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ORDRE. PREMIÈRES SPÉCULATIONS THÉOLOGIQUES


408 ; W.-H. Frère, Early form <>f ordination, dans Essays on the early history o/ the Church and Ihe ministry <ie H.-B. Swele, Londres, 1918 ; Arthur John Maclean, Ordination, dans Encyclopédie of Religions and Ethics, Edimbourg, 1917, t. ix, p. 540-552 ; Thalhofer, Handauflegung, dans le Kirchenlcxicon, t. v, p. 1484 ; L. Duchesne, Origines du culte chrétien, 5e édit., p. 361-398 ; G.-M. van Rossum, De essentia særamenti ordinis disquisitio hislorieo-theologica, Fribourg-en-B., 1914 ; J. Tixeront, L’ordre et les ordinations, p. 103-17(5 ; J. Coppens, L’imposition des mains et les rites connexes dans le N.-T. et dans l'Église ancienne, Paris, 1925, p. 110-173.

On consultera également, parmi les auteurs plus anciens, J. Morin, Commentarius de sacris Ecclesias ordinalionibus, Paris, 1655 ; dom Chardon, Histoire des sacrements, dans Migne, Cursus theologiiu, t. xx.

Sur les développements du rite primitif, on se reportera aux indications des sources qui précèdent chaque paragraphe.


IV. Les premiers essais de spéculation théologique. —

A vrai dire, la théologie du sacrement de l’ordre ne s’est constituée que peu à peu, au fur et à mesure des nécessités de la controverse.

Chez les Pères, soit orientaux, soit occidentaux, elle n’existe encore qu'à l'état embryonnaire. C’est la question de l’ordination conférée par les hérétiques qui sera l’occasion, pour la théologie de l’ordre, d’un développement dont l'évolution fut pénible, mais à coup sûr finalement profitable à l’enseignement catholique. Comme la question des réordinations doit être étudiée en un article spécial, nous ne pourrons ici que jalonner la route parcourue par la théologie catholique de l’ordre, du ive au xve siècle. Nous étudierons successivement l’enseignement des Pères et écrivains ecclésiastiques, l’enseignement des théologiens, depuis le xii° siècle jusqu’au concile de Florence, enfin le décret d’Eugène IV pour les Arméniens auquel nous rattacherons la question de l’essence du sacrement de l’ordre.

I. ENSEIGNEMENT DES PÈRES ET DES ÉCRIVAINS ECCLÉSIASTIQUES JUSQU’AU XIIe SIÈCLE. — 1° La

doctrine sacramentelle des Pères au IVe siècle. — 1. Lignes générales dogmatiques.

Ce que nous* avons à en dire ici n’est guère que la conclusion des exposés déjà faits touchant le développement de la hiérarchie et l’imposition des mains, considérée comme rite de l’ordination, communiquant à la fois le pouvoir de l’ordre et la grâce du Saint-Esprit.

a) Cet exposé a démontré la croyance de l'Église universelle à Vexistence d’un sacerdoce institué parle Christ et grâce auquel ceux qui en sont revêtus sont distingués des simples laïques, devenant par là aptes à remplir les fonctions sacrées de gouvernement et de sanctification des âmes dans l'Église. Cette notion dogmatique est développée déjà, indépendamment de toute préoccupation du rite sacramentel, par S. Grégoire de Nysse, Orat. in bapt. Christi, P. G., t. xlvi, col. 582 ; S. Jean Chrysostome, De sacerdotio, t. III, n. 5-6 ; In II Tim., homil. i, P. G., t. xlviit, col. 643614 ; i.xii, col. 603 ; S. Cyrille d’Alexandrie, In Joa., xx, 22 et 23, P. G., t. lxxiv, col. 711 ; S. Augustin, Contra epist. Parmen., t. II, c. xiii, n. 18, 30, P. L., t. xliii, col. 70, 72 ; S. Innocent I er, Epist. ad Alexand. Antioch., n. 4, P. L, , t. xx, col. 549 ; S. Jérôme, Contra Lucif., n. 11, P. L.. t. xxiii, col. 165 ; S. Grégoire le Grand, In I Reg., t. IV, v, 83, P.L., t. lxxix, coI. 293 ; Théodoret, In epist. II ad Tim., i. 6, P. G., t. lxxxii, col. 834 ; Aphraate, Demonst., xiv, n. 25, Pair, syriaque, t. i, Paris, 1907, p. 634.

b) On admet universellement, dans l'Église orientale, une hiérarchie à cinq ordres ; dans l'Église occidentale, une hiérarchie à huit ordres.

Pour mieux distinguer le sacerdoce des simples prêtres du sacerdoce des évêques, les Pères commencent à employer les expressions : sacerdos secundi

ordinis, S. Léon le Grand, Serm., xlviii, n. 1, P. L., t. liv, col. 298 ; sacerdos minoris ordinis, S. Grégoire le Grand, In Ezech., t. II, homil. i, n. 13, P L., t. lxxiii, col. 1065 ; presbgteri in secundo sacerdotio constituti, Optât de Milève, Contra schism. donat., t. I, c. xiii, P. L., t. xi, col. 910 ; secundi sacerdoles, Innocent I er, Epist., i, ad Decentium, c. ni, P. L., t. xx, col. 554.

c) La question du ministre n’est pas discutée. C’est l'évêque et l'évêque seul. L’hérésie d’Aérius (voir t. i, col. 515) a servi à mettre en relief cette vérité. Voir S. Épiphane, Huer., lxxv, n. 4, P. G., t. xlii, col. 507, réprouvant vérius. Sur le même sujet : S. Athanase, Contra arianos, n. 12, P. G., t. xxv, col. 270 ; S. Jean Chrysostome, In I Tim., homil. xi, P. G., t. lxii, col. 553 ; Théodoret, In I Tim., iv, 14, P. G., t. lxxxii, col. 815. Saint Jérôme, dont la pensée a été cependant si discutée et divers ment interprétée (voir Évêques, t. v, col. 1670, 1684 et Jérôme (Saint), t. viii, col. 965) résume la pensée de tous en une phrase célèbre : Quid facit, excepta ordinalione, episcopus quod presbyter non faciat ? Epist., cxlvi, ad Evang., n. 1, P. L., t. xxii, col. 1193. Les anciens conciles proclament la même do trine : I er concile de Nicée, canon 4, voir t. xi, col. 410 ; concile d’Antioche (341), can. 13, édit. Lauchert, p. 46.

En ce qui concerne la consécration des évêques, la discipline commune de l'Église entière a réglé de bonne heure que trois évêques au moins devaient y concourir. « Tous les évêques de la province », dit la Constitution égyptienne, Funk, Didascalia et Constitutiones apost., t. ii, p. 98. Au moins trois, déclare le concile de Nicée de 325, can. 4, voir ici, t. xi, col. 410. Les Constitutions apostoliques réclament des absents le témoignage de leur assentiment s’ils ne peuvent venir, VIII, xxvii, édit. Funk, t. i, p. 530. En fait, d’après les Canons d’Hippolyle et la Constitution égyptienne, un seul des prélats consacre au nom de tous. Chez les Grecs, le patriarche est toujours l’acteur principal ; mais il fait lire un acte attestant qu’il agit avec l’assentiment de tous les évêques, Const. apostoliques, loc. cit. Le nombre de trois, fixé par le cân. 4 du concile de Nicée, ne fut pas d’abord une règle générale. Les Constitutions apostoliques se contentaient de deux à la rigueur ou même d’un seul en cas de nécessité extrême, loc. cit. Le pape Corneille parle, on l’a vii, de trois évêques à la consécration de Novatien ; cf. Dict. d’archéologie chrétienne et de liturgie, t. iii, col. 2586-2587.

rf) La doctrine catholique de la matière et de la forme du sacrement se dégage déjà de ces éléments encore rudimentaires. Sans doute, la théorie hylémorphique des sacrements ne se présente pas sous la forme qu’elle revêtira au xme siècle. Néanmoins, on la retrouve dans ses lignes essentielles. N’est-elle pas d’ailleurs une doctrine traditionnelle dans l'Église (voir Matière et forme, t. x, col. 336. 343-344)'? En effet, le signe extérieur du sacrement est constitué par l’imposition des mains et par la prière qui l’accompagne. L’imposition joue le rôle de matière, puisque, par elle-même, elle n’est encore qu’un rite assez indéterminé. La forme, c’est la prière jointe à l’imposition : le mode déprécatif sur lequel est rédigée cette prière ne lui enlève rien de son efficacité sacramentelle.

e) La doctrine de Vefficacité sacramentelle ex opère operalo est aussi contenue en embryon dans l’enseignement que nous avons résumé. Pour les Pères, la collation du pouvoir hiératique est considérée unanimement comme dépendante de l’imposition sacramentelle des mains ; jamais personne ne fut admis dans l'Église comme diacre, prêtre ou évêque, qu’il n’eût reçu valideraient le sacrement extérieur de la consécration.