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1931

PAPE. RAPPORTS AVEC LES EGLISES ORIENTALES

1932

Les patriarches de Babylone ont longtemps revendiqué la juridiction sur les Syro-Malabars, mais ils se sont heurtés à l’opposition du Saint-Siège. Cf. S. Giamil, Géminée relationes inter Sedem apostolicam et Assyriorum orientalium seu Chaldieorum Ecclesiam, Rome, 1902. Les Syro-Malabars ont une hiérarchie représentée par un métropolitain et trois sufïragants. Ils habitent, au nombre de 500 000, les deux royaumes de Travancore et de Cochin, dans les Indes anglaises.

RU arménien.

Victimes attitrées des Turcs, les

Arméniens, qui forment une Église ayant son rit propre, donnent au monde le spectacle d’un peuple que les persécutions n’arrivent pas à détruire et qui, dépouillé de patrie, trouve dans la langue et les cérémonies de son culte religieux le signe de son unité. Partis de Cilicie, ils se sont créé jadis des foyers au Caucase, en Bulgarie, en Hongrie ; en Transylvanie, où ils sont environ 45 000 ; le concordat roumain de 1829 prévoit pour eux un « chef spirituel avec siège à Gherla ». Les 5 000 Arméniens qui vivent en Galicie possèdent un archevêque à Lwôw. Le berceau de cette Église, l’Arménie, détient encore, nominalement, treize sièges archiépiscopaux ou épiscopaux ; mais les massacres et les persécutions ont ruiné ces chrétientés. Jusqu’en 1928, le siège officiel du patriarche était Stamboul ; un bref apostolique du 15 octobre 1928 a transféré le siège à Beyrouth, Acta ap. Sed., t. xxi, p. 548. Des 70 000 fidèles soumis à la juridiction patriarcale quelques-uns se cramponnent à la terre de Turquie, d’autres se sont fixés au Grand-Liban, en Syrie, en Perse. L’Europe et l’Amérique en ont également recueilli certains groupes. (Les quelques renseignements pour lesquels nous ne donnons pas de justification, et qui ne proviennent pas de V Annuario pontiftcio de 1929, notamment ceux qui concernent le chiffre respectif des populations, sont dûs à l’obligeance de notre collègue Mgr Dib, dont la scrupuleuse documentation se fonde en partie sur des informations privées mais sûres, en partie sur le dépouillement de multiples périodiques, la plupart en langues orientales, dont l’utilisation directe nous eût été impossible.)

II. LA CONGREGATION ROMAINE DE L’ÉGLISE

orientale. — Depuis 1917, le pape possède en curie, pour communiquer avec les catholiques n’appartenant pas au rit latin, un organisme spécial : la congregatio pro Ecclesia orieniali. Comme elle n’existait pas encore à la date où parut l’article consacré aux congrégations romaines, il y a lieu d’en dire ici quelques mots. Voir aussi l’art. Missions, col. 1872.

1° Avant 1917. — Le régime immédiatement antérieur à 1917 avait été organisé par la constitution Romani pontiftces de Pie IX, publiée le 6 janvier 1862. P. Gasparri, Codicis juris canonici fontes, t. ii, p. 916. Ce document contient un excellent résumé des tâtonnements successifs de la papauté pour assurer, jusqu’à cette époque, les relations avec les chrétientés orientales.

Après avoir repoussé le reproche de vouloir latiniser, adressé quelquefois à ses prédécesseurs, et avoir affirmé hautement que les papes ne veulent point modifier les rites propres de l’Orient, si vénérables par l’antiquité de leurs origines et que pratiquèrent tant d’illustres Pères de l’Église, mais seulement veiller à ce que rien ne s’y introduise de contraire à la foi catholique et de dangereux pour le salut des âmes, Pie IX y rappelle les tentatives pontificales pour ramener les dissidents à l’unité et subvenir aux besoins spirituels des communautés unies au Saint-Siège.

Des organismes spéciaux apparurent en Curie dès le déclin de l’hégémonie des consistoires, au xvr 3 siècle, c’est-à-dire quand fut adoptée la pratique de répartir la besogne de gouvernement entre diverses commissions cardinalices. Grégoire XIII érigea une congrégation

De rébus Grœeorum, dont Clément VIII accrut l’autorité et accéléra les travaux. Elle cessa de fonctionner en 1605. Au sein de la Propagande, créée par Grégoire XV en 1622, Urbain VIII (1623-1644) pratiqua deux sections, l’une chargée de la correction des livres liturgiques en langue grecque, Congregatio super correctione euchologii Gnccorum, l’autre préposée aux affaires disciplinaires des Orientaux, Congregatio super dubiis Orientalium. La première devait son origine aux renseignements donnés par le roi d’Espagne, Philippe IV, sur les Italo-Grecs de Calabre et de Sicile, qui se servaient, paraît-il, de missels de provenance orthodoxe, où les erreurs dogmatiques abondaient. Clément XI (1700-1721) étendit ses attributions aux livres liturgiques de toutes les Églises orientales. Il lui donna un préfet et un secrétaire distincts de ceux de la Propagande et lui adjoignit des consulteurs spécialisés dans l’étude des langues de l’Orient. En revanche, la section particulièrement affectée, dans la Propagande, à la discipline des Orientaux, perdit sa physionomie propre et s’absorba dans le reste de la congrégation. Celle-ci, quand elle devait traiter d’affaires concernant une Église non latine, nommait chaque fois une commission de cardinaux, choisis parmi ses membres, et passant pour connaître le pays en question. Il n’y avait donc plus, dès lors, en Curie, qu’un seul organisme exclusivement destiné aux Orientaux, et sa mission, de pur contrôle, se limitait à la revision des livres liturgiques. Il en fut ainsi jusqu’en 1862.

Sous le pontificat de Pie IX, les rapports entre Rome et l’Orient parurent entrer dans une phase de plus grande activité ; la nécessité s’imposa d’un moyen de communication permanent et mieux adapté à la situation nouvelle. Le pape crut le trouver dans une division de la Propagande en deux sections tout à fait distinctes l’une de l’autre, quoique sous la présidence d’un même préfet.

La section de l’Église orientale eut son secrétaire, ses employés, ses consulteurs, qui ne s’occupaient en rien des missions latines. Chaque cardinal qui en était membre fut affecté à un rit déterminé ; il devait se faire le rapporteur des questions qui s’y référaient et acquérir, de ce chef, une compétence de spécialiste. Pie IX dissolvait la congrégation instituée par Clément XI pour la correction des livres orientaux et confiait au nouvel organisme le soin de réviser toute la littérature ecclésiastique des Églises non latines, quel qu’en fût l’objet : traduction de la sainte Écriture, recueils de textes législatifs, traités de discipline ou d’instruction catéchétique.

A cette besogne présidait un cardinal « ponent », dont la charge, permanente, faisait l’objet d’une nomination spéciale du souverain pontife.

Cette section de l’Église orientale restait cependant intégrée dans la Propagande : même préfet, même palais, même sceau ; elle formait l’une des deux branches, également principales, dont se composait la congrégation. P. Gasparri, toc. cit.

2° L’œuvre de Benoit XV. — Une telle situation présentait des dangers que Benoît XV finit par sentir de façon aiguë. Personnellement, les papes avaient toujours reconnu aux rits orientaux le droit à l’existence. Saint Pie V, par exemple, constitution Providentiel, du 20 août 1566, dans P. Gasparri, Codicis juris canonici fontes, t. I, p. 204, Benoît XIV, const. Allalw sunt, du 26 juillet 1755, ibid., t. ii, p. 456, les avaient protégés contre les infiltrations latines. Après Pie IX, Léon XIII avait affirmé bien haut sa volonté de respecter leur vénérable et attachante physionomie. Les termes de l’encyclique par laquelle il étendit la fête des saints Cyrille et Méthode à l’Église universelle 30 septembre 1880, Leonis XIII, P. M., acta, t. ii, p. 125, ceux de la bulle de réformation des basiliens de