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PALAMITE (CONTROVERSE). LES ANTIP AL AMITES.


biage anthioponiorphique du théologien hésychaste et des distinctions réelles enseignées par ses vrais disciples. Sa distinction réelle à lui équivaut à peu près à la distinctio virtualis cum fiwdamenlo in re du commun des théologiens catholiques, et celle-ci, à notre avis, ne diffère pas, pour le fond, de la distinction formelle a parte rei de Scot.

Reste la question de la lumière thahorique incréée. Scholarios la maintient dans ton premier opuscule ; mais il l’explique en fonction de la théorie générale sur le rapport entre l’essence et les attributs, et il l’identifie en fait avec la divinité elle-même. La vision du Thabor fut une manifestation de la divinité : ià è'èv tcô opet y116[i.eMoi. T ° Te <*ùt6 toOto Geôv/jtoç ètûSeiEiç f, v. Par un miracle très rare, les apôtres, sur le Thabor, jouirent de la vision béatifique et possédèrent pour un instant le royaume de Dieu : tocû-ry tt, v PaaiXetocv êvtoiç aÙTtovxal rpà toû Gavârou Sià 77, v t ?, ç oty.ovo(jita !  ; àv<x"pc/)v iT.r^zÛMiô iz SeISelv xal sSslEev. Ibid., § 8, p. 221.

L’opuscule polémique dont nous venons de parler lut écrit en 1445, alors que l’auteur était dans tout le feu de la controverse contre les Latins. L’autre dissertation sur l’essence divine et ses opérations est postérieure à la prise de Constantinople. Scholarios avait sans doute lu plus attentivement, dans l’intervalle, les deux « Sommes » de saint Thomas d’Aquin, dont il nous a laissé un résumé en grec, écrit de sa main. Ce qui est sûr, c’est que la doctrine exprimée dans ce second opuscule, d’où toute polémique est absente, se rapproche encore davantage de la solution catholique. Tout d’abord, on n’y fait nulle mention de la lumière thahorique. De plus, l’auteur, avant de donner sa solution, examine les diverses sortes de distinctions réelles et mentales. Il peut ensuite se prononcer sur la question avec une plus grande précision. « Les divines perfections ou opérations, dit-il, se distinguent entre elles et de l’essence où elles sont ; mais cette distinction n’est ni complètement réelle comme celles qui se trouvent dans les autres êtres, ni seulement mentale, l.a distinction pleinement réelle détruirait la simplicité divine ; la distinction purement mentale rendrait aine et superllue notre théologie. Cette distinction, du point de vue de la réalité, est inférieure à la distinction qui existe entre les personn.es divines entre elles. Elle est dite réelle en tant qu’elle s’oppose à la distinction de pure raison. Le concept de chacune des perfections est distinct réellement du concept des autres, (.'est en ce sens qu’elles se distinguent réellement et formellement, et ne sont pas le pur produit de notre esprit : SiaxpivovToci Se outs rrâv-ra Ttpay[jtaTixô)ç xaxà

7T, V TCÔV SX^COV TtoV £V TOtÇ O’JCUV OUTCO 8lO ! Xp(.VOj.LévCOV

Slâxpiaiv, cote xaT'ÈTiîvoiav [lôvry… 'Exocott) tcov Gstcov èvspYet, oiv 7rpây|i.â eotiv êv tS> ©eio xarà ÀeuTOTÉpav -où TïpâyjiaToç È'woiav, o-rt. StjXov ôti ti toù Trpây^aTCÇ Èa-ri xàv tw 7rpàY[i.om 7rpèç àvu81aaTOA7 ; v tcov 8euTÉptov voy ; tcov. Op. cit., p. 235-239.

Le vrai palamisme, on le voit, se dissout sous l’analyse de l’aristotélicien élève de saint Thomas qu’est Georges Scholarios. Nous avons un autre indice de sa pensée dernière. Dans son résumé des deux « Sommes » de l’Ange de l'École, il note sans doute, dans la préface, que saint Thomas s'écarte de l’orthodoxie bjzantine sur les deux points de la procession du Saint-Esprit et de la distinction de l’essence de Dieu et de ses opérations. Mais, alors qu’il passe les articles qui traitent de la procession du Saint-Esprit ab utroqæ il résume fidèlement et sans aucune note les nombreux articles où le théologien latin affirme l’identité réelle, en Dieu, de l’essence et des attributs et opérations, et aussi l’identité réelle de chaque personne avec l’essence. N’est-ce pas nous avouer implicitement qu’il souscrit à la doctrine thomiste et qu’il est. au fond, très embar rassé par le palamisme officiel, auquel sa raison répugne ?

V. Les principaux adversaires du palamisme. Leur doctrine sur la lumière thaborique. — Si le palamisme recruta de fervents adhérents dans la Byzance du xive siècle, il y rencontra aussi de nombreux et terribles adversaires, qui en auraient sans doute triomphé sans l’intervention du bras séculier. Une liste de ces adversaires, d’ailleurs incomplète, nous a été conservée dans le Vatic. grwe. 1096, fol. 29 v°, qui est du dentier quart du xiv c siècle. Nous y relevons, entre autres noms, les suivants, qui ont pris une part active à la controverse : Barlaam, Grégoire Acindyne, Nicéphore Grégoras, le hiéromoine Niphon, le philosophe Georges Lapithès, Jean Calécas, Ignace, patriarche d’Antioche, Matthieu d'Éphèse, le hiéromoine Prochoros Cydonès. Cf. Giovanni Mercati, op. cit. Il faut y ajouter : Atouémès, Théodore Dexios, Isaac Argyros et les unionistes Démétrius Cydonès, Jean Cyparissiotès et Manuel Calécas.

De Barlaam nous avons déjà suffisamment parlé. Nous avons montré comment, dès le début de la querelle, il avait été lâché par tout le monde, même par Acindyne, et par celui-ci moins à cause du fond de sa doctrine sur la nature de la lumière thaborique que pour la manière dont il s'était exprimé. Aussi bien les palamites ne s’arrêtèrent pas à ces divergences superficielles, et ils traitèrent de barlaamites tous ceux qui n’admirent pas une distinction réelle entre l’essence de Dieu et son opération, ainsi que l’existence d’une lumière divine éternelle et d’une grâce incréée.

Avant de parler des principaux défenseurs de l’orthodoxie et de la saine philosophie contre les innovations de Palamas, remarquons qu’il ne faut pas juger de leur véritable doctrine d’après les dires des théologiens palamites. Si nous en croyions ceux-ci, Acindyne, Jean Calécas, Grégoras et les autres auraient enseigné le pur nominalisme. Ils auraient dénié à Dieu l’activité et l’opération et en auraient fait une nature inerte ; ou bien ils auraient rabaissé au rang des choses créées l’action de Dieu et tous ses attributs relatifs et opératifs. Toutes ces imputations sont à mettre sur le compte de la polémique déloyale, qui, pour mieux écraser l’adversaire, lui prête des insanités. Nous ne voulons pas dire par là que tous les antipalamites aient été irréprochables dans la manière de s’exprimer sur Dieu et ses attributs ; que tous aient eu l’esprit suffisamment délié pour faire les distinctions nécessaires et réduire à néant les objections parfois subtiles et embarrassantes de Palamas et de ses disciples. La plupart des Byzantins n'étaient pas initiés à la méthode scolastique de l’Occident, et telle équivoque qu’un docteur en Sorbonne eût déchirée comme une toile d’araignée par une distinction appropriée a pu laisser muet un Nicéphore Grégoras. Mais les adversaires du palamisme ont eu assez de philosophie et de théologie pour maintenir l’absolue simplicité de l'Être divin et refuser à tout autre qu'à lui les épithètes d’incréé et d'éternel.

Il y a du reste une différence marquée entre l’attitude des antipalamites de la première heure et celle qu’ont tenue les polémistes de la seconde phase de la controverse. Les premiers, c’est-à-dire Acindyne, Jean Calécas, Théodore Dexios, Matthieu d'Éphèse et même Nicéphore Grégoras, sont préoccupés d'éviter toute innovation doctrinale et de s’en tenir, en fait de dogme, aux enseignements du symbole et des sept conciles œcuméniques. Cette attitude leur est commandée et par la défense portée par le z6y.oç ouvoSixôç et par la prétention de Palamas et des siens de développer et d’expliquer les antiques définitions. Ce sont des conservateurs résolus, qui ne veulent même pas se poser la question de la nature de la lumière thaborique. Inter-