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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. SYNTHÈSE, LES PROCESSIONS

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p. 109 sq. Aucune démonstration proprement dite du mystère ne nous est donc possible et l’on doit rejeter sur ce point les tentatives des semirationalistes et particulièrement de Gûnther et de Rosmini. Cf. Kleutgen, n. 929-942 ; Franzelin, th. xviii ; Piccirelli, n. 1130 ; Chr. Pesch, n. 494-495 ; Janssens, p. 334 sq.

2. Révélation. —

Aucune révélation proprement dite du mystère dans l’Ancien Testament. Les théologiens modernes, dès la fin du xviie siècle, mais surtout au xixe, se séparent ici nettement de leurs devanciers du Moyen Age. Dans les textes invoqués par ceux-ci, ils ne voient plus, et avec raison, que d’obscures indications. Voir J. Lebreton, op. cit., 1. 1, et ici, col. 1546 sq. Sur Gen., i, 26 ; ii, 22 ; xi, 7, voir G. Perella, Il domma trinilario nel Genesi, i-xi, dans Diuus Thomas de Plaisance, 1929, p. 280-304 ; 1930, p. 408 sq. Sur Gen., xviii, 1 ; Is., vi, 3, voir A. d’Alès, La théophanic de Membre devant la tradition des Pères, dans Rech. de se. rel., 1930, p. 150 sq. Cf. M.-J. Lagrange, L’ange de Jahvé, dans la Rev. biblique, 1903, p. 212 sq. ; D.-J. Legeay, L’ange et les théophanies dans la Sainte Écriture d’après la doctrine des Pères, dans la Rev. thomiste, 1902-1903. La personnification de la Sagesse a été beaucoup étudiée, mais sans conclusion ferme. Cf. J. Gûttsberger, Die gôttliche Weisheit als Persônlichkeit im A. T., Munster, 1919 ; P. Heinisch, Die persônliche Weisheit des A. T. in religionsgeschichtlicher Beleuchtung, Munster, 1923 ; A. Vaccari, Il concetto delta Sapienza nell’A. T., dans Gregorianum, 1920, p. 218 sq. La personne du Saint-Esprit resterait dans l’obscurité, nonobstant les multiples textes où est nommé l’Esprit de Dieu, si la révélation chrétienne n’était intervenue. Cf. Petau, t. II, c. vu ; Franzelin, th. vi-vn ; Chr. Pesch, n. 468 ; Billot, th. xvi, § 1.

C’est dans le Nouveau Testament que le mystère est formellement et explicitement révélé. Il faudrait indiquer ici tous les théologiens et les exégètes catholiques sans exception. L’ouvrage auquel on recourra de préférence est encore celui de J. Lebreton, t. i, p. 275 sq. et, plus spécialement sur saint Paul, F. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1927, t. ii, p. 157175 ; 518-521. Certains auteurs (dont Diekamp) rejoignent ici les sorbonnistes en intercalant une véritable démonstration de la divinité du Christ, laquelle est une démonstration de la divinité du Verbe ; ils y ajoutent, bien entendu, la démonstration de la divinité du Saint-Esprit. Cf. Suarez, t. II, c. m-vi ; Wirceburgenses, n. 344-356 ; Kleutgen, n. 766-842 ; Hurter, n. 147-168. Ce fut, ici-même, un des thèmes développés à l’art. Fils de Dieu, t. v, col. 2388 sq., 2396 sq., 2398 sq., 2400-2407.

Deux textes ont donné lieu entre théologiens et exégètes à des controverses qui, heureusement, ont pris fin aujourd’hui. Le texte baptismal, Matth., xxviii, 19, si important pour la démonstration trinitaire, a vu son authenticité vivement attaquée par certains protestants. Cf. Conybeare, dans Zeitschr. fur die N. T. Wissenschaft, Giessen, 1901, p. 275 sq. ; son authenticité a été victorieusement démontrée par J. Lebreton, op. cit., t. i, note E, p. 599-610. — Le Comma johanneum, dont l’authenticité était révoquée en doute pour des raisons sérieuses admises d’un grand nombre d’exégètes catholiques, a provoqué de la part du Saint-Office deux décisions, 13 janvier 1897, 2 juin 1927, Denz.-Bannw., n. 2198 ; la dernière revient nettement en arrière et dirime la controverse en affirmant simplement l’authenticité « dogmatique « du texte, comme témoignage de la croyance traditionnelle de l’Église. Voir art. Verbe.

3. Tradition. —

La tradition des premiers siècles est, en effet, un argument sur lequel insistent les théologiens. La théologie positive, depuis la célèbre préface de Petau, voir ici, t.xii, col. 1327, s’est efforcée de montrer la continuité de cette tradition même avant le concile de Nicéc. Sans nous arrêter à d’intéressantes monographies comme celle de L. Choppin, Lille, 1925, il suffira, ici encore, de citer le monument élevé par J. Lebreton et dont le deuxième volume nous conduit jusqu’à saint Irénée. Quelques articles parus dans les Recherches ont amorcé le troisième, qui conduira l’argument de tradition jusqu’au concile de Nicée. L’œuvre du P. de Régnon, dans laquelle on peut signaler plus d’une lacune et où certaines retouches sont nécessaires, voir ici, t. xiii, col. 2124, est fréquemment utilisée pour les époques postérieures ; mais les études spéciales ne manquent pas, dont s’inspirent les théologiens contemporains. Les simples manuels eux-mêmes ont pu ainsi faire une large place (peut-être encore parfois trop restreinte) à la base positive. Voir, par exemple, celui de Diekamp, où la théologie positive est heureusement mêlée à la scolastique et dans lequel l’exposé traditionnel (scripturaire et patristique) occupe plus de 40 pages (p. 306-348). ou encore celui de Tanquerey-Bord, Paris, 1933, qui a fait de la partie positive l’élément principal du traité (p. 347-414), alors que l’exposé proprement scolastique n’occupe que 30 pages Les proportions sont mieux respectées chez A. d’Alès, dont les 100 premières pages sont consacrées à la révélation et à la tradition patristique.

La conclusion de cette étude préliminaire est l’affirmation de l’identité numérique de l’essence et de la trinité des personnes : identité numérique et trinité affirmées par l’Écriture, enseignées par la Tradition, consacrées par la définition de la consubstantialité des trois personnes distinctes. Cf. Petau, t. IV, c. xiii sq. ; Thomassin, c. ii, vii, xvii, xxvii, xxviii, dont s’inspirent nos auteurs plus récents. Voir en particulier Kleutgen, n. 843-865 ; Franzelin, th. i, vii, vin ; Scheeben, i, § 112, etc.

Cette part légitime faite à la théologie positive prépare avec une autorité accrue l’exposé scolastique sur les processions, les relations, les personnes.

Les processions divines (S. Thomas, I », q. xxvii).

1. Leur existence (a. 1). —

L’existence des processions en Dieu est enseignée par tous les théologiens postflorentins comme un dogme de foi, fondé sur l’enseignement de l’Écriture, des Pères, des symboles, des définitions conciliaires relatives à la génération du Verbe et à la procession du Saint-Esprit. Il y a deux processions et il n’y en a que deux (a. 2). Voir Processions, t. xiii, col. 649-651.

Tous admettent que les processions ont pour principe formel l’intelligence en ce qui concerne le Fils, la volonté en ce qui concerne le Saint-Esprit. Ibid., col. 655-658. On abandonne ainsi l’ancienne opinion d’Alexandre de Halès, de saint Bonaventure, de Durand de Saint-Pourçain, selon laquelle la seconde personne procéderait selon la nature intellectuelle du Père. La doctrine qui fait de l’intelligence elle-même le principe formel prochain du Verbe est omnino tenenda, déclarent les Salmanticenses. Disp. I, dub. ii, § 1, n 38.

Mais une controverse, toute scolastique, sur le principe formel immédiat partage les théologiens. Voir t. xiii, col. 658. À la seconde opinion, indiquée comme appartenant à saint Bonaventure, se rallient non seulement les Wirceburgenses, mais les scotistes Hcnno, Mastrius, Frassen, à la suite de leur maître, et les nominalistes Occam et Biel, ainsi que Molina, In 7° m part. Sum. S. Thomse, q. xxviii, a. 1. Voir également dans son commentaire sur la même question de la Somme, l’opinion presque similaire de Grégoire de Valencia. B i Il u art réfute Henno et les scotistes, dissert. II, a. 3 ; les Salmanticenses attaquent Molina, disp. I, dub. iii, n. 85. Suarez, on l’a vii, a réfuté Valencia. La troisième opinion relatée a pour elle la totalité de la phalange thomiste et, chez les jésuites, Suarez, t. I,