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PHILOSTORGE

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PHILOSTORGE. — I. Vie. II. Son Histoire ecclésiastique ; texte et doctrines. III. Appréciation.

I. Vu ;. — Philostorge naquit, vers l’année 370, en Cappadoce Seconde, non loin de l’antique Nazianze, dans une bourgade du nom de Borissos, qui a été identifiée avec le village moderne de Sorsovu. Sur cette identification, voir la note d’Henri Grégoire dans la Byzantinische Zeitschrift, t. xix, p. 61 ; sur la date de la naissance de Philostorge, voir Batilïol, Quæstiones Philostorgianæ, Paris, 1891, p. 7, et Bidez, édition de Philostorge, dans le Corpus de Berlin, p. cvi.

Sa mère, Eulampios, était la fille du prêtre homoousien Anysios : ayant épousé un anoméen décidé, nommé CarUrios, elle se convertit à sa foi et parvint à entraîner avec elle son père, ses quatre frères ainsi que toute sa famille. Philostorge, Histor. eccl., ix, 9 ; Bidez, p. 119, 19 sq. ; P. G., t. lxv, col. 576. Agé de vingt ans, à l’occasion d’un voyage à Constantinople, Philostorge visita Eunomius dans sa retraite forcée de Dakora. Durant toute sa vie, il conserva fidèlement le vif sentiment d’admiration et d’affection que le vieux lutteur lui avait inspiré à cette occasion. Histor. eccl., x, 6 ; Bidez, p. 128, 10 sq. ; P. G., col. 588.

Nous ignorons si Philostorge se fixa à Constantinople, mais, comme il se montre très exactement renseigné sur ce qui se passa dans cette ville, en particulier dans la colonie anoméenne, il a dû y séjourner assez longtemps. Il se pourrait qu’il ait été du nombre des anoméens qui, au dire de Synésius, auraient exercé une certaine influence à la cour de Théodose II, vers l’an 410. Voir le début de la lettre v de Synésius, P. G., t. lxvi, col. 1341 ; Batilïol, Quæst. Philost., p. 8.

Philostorge fit sans doute un pèlerinage aux Lieux saints, car il visita Panéas. Histor. ceci., vii, 3 ; Bidez, p. 79 ; P. G., col. 537 sq. Il passa vraisemblablement par Antioche, car sa pittoresque et vivante description de Daphné et de ses bosquets de cyprès semble bien provenir de réminiscence de choses vues. Histur. eccl., vu, 8 ; Bidez, p. 86 sq. Il est douteux qu’il ait visité Alexandrie. Bidez, p. cix. Quoique bien au courant des controverses théologiques de son temps, Philostorge ne paraît pas avoir été clerc ; du reste, nous ne possédons aucun renseignement sur la profession qu’il a pu exercer.

Il mourut après 425, l’avènement de Valentinien III étant le dernier fait relaté par lui dans son Histoire.

II. Son « Histoire ecclésiastique ». — 1° Le texte.

— Nous tenons de Philostorge lui-même qu’il composa un éloge (t) y.ù> iiov) d’Eunomius, ainsi qu’une apologie du christianisme contre les attaques de Porphyre. Histor. eccl., iii, 21, et x, 10 ; Bidez, p. 49, 1 et p. 130, 11 ; P. G., col. 509 et 592. Son Histoire ecclésiastique fait suite à celle d’Eusèbe de Césarée. Livisée en deux tomes de six livres chacun, elle nous conduit des débuts de la controverse arienne à l’année 425. Photius, Bibliolheca, cod. 40, P. G., t. ciii, col. 72 sq. Les premières lettres de chacun des douze livres formaient l’acrostiche de <l>'.XoaTÔpYi.o :  ;. Voir l’épigramme de l’Anlhologia Palalina, ix, 193-194 ; Bidez, p. 1.

Le texte de cette Histoire est perdu. Photius, qui en découvrit un exemplaire, probablement dans la bibliothèque patriarcale de Constantinople, en a donné un compte rendu sommaire et une brève appréciation dans le codex 40 de sa Bibliotheca. Il en fit aussi un second résumé assez étendu qui, parfois, serre le texte de Philostorge d’assez près et qui en donne quelques extraits assez considérables. Ce second d.pouiIK ment de Photius, dont la tradition manuscrite est indépendante de celle de la Bibliotheca, nous a été conservé dans un certain nombre de manuscrits sous le titre : Ex. tûv -y.v.~/ ; r l ai’j.<3- : vLôn iaTopicôv

I)’.XoaTOp- : lO’j È7ttTOU, T] 7.770 Ç<DV% ÔtOTÊOU 777TS’.7 7, / Vj.

L’archétype de ces manuscrits est le Baroccianus 142 d’Oxford, qui date du xive siècle. Sur la tradition manuscrite de VEpitome de Philostorge par Photius, voir le mémoire de Batiffol dans la Rômische Quartalschrijt, t. iv, 1890, p. 134 sq. ; les Quæst. Philost., p. 33 sq. ; Jeep, Zur L’eberlieferung des Philostorgius, dans Texte und U ntersuchungen de Harnack, nouv. sér., t. ii, fasc. 3 b, p. 20 sq.

En suivant une piste indiquée par Tillemont, BatilTol a reconnu un nombre assez considérable de fragments de Philostorge dans la Passion d’Artémius, martyrisé sous Julien l’Apostat, laquelle a pour auteur un certain Jean de Bhodes. Voir le mémoire de Batiffol dans la Rômische Quartalschrijt, t. iii, 1889, p. 253 sq. Mais, tandis que les fragments repérés dans VArtemii passio ne. concernent que l’histoire profane, le Dictionnaire de Suidas, surtout dans les notices qu’il consacre à des ariens de marque comme Démophile, Auxence de Mopsueste et Léonce de Tripoli, nous a conservé un certain nombre de renseignements qui proviennent de Philostorge par des intermédiaires. Bidez, p. lxviii sq.

D’autres fragments de notre historien anoméen ont été reconnus par Pio Franchi de Cavalieri, dans une vie inédite de l’empereur Constantin, qui se trouve dans le Codex Angelicus gr. 22, lequel date du xie siècle.

Au 1. V de son Thésaurus orthodoxie fidei, Nicétas Acominatos a conservé cinq extraits de V Histoire de Philostorge.

Enfin, il semble que des données philostorgiennes soient parvenues aux historiens byzantins Zonaras et Cédrénus, par le canal de ce que les critiques ont appelé « la source jumelle ». Voir le mémoire de Patzig, Ueber einige Quellen des Zonaras, dans Byzant. Zeitschrift, t. vi, 1897, p. 332 sq. ; Bidez, p. en sq. Tous ces fragments se trouvent dans l’édition de Philostorge que Bidez a publiée en 1913 dans le Corpus de Berlin. Les éditions antérieures ne les donnent pas au complet.

Les doctrines.

Photius dit de l’Histoire de

Philostorge qu’elle n’est qu’un éloge, £Y x "t J - lov > des hérétiques et un réquisitoire, ^ôyoç xod xarrçyopîa, contre les orthodoxes. Photius, Bibl., codex 40, P. G., t. ciii, col. 72. C’est que Philostorge est un anoméen convaincu ; il est persuadé qu’ « Aétius et Eunomius seuls ont remis en évidence les dogmes de la piété, qui avaient été enfouis dans la suite des temps ». Loc. cit. Arius lui-même n’échappe pas à sa critique. Il lui reproche d’avoir enseigné que Dieu est inconnaissable et insaisissable par les hommes et par le Fils. Histor. eccl.. ii, 3 ; Bidez, p. 14 ; P. G., t. lxv, col. 465. Il lui objecte qu’en n’attribuant à l’homme qu’une connaissance imparfaite de Dieu, proportionnée à sa capacité intellectuelle, et en niant que Dieu soit substance ou hypostase, il est fatalement amené à ne voir en Dieu qu’un être composé. Histor. eccl., x, 2 ; Bidez, p. 126 ; P. G., col. 584. II fait le même reproche aux conciles de Rimini et de Constantinople et il les blâme d’avoir affirmé que la génération du Fils est mystérieuse. Loc. cit.

Il assimile aux homoousiens tous ceux qui enseignent que le fils est semblable (Ô[j.oloç) au Père soit par sa connaissance des choses futures, soit par sa nature, soit par sa puissance créatrice, et il est très dur pour tous les théologiens du « juste milieu », en particulier pour Acace de Césarée, Eudoxe et Démophile. Il va même jusqu’à leur reprocher d’être tombés dans la simonie et l’impudicité. Histor. eccl., x, 3 ; Bidez, p. 127 ; P. G., col. 585.

C’est surtout la doctrine de la similitude du Fils au Père selon l’essence, ôjxo’.o^ y.7.7’oûpÊav qu’il abhorre. Il la traite de blasphématoire. Histor. ceci., vi, 1 ; Bidez, p. 70, 1 8 ; P. G., col. 533. Il n’admet pas que le Fils puisse être appelé l’image incommutable de la substance du