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    1. PANTHÉISME##


PANTHÉISME. CONDAMNATIONS DE L’ÉGLISE 1872

el Hegel. La nature et le règne des esprits sont unis en Dieu, comme corps et âme s’unissent dans le même moi. Il y a en Dieu connaissance, volonté et sentiment ; il est transcendant, mais il veut vivre sa vie infinie dans et par le monde.

Schopenhauer ne veut pas qu’on désigne son système du nom de panthéisme : évidemment, son Absolu n’a pas les qualités d’un Dieu ; mais on pourrait dire cela de beaucoup, sinon de tous les systèmes panthéistes. L’Absolu est volonté ou tendance ; il devient objet dans les idées, puis dans les représentations. La tendance fondamentale ne peut jamais être satisfaite ; le monde est donc radicalement mauvais. La volonté de vivre doit finalement être brisée par l’ascétisme. Schopenhauer est le premier des penseurs modernes qui ait subi consciemment l’influence hindoue.

2° La pensée allemande de la seconde moitié du ai -Ve siècle. — La pensée allemande de la seconde moitié du siècle a une portée bien plus restreinte. La gauche hégélienne maintient pendant quelque temps le panthéisme pour sombrer finalement dans le matérialisme (Strauss, Feuerbach). Le monisme de la fin du siècle combine, d’une façon assez superficielle, le matérialisme évolutionniste avec des idées empruntées à Spinoza (Hàckel). Le théisme spéculatif cherche à se dégager des liens du panthéisme sans y réussir parfaitement (J. H. Fichte, Weisse, surtout Lotze). Fechner est resté panthéiste : Dieu est la totalité de l’être et de l’action. Tout est animé : tout se fond dans l’éternelle conscience divine.

Ou doit à Edouard von Hartmann une synthèse remarquable des idées de Hegel et de Schopenhauer : L’Absolu est inconscient, doué d’intelligence et de volonté. Le monde, produit de sa volonté, est le meilleur possible ; mais, malgré cela, il est indigne d’exister. L’Absolu devient conscient dans l’homme ; il soutire et doit être sauvé par la suppression du monde qu’amènera nécessairement le progrès de la civilisation.

3° Le XIXe siècle en dehors de l’Allemagne. — En dehors de l’Allemagne, la pensée du xixe siècle est bien moins favorable au panthéisme et, pour ce qu’elle en comporte, elle reste le plus souvent tributaire des systèmes allemands. Nous passerons rapidement sur cette dernière partie de l’histoire.

En France, Victor Cousin subit momentanément l’influence de Schelling et de Hegel et accepte des formules panthéistes qu’il désavoue plus tard. On peut dire presque la même chose de Vacherot. Les positivistes rejettent le dilemme théisme-panthéisme parce que métaphysique : mais il y a de Comte à Durkheim une tendance à hypostasier l’humanité. On a vu dans le système de M. Bergson un panthéisme, une divinisation de l’élan vital ; c’est ainsi qu’il a généralement été compris, surtout outre-Rhin. Il paraît. selon une fameuse lettre au 1’. de Tonquédec, que du moins les intentions de l’auteur étaient tout autres : de sa pensée se dégagerait « la réfutation du monisme et du panthéisme en général ». Etudes, 20 février 1912 : voir ici, I. x, p. 327.

Dans les pays de langue’anglaise, l’empirisme a prédominé ; cependant, les poètes Coleridge et Wordsworth, les essayistes Carlyle et Emerson ont travaillé à l’introduction de l’idéalisme allemand. L’école de Green et Bradley adopte les lignes essentielles de la philosophie de Hegel. Hegel cul également une grande influence sur la pensée italienne ; on trouve son action dans la ligne qui va de Vera et Spaventa à Crôce et < ient ile, et même chez les ontologistes catholiques. Les pays protestants du nord et les pays slaves s’ouvrirent largement à la spéculation allemande.

A l’époque du romantisme et vers la fin du siècle, le panthéisme a inspiré de nombreux poètes. Il ne faut pas chercher chez eux de nouvelles formes systéma tiques de la doctrine ; mais on en trouvera une expression souvent merveilleuse, propre à atteindre un public étendu, habituellement inaccessible aux philosophes professionnels.

IX. Les condamnations de l’Église. — 1° Avant le concile du Vatican. — Nous avons rappelé plus haut, col. 1866, certaines condamnations médiévales intéressant le panthéisme. Ce n’est qu’au xixe siècle que le panthéisme fut formellement condamné par l’Église. La définition du concile du Vatican fut provoquée par la spéculation allemande ;.Mgr Gasser déclare qu’elle vise Schelling et Hegel. Mais, auparavant, certaines infiltrations provenant de cette spéculation s’étaient affirmées à l’intérieur de l’Eglise et avaient donné lieu à plusieurs réactions de l’autorité suprême. Giinther avait prétendu que la création était nécessaire ; Pie IX déclare cette opinion contraire à la doctrine catholique. Bref Eximiam tuam du 15 juin 1857, adressé au card. von Geissel, Denz.-Bannw., n. 1656. L r n décret du Saint-Office condamna, le 18 septembre 1861, entre autres les propositions suivantes des ontologistes : « L’Être que nous comprenons en toutes choses et sans lequel nous ne comprenons rien est l’être divin. Les universaux considérés du côté de l’objet ne se distinguent pas réellement de Dieu. » Prop. 2, 3, trad. Vacant ; Denz.-Bannw. , n. 1660-1661. Voir l’article Ontologisme, col. 1048.

Le Syllabus de 1864 consacre son premier paragraphe au panthéisme ; le passage est tiré de l’allocution Maxima quidem du juin 1862. Denz.-Bannw., n. 1701.

Nullumsupremiim.sapienIl n’y a pas de Divinité, tissimum.providentissimumsuprême Sagesse et Provoque Numen diviniini exsistit, dence, distincte de cet uniab hac rerum imiversitate vers ; Dieu est identique à la distinction, et Deus idem est nature ; il est donc soumis au ac rerum natura et iclcirco devenir ; en réalité Dieu se immutationibus obnoxius, fait, dans l’homme et dans Deusque reapse fit in homile monde ; toutes choses sont ne et mundo, atque omnia Dieu et ont la substance mè-Deus sunt et ipsissimam Dei me de Dieu ; Dieu et le monhabent substantiatn ; ac una de sont une seule et même eademque res est Deus cum chose ; par suite esprit et mammido et proinde spiritus ticre, nécessité et liberté, cum maleria, nécessitas cum vrai et faux, bien et mal, libertate, verum cum falso, juste et injuste coïncident, bomim cum malo et justum

cum injuste

2° Le concile du Vatican. La constitution dogmatique De fuie catholica du 21 avril 1870 porte, au c. i : De Dca rerum omnium creatore, ce qui suit (Denz.-Bannw. , n. 1782-1783 ; traduction Vacant) :

Sancta catholica apostoLa sainte Eglise catholi lica Romana Ecclesia crédit que apostolique romaine

et confiletur, unum esse croit et confesse, qu’il y a

Deum verum et vivum, créaun seul Dieu vrai et vivant,

torem ac Dominum cœli et Créateur et Seigneur du ciel

terrse, omnipotentem, peteret de la terre, tout-puissant,

num, immensum, incompre- éternel, immense, incompré hensibilem, intellectu ac vohensible, infini en intelli Iuntate omnique perfectione gence, en volonté et en tou inlinitum ; qui cum sit una te perfection, qui étant une

singularis, simplex omnino substance spirituelle, uni et incommutabilis substanque par nature, tout à fait

tia spiritualis, prsedicandus simple et immuable, doit

est re et essenlia a mundo être déclaré distinct du mon disl inclus, in se et ex se beade en réalité et par son es tissimus, et super omnia, sence, bienheureux en lui qua ; præter ipsum sunt et même et par lui-même, et

concipi possunt, ineffabiliter élevé indiciblement au-des excelsus. sus de tout ce qui est et peut se concevoir en dehors de lui.

I lie soins verus Deus boniA cause de sa bonté et par

tate sua et omnipotent] virsa vertu toute-puissante, non

tute, non ad augendam suam en vue d’augmenter sa béa beatitudinem nec ad acquilitude, ni pouracquérir sa

rendant, sed ad manifestanperfection, mais pour la ma-