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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. CULTE A RENDRE

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au mystère de la Trinité et que nul ne peut renaître en Jésus-Christ dans le baptême autrement que par l’invocation des trois personnes divines. II*-II", q. II, a. 8.

Certains auteurs semblent avoir exagéré la portée de cette doctrine en exigeant d’une manière absolue, pour tout homme vivant après la venue du Christ en ce monde, la foi explicite en la Trinité. Voir ces auteurs cités par Coninck, De act. supernat., disp. XIV, n. 134 ; dont on peut rapprocher R. Martin, De necessitate credendi et credendorum, dont on trouvera l’analyse dans Chr. Pesch, De fide, n. 458. La thèse de cet auteur est que, même sous la Loi ancienne, la foi aux mystères de l’incarnation et de la Trinité fut nécessaire de nécessité de moyen. Il corrige cependant cette affirmation absolue par un aliqualiter, lequel ne concerne d’ailleurs que les hommes moins éclairés de l’Ancien Testament.

Ce qui semble plus exact et plus conforme au gouvernement sage et miséricordieux de la Providence, c’est, comme l’insinue saint Thomas, que, sous la Loi nouvelle, la foi au mystère de la Trinité est nécessaire de la même nécessité que le baptême d’eau. Donc : nécessité de moyen relative, la foi explicite pouvant, en cas d’impossibilité absolue, être remplacée par une foi in voto, contenue dans la foi explicite aux deux articles requis conformément à Hebr., xi, 6. Cf. Denz.-Bannw. , n. 1172. C’est là l’opinion moyenne de Suarez, De fide, disp. XII, sect. iv, n. 18, 19 ; de De Lugo, id., disp. XII, n. 106, 107 ; des Salmanticenses, id., disp. VI, dub. I, n. 82 ; opinion que saint Thomas lui-même avait indiquée en quelques mots, loc. cit., a. 6, ad l am, et qu’on trouve chez les meilleurs auteurs récents de théologie soit dogmatique, soit morale. Cf. Billot, De virtutibus infusis, Rome, 1905, p. 331 ; Vermeersch, Theologia moralis, t. ii, n. 10 ; Lehmkuhl, id., t. i, n. 277 ; Ballerini, Opus morale, t. ii, n. 20 ; Chr. Pesch, De fide, prop. xxx, n. 448 sq., etc. Voir également Reg.-M. Schultes, Fides implicita, Geschichte der Lehre von der fides implicita und explicita in der kalholischen Théologie, 1. 1, Ratisbonne, 1920, p. 86 sq.

Que la foi explicite au mystère de la Sainte Trinité soit de nécessité tout au moins de précepte, et cela principalement en vue de la justification et de la préparation aux sacrements, cela résulte : implicitement de la déclaration du concile de Trente touchant le fondement de la justification, lequel est « un mouvement de foi », sess. vi, c. vi, viii, Denz.-Bannw., n. 798, 801 ; or, le mystère de la Sainte Trinité est le fondement de toutes les vérités à croire ; explicitement, de la réprobation par Innocent XI des propositions laxistes, n. 64 et 65, Denz.-Bannw., n. 1214, 1215. De cette réprobation, en effet, il résulte qu’un homme ne saurait être absous s’il ignore le mystère de la Trinité et celui de l’incarnation, et qu’il ne suffit pas d’y avoir cru une fois dans la vie. L’Église demande donc une connaissance et une foi explicites au moment de la réception du sacrement.

Que la foi explicite au mystère de la Sainte Trinité soit de nécessité de moyen relative, cela semble résulter de la réponse suivante du Saint-Office (25 janvier 1703, renouvelée le 30 mai 1898).

Utrum, ante quam adulto conferatur baptismus, minister ei teneatur explicare omnia fldei nostræ mysteria, presertim si est moribundus, quia hoc perturbaret mentem illius. An non sufflceret, si moribundus promitterot fore, ut, ubie morbo convalesceret, instruendum se effet ? promettre au moribond de

On demande si, avant de conférer le baptême à un adulte, le ministre est tenu de lui expliquer tous les mystères de notre foi, surtout dans le cas où cet adulte serait à l’article de la mort et qu’on craindrait de lui apporter ainsi du trouble. Ne serait-il pas suffisant de faire s’instruire s’il vient à se relever de sa maladie ?

Resp. : Non sufflcere promissionem, sed missionarium tene.ri adulto, etiam moribundo, qui incapax omnino non sit, explicare mysteria fldei, quæ sunt neces- « aria necessitate medii, ut sunt præcipue mysteria Trinilatis et incarnationis. (Acta S. Sedis, t. xxx, p. 700, nota).

Cette promesse ne saurait suffire. Le missionnaire est tenu d’expliquer à l’adulte, même moribond, qui n’est pas absolument incapable de l’entendre, les mystères de la foi qui sont nécessaires de nécessité de moyen, tels principalement les mystères de la Trinité et de l’incarnation.

Ainsi, selon la pensée du Saint-Office, la foi explicite, lorsqu’elle est possible, est requise de l’adulte avant de recevoir le baptême, parce que cette foi est, comme la foi en l’incarnation et en d’autres vérités moins importantes que la réponse n’indique pas explicitement, nécessaire de nécessité de moyen pour le salut.

Ces indications générales suffisent à montrer l’importance pratique de la foi en la Trinité. Toute la vie chrétienne en doit être imprégnée ; c’est là le sens des nombreuses pratiques recommandées par l’Église, signe de la croix, invocations et prières auxquelles fait allusion Léon XIII dans sa lettre Divinum illud munus. Il s’agit, en effet, de développer en nous l’image de la Trinité ; cf. S. Augustin, De Trinitate, t. IX, c. i, P. L., t. xlii, col. 959-961, en attendant l’épanouissement radieux de cette image dans la gloire de la vision béatiflque.

La fête liturgique de la Sainte Trinité. —

Léon XIII déclare, on l’a vii, que « pour maintenir ses enfants dans l’intégrité de la foi, l’Église a institué une fête de la Sainte Trinité ». C’a été, en effet, le résultat heureux de cette institution, finalement sanctionnée par Jean XXII.

Primitivement, on ne sentait pas le besoin d’une telle fête. Le culte catholique tout entier n’est-il pas un hommage à la Trinité ? « La messe, sacrifice du Fils incarné, est offerte à Dieu, donc aux trois personnes divines ; on la commence par In nomine Patris, etc. ; on la continue par le Gloria in excelsis Deo, le Sanctus ; le Gloria Patri…, hommage à la Trinité, y est souvent répété ; le canon de la messe s’achève par une admirable doxologie : est tibi Deo Patri, etc. » On pourrait ajouter la belle prière à la Trinité qui suit l’offertoire. « À l’office, après Deus in adjutorium, on chante Gloria Patri qui termine chaque psaume ; on le trouve aux versets, aux répons ; les hymnes ont pour dernière strophe une doxologie à la Trinité ; le Te Deum, hommage à la Trinité, achève les matines commencées ainsi que prime par la récitation du Credo : Je crois en Dieu un et trine ; les bénédictions qui précèdent les leçons du i effet du n » nocturne sont à la louange de la Trinité. Les sacrements, les exorcismes, les bénédictions sont accomplis en son nom… Tout le culte est donc ordonné à la gloire du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; chaque jour est la fête de la Trinité tout entière, à plus forte raison chaque dimanche. » L.-A. Molien, La prière de l’Église, t. ii, Paris, 1924, p. 541.

On lira dans Molien, op. cit., p. 542-545, l’origine de la fête de la Trir.ité. La messe de la Trinité, vraisemblablement composée par Alcuin, était primitivement une messe votive, pour les dimanches où il n’y avait pas d’office propre. Quand la messe d’ordination du samedi après la Pentecôte n’eut plus lieu au cours de la nuit du samedi au dimanche, mais fut reportée à l’après-midi du samedi et même au samedi matin, tout naturellement on combla le vide par la messe de la Trinité. Certaines Églises, et notamment celle de Liège, l’une des premières sinon la première, considérèrent dès lors le dimanche octa%’e de la Pentecôte comme le siège d’une fête en l’honneur de la Sainte Trinité. Cf. dom Lambert Beauduin, L’origine