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2177 PISTOIE (SYNODE DE). I/ASSEMBLÉE DE FLORENCE, SESSIONS 2178

laites par le synode de l’isloie et quatre nouveaux articles. Enfin, un billet de la secrétaireric d'Étal, du 26 mars, signé par François Seratti, priait les évêques de lixer, dès la r c session, la méthode qu’on suivrait.

La nouvelle de cette assemblée se répandit rapidement dans le public et provoqua réflexions et controverses, car, en Toscane, surtout après le synode de Pistoie, les esprits étaient excités. En elïet, bien que les Actes du synode n’aient été publiés que plus tard, on connaissait cependant plusieurs des décisions qui avaient été prises ; d’ailleurs, l'évoque avait déjà, par des lettres antérieures à son synode, mis à exécution plusieurs des décisions confirmées au synode. Il faut dire, de plus, que les points proposés par la lettre du grand-duc ressemblaient tant aux décrets du synode de Pistoie qu’il parut à plusieurs que l’assemblée des évoques à Florence n'était convoquée que pour approuver les décisions de Pistoie : la conduite de Ricci à Florence montrera que l'évoque de Pistoie fut toujours, avec ses deux amis, les évêques de Colle et de Chiusi, le défenseur des décisions qu’il avait fait prendre à son synode. N'était-il pas même l’inspirateur et peut-être le rédacteur des 57 points proposés par la lettre du grand-duc ? En tout cas, c’est assurément l'évêque de Pistoie qui fit ajouteraux 57 points les six mémoires annexés au synode de Pistoie, pour qu’ils fussent examinés par tous les archevêques et évêques de Toscane, et ensuite approuvés par le fut utconcile national.

Le duc de Toscane, par la lettre du 17 mars, traçait le programme de l’assemblée et celui-ci mérite d'être connu dans ses grandes lignes, car il indique la mainmise du pouvoir civil sur l'Église. Le duc veut « établir l’uniformité dans la discipline ecclésiastique, dans les fonctions du sacré ministère, dans l’instruction du peuple et l’enseignement de la morale, dans les principes des études théologiques du clergé séculier et régulier… », pour toute la Toscane. Ayant considéré que les évêques, « dans leurs synodes diocésains, pourraient prendre des décisions contradictoires, ce qui, nécessairement, augmenterait les obstacles à l’uniformité dans le régime de chaque Église…, Son Altesse royale a résolu de suspendre pour le présent la convocation des synodes et de travailler auparavant à réunir les évêques dans un concile national… Son Altesse royale a cru nécessaire, avant qu’on le convoquât, de tenir à Florence une assemblée générale de tous les prélats de la Toscane, pour y fixer, préparer et examiner les articles qu’il conviendra d’offrir à sa décision… Chaque évêque aura la faculté d’y amener avec lui, pour son aide et son conseil, deux ou trois personnes à son choix, pourvu qu’elles ne soient et n’aient jamais été attachées à aucun ordre régulier. Elles pourront assister à l’assemblée, mais sans y avoir voix délibérative. « …Après y avoir déterminé les règlements et formalités qui devront s’observer au concile national, on y examinera les articles relatifs aux matières ecclésiastiques, dont les évêques ont eu communication par la lettre circulaire du 26 janvier 1786… Les évêques délibéreront avec la liberté la plus entière… Son Altesse royale se flatte que, dans cette assemblée préparatoire, les évêques n’auront en vue que l’avantage de la religion, la tranquillité, le bien et le repos de leurs diocèses et qu’ils sacrifieront réciproquement leurs opinions particulières pour établir l’unanimité désirable. » Puis on procédera à la tenue du concile national ; lorsque les décisions en auront été approuvées par le gouvernement, on convoquera les synodes diocésains, dans lesquels, en se conformant aux maximes et aux décisions fixées dans le synode national, on pourra délibérer sur les moyens de parvenir à leur exécution et faire tels autres règlements particuliers qu’on jugera convenables.

Le duc, d’ailleurs, fait remarquer que ces dispositions n’ont d’autre but « que le bonheur de l'Église, la réforme des abus introduits dans la discipline, l'établissement des meilleurs principes pour l’instruction du peuple, les bonnes études du clergé, l’uniformité de la doctrine, l’extinction des disputes et la tranquillité publique ». Il espère que « les évêques se montreront animés de l’esprit de douceur, de paix, d’union et de charité fraternelle qui doit les distinguer parmi les autres hommes… ». Ainsi, « ils rendront les canons du concile si respectables qu’ils pourront servir d’exemple aux Églises des autres pays ».

A l'évêque de Pistoie, qui lui avait demandé d’approuver les Actes de son synode, Léopold répondit par des félicitations, mais le duc jugeait à propos de différer, pour le présent, la publication de ces Actes jusqu'à la conclusion du concile. Ricci reçut avec joie la lettre du grandduc qu’il communiqua à ses curés en les invitant < à invoquer l’Esprit-Saint, dans des prières publiques, afin qu’il présidât lui-même et qu’il animât toutes les délibérations de l’assemblée préliminaire qui allait se tenir ». Il fait remarquer d’ailleurs que le duc approuve pleinement les décisions qu’ils ont prises ensemble et que le délai imposé à la publication des Actes ne doit en rien les discréditer. Nouvelles ecclésiastiques du 20 nov. 1787, p. 185-188.

II. les difféiientes sessions (23 avr-5 juin 1787). — Les sessions de l’assemblée de Florence commencèrent le 23 avril et durèrent jusqu’au 5 juin. Les Nouvelles ecclésiastiques (27 nov., p. 189-191) en donnent une histoire très partiale et elles attribuent l’opposition des quatorze prélats (contre 3) « à une ligue formée par les religieux, intéressés à entretenir les superstitions populaires, par les ex-jésuites et les partisans encore nombreux de la cour romaine. Ils ne voyaient tous qu’avec chagrin tomber leur crédit, diminuer leurs finances, éteindre leurs systèmes, si le plan du grandduc avait eu son exécution. » La même conclusion ressort de l’histoire de cette assemblée par Tanzini, mais l'étude impartiale et objective des sessions laisse une impression très différente.

Pour bien mettre en relief l'état des esprits et le but poursuivi par le jansénisme toscan, il est nécessaire d’indiquer les diverses discussions que soulevèrent le programme de Léopold et celui que Ricci avait exposé dans son synode.

/ re session (23 avril). — La i re session se tint le lundi 23 avril ; il y eut 3 archevêques et 14 évêques, accompagnés chacun de 1, 2 ou même 3 consulteurs. Il fallut d’abord fixer les règles qu’on suivrait pour déterminer la manière de voter. Après des discussions très vives, la majorité des prélats se prononça pour la pluralité des suffrages ; seuls, les évêques de Pistoie, de Colle et de Chiusi, qui constitueront presque toujours la minorité, demandaient l’unanimité imrale des suffrages : le grand-duc semblait exiger cette unanimité dans sa lettre-circulaire, mais surtout on rappela que cette règle avait été appliquée au concile de Jérusalem. L’avocat Lampredi, pour soutenir la thèse de la majorité, invoqua l’exemple des tribunaux, qui se contentaient de la pluralité des voix, mais on lui répliqua que cela ne convenait point aux décisions de l'Église, car « les jugements civils et les délibérations politiques dépendaient de la prudence humaine à laquelle il devait suffire d’approcher la vérité et de déterminer le meilleur dans la mesure qui était possible à la connaissance de l’homme ; c'était tout autre chose pour les décisions de l'Église pour lesquelles la règle n’est point la simple prudence humaine mais la vérité révélée par Dieu ; de plus, l’effet des lois et des délibérations humaines est d’imposer l’obéissance extérieure et la soumission des sujets, qu’ils soient convaincus ou non de l’utilité des lois, tandis que, dans les décisions