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1785 PALAMITE (CONTROVERSE). ADVERSAIRES DE PALAMAS 1786

l'àme, et vice versa. La pièce a l’allure d’un manifeste doctrinal collectif des moines athonites, comme si ces derniers étaient investis d’un magistère officiel dans I liglise. Le dernier signataire, Jacques, évêque de Iliérisos et de la Sainte-Montagne, déclare que les athonites ne recevront à leur communion que ceux qui accepteront la doctrine contenue dans le tome. Bien plus, au début, cette doctrine est présentée comme une manifestation de mystères contenus implicitement dans l'Évangile et les écrits des Pères et révélés expérimentalement aux contemplatifs.

Comme nous l’avons dit plus haut, il est vraisemblable que les hésychastes exhibèrent pour la première fois cette profession de foi, non au concile du lu juin 1311, mais au conciliabule du mois d’août, présidé par Cantacuzène. D’après Nicéphore Grégoras, Histor. byzant.. 1. XXXVII. P. G., t. cxlix, col. 480, elle n’aurait été divulguée que vers 1344. En comparant le témoignage de cet historien avec un passage de Palamas dnns sa Réfutation du tome d’Ignace d’Antioche, Coisl. 99, fol. 147, nous concluons que les athonites partisans de Palamas l’envoyèrent, sur la fin de 1344, à l’impératrice Anne et aux principaux magistrats, sans doute en réponse à la lettre que le patriarche leur écrivit en novembre 1344, pour leur notifier la condamnation de Palamas. Cf. P. G., t. ciii, col. 12691273. En réponse à cette bravade, le gouvernement impérial lit appréhender tous les signataires, qui furent réunis en un seul endroit. On les somma d’abjurer la doctrine de Palamas. Ceux qui refusèrent furent expulsés de la Sainte-Montagne. Grégoras, ibid.

Après le triomphe du parti palamite en 1347, le tojxoç aYiopeiTixôç est considéré comme l’expression de la vraie doctrine, et c’est sans doute par allusion à cette pièce que le tome synodal de 1341 reçoit parfois, à partir de cette époque, le titre de ô auvoSixôç xocl àytopsiTixôç t6[j.oç, comme si les deux documents n’en faisaient qu’un. Au concile de 1351, dont nous parlerons tout à l’heure, le t6[aoç àyiopsiuxôç fut officiellement approuvé. P. G., t. cli, col. 757 CD. Sur son attribution à Piulothée, voir P. G., t. clii, col. 329 A ; t. cliv, col. 861 D.

/II. LE PATRIARCHE JEAN CALÉ CAS ET ACINDYNE

contre palamas (octobre 1341 -février 1347). — Avec la promulgation du tome synodal se clôt la première phase de la controverse palamite. On pouvait espérer que Grégoire Palamas et les siens se tiendraient pour satisfaits, après avoir obtenu un document qui leur était si favorable et que, dociles à la défense finale, ils garderaient le silence sur les étranges doctrines et formules que la polémique avec Barlaam leur avait fait inventer. Mais il n’en fut rien.

Acindyne nous raconte que, aussitôt en possession du tome, Palamas se mit à publier partout que sa doctrine et ses écrits avaient été approuvés par l'Église, et qu’il fallait les accepter sous peine d’excommunication, xcà S'.ïcov tv]v otxoo[jiév/jv a/eSov è'XeyE xexupcôaOai Ttâvra aùfoG Ta ayyYpâufjt.aTa auvoSixcôç. Monac. 223, fol. 54. Bien plus, il composa de nouvelles dissertations dogmatiques, où sa théorie sur l’essence de Dieu et ses opérations revenait avec les mêmes formules hérétiques qui se lisaient dans ses précédents ouvrages. A cette désobéissance manifeste il ajouta des critiques publiques de la politique suivie par le patriarche contre Cantacuzène, le protecteur des hésychastes. Mis au courant de tout par Acindyne, qui à partir de ce moment devint son conseiller intime et joua le premier rôle dans la lutte contre l’hérésie nouvelle, Jean Calécas se décide à sévir et à user contre le moine rebelle de sa double autorité religieuse et civile. Palamas est mandé à Constantinople. Il arrive sur la fin du carême de 1342, et a une entrevue privée avec le patriarche, qui lui demande de renoncer à ses nouveautés dogma tiques. Il refuse catégoriquement d’obéir. Une sommation canonique suit, qui l’appelle à comparaître devant le synode patriarcal. Il se dérobe et compte sur son ami, le moine Isidore, pour prendre sa défense. Le synode se réunit vraisemblob'.nent dans le courant de juin 1342. Isidore justifie.a conduite de Palamas en se fondant sur le tome synodal, qu’a signé le patriarche. Celui-ci, d’accord avec les membres du synode, condamna au feu les écrits du novateur comme scandaleux et semant partout la discorde. Cette sentence est confirmée par un nouveau synode qui se tient quelque temps après (probahlement en septembre 1342) au palais impérial et auquel assistent les sénateurs.

De ces deux premiers synodes, qui ont condamné les écrits de Palamas, mais non directement sa personne, il ne nous reste que le souvenir, que nous a conservé Acindyne, op. cit., fol. 54 v°. L’excommunication contre le rebelle ne fut portée que deux ans après, le 4 novembre 1344, après qu’il avait déjà passé deux ans en prison. Il fut, en effet, arrêté à Héraclée, où il s'était réfugié, à l’automne de 1312, et après quelques semaines passées dans les dépendances de SainteSophie, il fut enfermé dans le monastère de l’Incompréhensible, 7) ji.6vï) toÎ) 'AxaTaXyjTCToo, où il resta jusqu’au triomphe de Cantacuzène. L’excommunication fut motivée par la propagande qu’il ne cessait de faire dans sa retraite, en faveur de sa théologie, tant par la plume que par la parole. Le texte même de la sentence ne nous est pas parvenu, mais il nous reste plusieurs documents officiels de Jean Calécas qui nous la signalent, et nous apprennent que la sentence atteignit également tous les partisans de Palamas, et nommément le fameux Isidore, alors évêque élu de Monembasie. Ces documents sont : 1. Une lettre encyclique à tous les fidèles, leur annonçant la condamnation de Palamas, d’Isidore et de leurs partisans (Incip. : 'H y.sTpiôrrçç /]fi.wv àva8sSsY[i.Év7]), dans P. G., t. cl, col. 891894, d’après l'édition d’Allatius, De perpétua consensione, etc., t. II, c. xvi, 5, n ; 2. Une lettre aux moines athonites, écrite aussitôt après le synode du 4 novembre, dans P. G., t. clii, col. 1269-1273. Le patriarche, après avoir parlé de la condamnation de Barlaam en 1341, raconte la contumace de Palamas, son emprisonnement et, sans mentionner expressément son excommunication, exhorte les moines à user de leur influence pour le ramener dans la voie de l’obéissance. Pour toute réponse, les athonites envoyèrent à l’impératrice et aux principaux magistrats un exemplaire du tôjaoç àyiopeiTixôç et s’attirèrent par cette incartade les représailles dont nous avons parlé cidessus ; 3. Une explication officielle du tojjloç auvoSixôç de 1341 par le patriarche, composée après la lettre aux athonites (Incip. : "Ecm [i.èv àno TOÙTÔ[i.ou xocracpavsç), dans P. G., t. cl, col. 900-903, d’après l'édition d’Allatius, op. cit., t. II, c. xvii, 2 ; 4. Le début de la sentence contre Isidore, publié par G. Mercati, Notizie cd appunti, etc., Rome, 1930, p. 202-203. Quand l’excommunication fut portée contre Palamas et Isidore, le patriarche d’Antioche, Ignace, se trouvait de passage à Constantinople. Après s'être fait expliquer le cas des deux rebelles, il s’associa à la mesure prise par le patriarche œcuménique, et libella de son côté deux tomes, l’un assez long, dirigé contre Palamas, qui est resté inédit et qui a été réfuté par Palamas lui-même (cf. plus haut, col. 1745) ; l’autre, plus court, contre Isidore, qu’Allatius a publié dans son ouvrage : De libris ecclesiasticis Grœcorum, p. 188-189 (Incip. : 'EXaXyjOy) TCpî toù ûtto^cjhou). Ils ont été promulgués tous les deux après le synode du 4 novembre 1344, et dans le même mois.

L’activité de Jean Calécas contre Palamas et ses disciples ne se borna pas là. Soutenu par l’autorité