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PASCAL 11. RAPPORTS AVEC LES ETATS


nos autres frères les eardinaux-évêques, légats de Dieu et des apôtres Pierre et Paul, vous avez fait, approuvé, confirmé en vertu de notre autorité, moi aussi je l’approuve et le confirme ; tout ce que vous avez condamné, je Je condamne. » Les représentants de Guy de Vienne obtinrent une reconnaissance analogue. Sans nommer expressément l’empereur, le pape adhérait à son excommunication, 10 mars 1116. Récit de ce concile dans la Chronique d’Ekkehard. P. L., t. cliv, col. 1033 sq.

On aurait pu craindre qu’à la nouvelle de ces événements l’empereur ne marchât sur Rome. Sans doute se sentait-il trop faible, ou l’état de l’Allemagne lui inspirait-il trop d’inquiétude ; il ne quitta pas la Lombardie, s’occupant de réchauffer le zèle de ses partisans, tentant peut-être de nouvelles négociations avec Rome. Voir Cod. Udalr., n. 178. Il serait surprenant, d’ailleurs, qu’il ait été entièrement étranger aux événements qui se déroulèrent à Rome à la fin de la semaine sainte, et qui obligèrent une fois de plus Pascal à gagner le large. Ces échaufïourées qui mirent aux prises les partisans du pape et ceux du préfet de la ville sont longuement décrites par Pandolfe, dans sa biographie de Pascal. Voir Liber pontif., t. ii, p. 301-303. Nous n’avons pas à y insister ; elles montrent seulement que l’autorité du pape était mal affermie dans sa capitale même. On ne voit pas qu’il soit rentré au Latran durant la fin de cette année, c’est au château Saint-Ange, ou au Transtévère, ou dans diverses localités de la banlieue romaine qu’on le rencontre. Au mois de mars 1117, à la nouvelle que l’empereur se rapprochait de Rome, il s’empressa de gagner Bénévent. Henri put impunément entrer dans la ville, essaya de négocier avec les cardinaux qui y étaient demeurés, affirma une fois de plus qu’il lui était impossible, sans compromettre son autorité, d’abandonner le droit de remettre par la crosse et l’anneau les regalia aux ecclésiastiques. Cf. Cod. Udalr., n. 178. Il aurait aimé se faire couronner le jour de Pâques dans Saint-Pierre, renouvellement de la cérémonie du sacre qui se pratiquait aux grandes fêtes. Aucun des cardinaux romains ne voulut s’y prêter ; il fallut recourir aux bons offices de Maurice Bourdain, archevêque de Braga, que le pape, pour cette raison, ne tarda pas à excommunier. Jafïé, Regesla, p. 765, après le n. 6547. Incapable de rien terminer, Henri quitta la ville et remonta lentement vers le Nord, harcelé par les Normands que le pape avait lancés à ses trousses. Ni ces escarmouches qui continuèrent avec ceux, qui à Rome et dans sa banlieue, s’étaient ralliés à l’empereur, ni les luttes entre barons romains partisans de Pascal ou partisans de Henri, ne pouvaient rien terminer. Au début de 1118, les gens qui tenaient pour Pascal le persuadèrent de rentrer à Rome ; il les crut, mais ne put dépasser le château Saint-Ange, où une rapide maladie l’emporta le 21 janvier 1118. — En somme, rien n’était encore résolu de la fameuse querelle des investitures, et la situation restait celle que le pape avait trouvée en montant sur le trône pontifical, peut-être était-elle moins bonne en ce qui concerne l’Allemagne.

II. Pascal II et le reste de l’Église. — Par contre, en ce qui concerne les autres parties de la chrétienté, le pontificat de Pascal aboutit à des résultats plus heureux.

La France.

Sous ses prédécesseurs, les rapports

avaient été médiocres avec le roi Philippe I er. Les empiétements continus du roi dans les affaires ecclésiastiques, et plus encore sa conduite privée, avaient donné prise aux sévérités du parti réformateur. Au concile de Clermont, 1095, Urbain II avait fini par prononcer l’excommunication contre le roi adultère : eo quod pro~ pria uxore dimissa militis sui uxorem (Bertrade, femme de Foulques, comte d’Anjou) sibi in conjugium socia vit. Jafïé, Regesta, p. 681. Un repentir passager lui avait d’abord valu son pardon, mais il n’avait pas tardé à revenir à ses coupables amours. Pascal continua à son égard la politique d’Urbain II ; le 18 novembre 1100, dans un concile nombreux tenu à Poitiers, les légats du pape, en dépit de l’opposition du comte Guillaume, prononcèrent à nouveau l’excommunication contre le roi. Mansi, Concil., t. xx, col. 1119 sq. C’est seulement en décembre 1104 que cette pénible affaire fut terminée. L’évêque d’Arras, Lambert, reçut de Pascal délégation pour absoudre les deux complices, étant données la satisfaction qu’ils avaient fournie et les promesses qu’ils avaient faites. Jafïé, Regesta, n. 5979.

Les rapports de la papauté avec la monarchie capétienne allaient d’ailleurs s’améliorer avec l’accession définitive au trône (29 juillet 1108) de Louis le Gros déjà antérieurement associé au pouvoir par son père. Prince religieux et sage, il fut pour la papauté un très ferme appui dans les difficultés qu’elle rencontra avec l’empire. Voir ci-dessus, col. 2060, les raisons données par Suger du voyage du pape Pascal II en France en 1107. Ces bons rapports ne pouvaient qu’amener une solution pacifique de la question des investitures qui n’avait d’ailleurs jamais eu en France la même acuité qu’en Allemagne. Sans que l’on puisse parler d’un accord précis, encore moins d’un traité, il semble bien que l’on arriva à faire la distinction entre la collation aux évêques des droits spirituels et la remise qui leur était faite des droits régaliens. L’investiture ancienne se remplaça par l’attribution des regalia, généralement après le sacre, et en échange du serment de fidélité. C’était sensiblement la formule qui triompherait au concordat de Worms en 1122. Sur tout ceci, voir B. Monod, Essai sur les rapports de Pascal II avec Philippe I", Paris, 1907.

L’Angleterre.

Les choses allèrent moins bien en

Angleterre, soit durant le règne de Guillaume le Roux (1087-1100), soit sous Henri Baucterc son successeur (1100-1135). On le voit au mieux dans l’histoire d’Anselme de Cantorbéry, appelé en 1093 à succéder à Lanfranc. Depuis 1097, Anselme était exilé, il ne put remettre le pied en Angleterre qu’après la mort de Guillaume. A peine Henri est-il affermi sur le trône que les difficultés recommencent, parce que le pape lui a refusé l’autorisation de donner l’investiture aux ecclésiastiques. Jafïé, Regesta, n. 5868. Anselme s’étant soustrait à cette cérémonie, Pascal l’exhorte à la constance et lui rappelle la doctrine sur les investitures. Ibid., n. 5908, 5909 (avril 1101). Le pape cependant veut encore ménager le roi ; il est bien disposé, penset-il, mais mal conseillé. Ibid., n. 5910. Des évêques envoyés par lui à Rome sont revenus en déclarant au souverain que, s’il se comportait bien par ailleurs, le pape ne l’empêcherait pas de donner l’investiture et ne condamnerait pas celles qui avaient été déjà données. Pascal apprend cette trahison et excommunie ces évêques courtisans. Ibid., n. 5928 (décembre 1102). Quoi qu’il fasse, le roi ne pourra obtenir une telle concession. N. 5995. Trop zélé représentant de la politique du pape en Angleterre, Anselme, qui est allé à Rome à l’automne de 1103, est empêché de rentrer dans l’île. C’est le second exil. Toutefois, Pascal attend encore avant de prendre contre le roi des mesures de rigueur. C’est seulement en 1105, qu’au concile romain du mois de mars, Pascal excommunie, non pas le roi, mais ses conseillers. Ibid., p. 719, après le n. 6008 ; n. 6028. On attendait, avant de procéder contre le roi, les explications qu’il devait fournir par ses envoyés. L’année 1106 amena un revirement dans les dispositions d’Henri et, le 23 mars, Pascal pouvait communiquer à Anselme de bonnes nouvelles : Incliné à la condescendance par la soumission relative d’Henri, le pape relevait de