Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée
1213
1214
ORDRE. HIERARCHIE APOSTOLIQUE, PRÊTRES


Cette impression se fortifie quand on considère le rôle joué par les « anciens » au concile de Jérusalem. Aet.. xv. Les anciens occupent, dans l'Église, à la tête des fidèles, et immédiatement après les apôtres, une plæe éminente. Le texte des Actes ne les sépare pas des apôtres, voir xv, 2, 4, 6, et ils sont appelés, avec les apôtres, à donner la solution du problème proposé. Il s’agissait, on le sait, de décider si la circoncision devait être imposée aux convertis de la gentilité. La décision négative, prise après les discours de Pierre, de Paul, de Barnabe et de Jacques, est luise au nom des apôtres et des anciens, et elle est. comme telle, communiquée aux frères d’Antioche, de Syrie et de Cilicie. Aet., xv, 22, 23. Et saint Luc dit expressément au c. xvi, 4. que ce sont là les décisions prises par les apôtres et par les anciens qui étaient à Jérusalem : Ta Sôy^-onra xà xsxpifiiva ûttô tojv à-oaTÔXcov xai tcov TrpsaëuTÉpcov tïôv êv 'IepouaxXïjp.. De quoi il résulte que les anciens prenaient une part active à l’administration de l'Église ; ils appartenaient donc à la hiérarchie munie des pouvoirs sacrés.

2. Épître de Jacques.

L'épître catholique de saint Jacques apporte, en faveur de cette doctrine, un argument d’un grand poids. Cette épître est écrite aux douze tribus dans la dispersion. A la tête de ces communautés se trouvent aussi des anciens. Le célèbre passage relatif à l’extrème-onction en fait foi :

Quelqu’un parmi vous est-il malade, qu’il appelle les anciens de l'Église et que ceux-ci prient sur lui, l’oignant d’huile au nom du Seigneur. Et la prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera, et, s’il a commis des péchés, rémission lui sera accordée. » v, 14-17. On a fait remarquer que ces anciens de l'Église ne sauraient être ici de simples vieillards. Si l’onction devait être donnée par des laïques, pourquoi serait-elle exclusivement réservée aux plus anliens ? De plus, l’expression : anciens de l'Église marque bien que ces anciens appartiennent à la hiérarchie sacrée. Voir sur ce point. Extrême-onction, t. v. col. 1898. Mais tout doute est enlevé du fait que ces anciens de l'Église doivent conférer un rite sacré. L’onction faite parles anciens présente, en effet, tous les caractères d’un rite sacramentel. Il n’est question que de l’action et de la prière des anciens ; on ne parle pas de la foi ni des supplications clés malades. Ce rite sacré a donc quelque chose d’officiel ; sa valeur est indépendante des dispositions eu sujet. De plus, il est accompli au nom du Seigneur, c’est-à-dire très probablement par l’ordre, en vertu de l’institution du Sauveur. Et l’effet, santé du corps, sans doute, mais encore et surtout salut de l'âme par la rémission des péchés et la collation de la grâce, indique à proprement parler une action sacramentelle. Bref, nous trouvons ici tous les éléments du rite sacramentel. Voir Extrême-onction, col. 1899-1911. Or, qui a le pouvoir de conférer un rite sacramentel, possède une participation du sacerdoce de Jésus-Christ.

3. Actes : Église d'Éphèse. — Tels sont les anciens que nous rencontrons encore dans l'Église d'Éphèse, fondée par saint Paul, Aet., xviii, 21. Dans l’allocution que leur adresse l’Apôtre, xx, 18-35, nous apprenons la nature de leurs fonctions : ils sont recteurs de leur Église, pasteurs des fidèles, intendants de Dieu, et c’est à eux qu’il incombe de veiller sur le troupeau, ꝟ. 17-35 et surtout 28, où saint Paul leur applique le terme d'ÈTrioxÔTrouç. Ainsi donc, les anciens sont à Éphèse ce qu’ils sont à Jérusalem : ils gouvernent l'Église sous la haute direction de Paul, tout comme ceux de Jérusalem gouvernent sous la direction de Jacques. Ils forment un collège fermé, un conseil presbytéral institué par les Apôtres.

1. Pastorales. - La première épître à Timothée

nous montre également les anciens investis d’un pouvoir gouvernemental et doctrinal dans l'Église. « Ceux qui gouvernent bien, ol xa^ûç 7cpoza~&>TZç doivent être jugés dignes d’un double honneur, » v, 17, c’est-à-dire d’une rétribu Lion plus abondante, « surtout ceux qui s’appliquent à la parole et à l’enseignement. » Il ne semble pas qu’on doive distinguer des anciens sans fonction et des anciens directeurs, TcpoECTTwTEç, ou chargés du ministère de la parole, comme l’insinue J. Réville, Les origines de l'épiscopat. Paris, 1894, p. 293 sq. Présider, travailler par la parole el par l’enseignement sont les fonctions normales du presbytérat. Seulement tous les anciens ne sont pas également zélés. Les plus zélés ont droit à des égards particuliers ; mais tous doivent être respectés. Il ne faut accueillir aucune dénonciation contre un ancien à moins qu’elle ne soit appuyée de deux ou trois témoins, v, 19.

Tout aussitôt après, ꝟ. 22, saint Paul recommande à Timothée de ne conférer l’imposition des mains à personne d’une manière précipitée et de ne participer en rien aux fautes d’autrui. Il serait, en effet, responsable des péchés commis par ceux qu’il ordonnerait à la légère. Il ne semble guère douteux que saint Paul ait eu ici en vue l’imposition des mains pour l’ordination au presbytérat. « Cela ressort avec évidence du contexte : après avoir parlé de la vénération due aux anciens et de la conduite à tenir à l'égard de ceux qui manquent à leur devoir, il passe naturellement à cette recommandation de ne les ordonner jamais qu’après mûr examen. L’Apôtre a un soin spécial de prévenir les fautes de ces anciens et surtout l’effet funeste du mauvais exemple qu’ils pourraient donner ; pourquoi ? sinon parce qu’il s’agit des supérieurs ecclésiastiques. Les anciens sont donc les recteurs de la communauté, mais ils sont soumis à l’autorité de Paul et de Timothée. son délégué, qui les établissent par l’imposition des mains », Michiels, op. cit., p. 154. D’ailleurs, saint Paul rappelle à Timothée qu’il reçut l’imposition des mains du corps des anciens, [jtzzà STuOsæwç ttov j^eiptôv toû TrpeaêoTipîoo, iv, 14. Quand donc Paul imposa les mains à ce disciple, il y avait près de lui le corps des anciens, qui imposèrent les mains, sinon comme consécrateurs, du moins comme prenant part à la fonction liturgique. Ce qu'évidemment ils n’auraient pu faire, si eux-mêmes n’avaient pas reçu auparavant la même faveur. Il faut conclure que les anciens étaient « ordonnés » par un rite sacré, l’imposition des mains.

Cette imposition des mains est le rite par lequel Paul et Barnabe établissent pour les fidèles des anciens dans chaque Église. ^stpoTovyiaavxeç Se ocÔtoïç rrpsoëuxépouç xar' êxxÀTjaîav, Aet. xiv. 22. Et il est évident que la recommandation faite à Tite de « constituer » des anciens dans chaque ville de Crète suppose le même rite consécratoire, Tit., i, 5. Les anciens dont il est question ici font à coup sûr partie de la hiérarchie sacrée, puisque deux versets plus loin, ꝟ. 7. ils sont identifiés avec les « épiscopes ». De plus, l’indication fournie par saint Paul, à savoir que les

anciens » doivent être constitués xa-r' êxxXyjaîav, xotTà 7t6Xi.v, semble bien indiquer qu’il s’agit d’une institution générale dans chaque Église, chaque cité.

5. Épîtres catholiques.

Cet exposé de la doctrine paulinienne touchant les anciens nous permet de fixer le sens du mot TrpscëÔTSpoç, tel que nous le rencontrons dans l’inscription de la deuxième et de la troisième épître johannique, et surtout dans I Pet., v, 1 sq. Les « anciens » sont ici les collègues de saint Pierre et le terme d' « ancien » est à coup sûr l'équivalent d' évêque ». Ce sont les anciens, chargés de gouverner le troupeau, qui en sont les directeurs, les régents, les surveillants, èjctffXoreouvTSÇ, f. '.',