane, ayant fait rencontre d’Angèle de Foligno, toute dévouée aux franciscains rigoristes, Ubertin s’orienta dès lors vers les spirituels. Le 25 juillet 1285, il est à Grerclo. Il s’y confesse au bienheureux Jean de Parme qui le met en garde contre la « communauté et l’initie au joarhimisme.

La même année, après avoir visité les sanctuaires de Rome et d’Assise, il passe à Cortone pour y voir sainte Marguerite. Peut-être est-ce lors de ce passage que le spirituel fit connaissance en cette ville d’une pieuse fille qu’il appelle « la très dévote vierge Cécile de Florence » et qui l’initia « à la contemplation de la vie du Christ ». Arb. vitæ, prol., f° Il v° ; A. Martini, p. 336-337. Nommé lecteur en théologie, en 1285, au Studium franciscain de Santa-Croce à Florence, U y fait connaissance, en 1287, de Pierre de Jean Olieu qui achève de le gagner au rigorisme et au joachimisme. Ici t. xi, col. 984 ; t. xiv, col. 2538.

En 1289 Ubertin quitta le lectorat pour la prédication. Pendant dix ans le spirituel répandit, sans être inquiété, ses idées rigoristes et joachimites dans la Toscane, la Vallée de Spolète, la Marche d’Ancône. C’est probablement au cours de ces randonnées apostoliques que le missionnaire entra en relations avec le bienheureux Pierre de Sienne, du tiers-ordre franciscain, lequel lui donna d’utiles avis spirituels. Quant à un autre de ses amis et guides, le bienheureux Conrad d’Offida, frère mineur, on ignore où et dans quelles circonstances il le rencontra. Arb. vitx, prol., f°ll v° ; t. V, c. iii, ꝟ. 215 r°.

Dès cette époque les spirituels de Toscane qu’il visite et réconforte saluent en lui leur chef incontesté. Une action qu’il entreprit en faveur des fratricelles, disciples persécutés d’Ange de Clareno, échoua totalement. Plus heureux dans sa lutte contre « l’hérésie de la liberté de l’esprit », cf. ici, t. xi, col. 804, il n’en eut pas moins, de ce chef, à supporter de nombreux déboires. Arch. fur Litt. und Kirch. Gesch. des M.-A., que nous citerons désormais A. L. K. G., t. iii, p. 163.

Pris en affection, bien probablement vers la seconde moitié de l’an 1300, par le cardinal Napoléon Orsini, légat pontifical dans le duché de Spolète et protecteur des franciscains rigoristes, Ubertin est, cependant, cité à Rome, au début de 1304, pour avoir tonné à Pérouse contre l’Église charnelle et contre le pape Benoît XI. Une délégation de Pérugins, venue tout exprès à Rome, obtint la libération de l’imprudent orateur. Mais ses supérieurs le suspendirent de la prédication et, en mars 1304, le reléguèrent sur le mont Alverne. Après un an de silence, Ubertin mit, le 9 mars 1305, la première main à un grand ouvrage qu’il intitula : VArbor vilse cruciflxæ Jesu et qu’il termina le 28 septembre 1305. Sur ces entrefaites le cardinal Napoléon Orsini, nommé en 1306 légat en Italie centrale, réussit à s’attacher Ubertin en qualité « de chapelain et familier ». Toutefois, en 1308, Orsini, envoyé auprès de l’empereur Henri VII, partit pour l’Allemagne sans emmener son chapelain.

A la fin de cette même année 1308, on retrouve Ubertin à Rome avec les cardinaux Napoléon Orsini et Jacques Colonna. Il fait avec eux la reconnaissance des instruments de la Passion trouvés dans le creur de Claire de Montefalco et il est guéri par celle-ci d’une hernie inguinale droite. Le miraculé frère Ubertin de Casale, frère-mineur » est qualifié à cette occasion de