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OTLOH DE SAINT-KMMEKAN

OTROKOTS1 FORJSS

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/'. L., t. cxi.vi, co !. 387. et qui a été publiée par !.. v. Heinemann, Neues Archiv, t. xv, 1890, p. 340358 ; cette composition est destinée à prouver, contre toute vérité et contre toute vraisemblance, que l’abbaye de Saint-Emmeran possédait le corps de saint Denys. L’absence de preuves se dissimule mal sous on verbiage pénible.

10° Attitude intellectuelle d’Otloh. Les ouvrages que nous avons recensés témoignent chez leur auteur d’une culture littéraire et philosophique assez poussée. Cela ne veut pas dire qu’il faille ranger Otloh dans la catégorie de ceux qui, au milieu du r siècle, tentèrent de faire pénétrer dans l’enseignement ecclésiastique, soit des écoles cathédrales, soit des cloîtres, un peu de la culture profane. Si Otloh considère les « arts libéraux « (c’est-à-dire les sept arts du trivium et du quadriviuni) comme une invention humaine qui a ses avantages, s’il déclare même que les clercs doivent en être quelque peu instruits, il n’est pas disposé pour autant à leur ouvrir toute large la porte des couvents. Représentant de la réforme monastique de Hersfeld, il insiste avant tout sur le développement de la vie intérieure. Le psautier, tel est le livre par excellence du moine ; complété par les évangiles et quelques écrits spirituels de la patristique, il suffît à alimenter la vie morale aussi bien que la vie intellectuelle. La dialectique, ce troisième art du trivium, qui commençait alors à se développer et à devenir philosophie, lui inspire une véritable défiance ; ses préfaces, ses confidences personnelles sont pleines d’allusions moroses aux tentatives nouvelles. Otloh semble bien se rendre compte que ces nouvelles tendances finiront par triompher : il ne s’y résigne pas et fait un peu figure de conservateur attardé et chagrin. El cela ne l’empêche pas de raisonner et de dialectiquer à sa manière, de se forger à lui-même ses définitions et son vocabulaire, car il est un minimum de philosophie indispensable à qui veut s’exprimer en matière religieuse. Mais Otloh nous intéresse surtout par la peinture qu’il fait de ses états d'âme et de ses expériences dans la vie spirituelle.

I. Textes.

C’est B. Pez qui a le plus fait pour restituer l’oeuvre d’Otloh, que Mabillon n’avait fait que soupçonner. Celui-ci avait donné le De tentationibus dans les Vêlera anale<ta, t. iv, 1685, p. 402-450, mais sans en identifier l’auteur ; Pez a publié à peu près toute l'œuvre d’Otloh dans Thésaurus aneedolorum novissimus, t. il b et m b. C’est à Pez que Migne a emprunté son texte.

II. Notices littéraires et travaux.

On peut négliger toutes les notices antérieures à celle de Pez, Dissertatio isagogica, op cit., t. m a, p. x, reproduite dans P. L., t. cxlvi, col. 9-24. Le travail capital sur la biographie d’Otloh est celui de Dumniler, Ueber den Mônch Otloh non St. Emmeran, dans Comptes rendus de l’académie de Berlin, philos. hist. Klasse, 1895, n. 48, p. 1071-1102 ; excellente notice dans Max Manitius, Gesch. der latein. I.iteraiur des M. A., t. ii, 1923, § 10, p. 83-103 ; voir aussi Hauck, Kirchengesch. Deulscldands, t. iii, 3 « -4e édit., Leipzig, 1 !)06, p, 968-971 ; J. A. Endres, Forschungen zur Gesch. der jrùhmitleUdlcriichen Philosophie, dans les Beitràge zur Gesch. der Philosophie des M. A., t. xvii, fasc. 2-3, Munster-en-W., 1915, p. 64-87 ; J. de Ghcllinck, Le mouvement théologique du XIIe siècle, Paris, 1914, passim, voir table alphabétique.

É. Amann.

OTROKOTSI FORIS François, Hongrois converti du protestantisme au catholicisme († 1718). — Né vers le milieu du xviie siècle dans la région de Szecsény, d’une famille protestante, il fit dans sa patrie ses premières études ; en 1671 et 1672, il est à Utrecht où il s’applique à la théologie et à l'étude des langues anciennes. Rentré en Hongrie, il exerce les fonctions c’e ministre protestant à Kassa (Kasehau) ; impliqué avec d’autres ministres dans un

procès criminel, il est condamné aux galères. L’intervention des États généraux de Hollande le fait libérer, avec ses compagnons, en 1676 ; il retourne alors à Utrecht (1676-1678), mais on le retrouve en Hongrie à Kolozsvâr en 1682 et 1683. Il passe quelque temps à Oxford en 1691, puis à Franeker (Frise) en 16911693, et de nouveau à Utrecht. Dès ce moment il est préoccupé des divisions doctrinales qui régnent entre protestants ; s’efforçant d’y trouver un remède, il s’aperçoit que seule l'Église catholique possède un principe d’unité, et cette constatation l’amène finalement au catholicisme ; il abjure à Tyrnau en 1694. Il ne tarda pas à obtenir une chaire de droit civil à l’université de cette dernière ville, et fut chargé aussi de remettre en ordre les archives du chapitre d’Esztergom (Gran) ; il mourut à Tyrnau en 1718.

Il y a deux parts à faire dans sa production littéraire qui est assez considérable. Protestant, il publie à Kolozsvâr, en 1682, un livre de prières (en hongrois) et, en 1683, un recueil de sermons (en hongrois) ; à Amsterdam en 1690 deux livres latins : Apocahjptica tuba quinla : orlum, progressum et interitum locustarum… pandens, et Sententia mediea ac pacificatoria de remissione peccalorum Veleris et Novi Testamenti fidelium. Dès 1691, ses idées s’orientent

dans le sens de l’union des Églises et c’est à quoi vise un écrit publié à Oxford en 1691 : Theologia prophelica seu clavis Propheliarum et lyporum sacraScripturæ, ex ipsa Scriptura et SS. Palribus aliisque eximiis docioribus ita adornata, ut ea recle. ulentes scopulos novilalum, paci et unilali S. Ecclesiæ adversanlium, evilare, pedes in via veritalis figere, magnaque de fuluris S. Ecclesiæ et mundi nalionum rébus, arcanu in dies intelligere et in vera quoque pie taie proficere possinl, ouvrage qu’il pourra rééditer à Tyrnau en 1705. — De même inspiration, VIrenicum seu pacis consilium pro unione et concordia ad fratres protestantes, Franeker, 1692 ; les mêmes idées s’expriment, à l’occasion, dans les Origines Hungariese seu liber quo vera nationis Hungaricæ origo et antiquilas c veterum monumenlis et linguis præcipuis panduntur, Franeker, 1693. — Devenu catholique, Otrokotsi mettra au service de l’union des chrétiens la même conviction, mais en montrant que seule l'Église romaine est capable de faire cette union. Il commence par se défendre des attaques dont sa conversion l’a fait l’objet : Bonse conscientiæ luculentum lestimonium, suas actiones roram heminibus excusons, Kassa, 1694 ; puis développe son message pacifique : Leetum ad lugenles Sion nuntium quo, ex Is., xxx, 26, ostenditur : instare kmpus amplissimse lucis spiritualis in Ecclesia christiana, neenon couversionis Turcarum et tôt vulnerum scissionumque Ecclesiæ sanutionis per christianorum unionem futuræ, Tyrnau, 1696. La Réforme est incapable d’amener la paix et l’union : Examen reformationis Lulheri et sociorum ejus… juslum modestum, pacificum animœquc in salulem necessarium, Tyrnau, 1696 ; Rome est vraiment la cité sainte : Roma civilas Dei sancta, juxta dictum Psalmi Xi.riu (Vulg. xlvii), Tyrnau. 1698, publié aussi en hongrois ; la vraie religion, chrétienne, c’est celle que la Hongrie a reçue de Rome au xe siècle : Antiqua Hungarorvm religio temporibus S. Stephani, primi eorum régis christiani ab ipsis suscepta, pro meditanda et maluranda sancta christianorum in fide unione, Tyrnau, 1706 : et la dernière publication c’e l’auteur est encore un cri d’espérance : Restilutio Israël fulura, Vienne, 1712. — A côté de ces œuvres de propagande, il faut signaler un Brève spécimen inlroduclionis in jurisprudentiam melhodicam, Tyrnau, 1699, et un petit opuscule de théologie ascétique : Ambulantium coram Deo perfeciio