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du parti hostile à la politique inaugurée dans l’ordre en 1329, et même des spirituels et des fraticelles proprement dits ; les royaumes de Naples et de Sicile étaient les forteresses de l’opposition au coup d'État dont Michel de Gésène avait été victime. Ce fut pour le frère Guiral une mission malaisée, dans laquelle des lettres de recommandation du pape lui étaient très nécessaires.

On trouve le frère Guiral au nombre des théologiens présents à la condamnation d’articles extraits des écrits de Durand de Saint-Pourçain, O. P., prononcée à Avignon, en septembre 1333. Vers la même époque (5 septembre), il était désigné par le pape, avec Arnaud de Saint-Michel, O. P., pour négocier la paix entre les rois d’Angleterre et d’Ecosse. Au cours du voyage qu’il entreprit dans le Nord à cette occasion, il fut accusé par ses ennemis d’avoir, en passant par Paris, entrepris dans cette ville une propagande indiscrète auprès des maîtres de l’Université pour essayer de les convertir aux vues personnelles de Jean XXII sur la vision béati tique. Il lui fallut, pour ce motif, comparaître d’abord devant Philippe VI en audience particulière, puis devant une assemblée solennelle de barons et de théologiens siégeant au bois de Vincennes, en décembre. Il dut s’y défendre, s’excuser et se rétracter. Cet incident coupa court à sa mission. Guiral fut au nombre des maîtres en théologie qui, pendant l'été de 1335, avaient été réunis par le pape Benoît XII à Pont-de-Sorgues, pour débattre une fois de plus la question de la vision béati flque. Cf. art. Benoit XII, t. ii, col. 669.

A cette date, et malgré le remplacement de Jean XXII par Benoît XII, la situation de frère Guiral n’avait pas changé : il était toujours couvert par le Saint-Siège, mais exposé, dans son ordre et au dehors, à des agressions de la plus grande violence. Les mineurs de l’Italie du Sud étaient toujours au premier rang de ses adversaires : un ministre franciscain de cette région, frère Biaise de Muro, l’accusa alors officiellement d’hérésie et de multiples crimes contre l’ordre. Le pape ne condamna cependant pas Guiral Ot. Les célèbres constitutions de Benoît XII pour l’ordre franciscain, qui furent publiées à Avignon, le 28 novembre 1336, ont été rédigées d’accord avec frère Guiral. Ce fut d’ailleurs à Guiral qu’incomba la tâche de les promulguer, en face d’une opposition plus acharnée que jamais, au chapitre général de Cahors, à la Pentecôte de 1337.

Vers la même époque, Guiral Ot fut de nouveau employé à des missions lointaines. A la requête de Charles, roi de Hongrie, il s'était personnellement rendu auprès d’Etienne, ban de Bosnie. L’attention du ban était éveillée au sujet des hérétiques de ses domaines ; il était disposé à s’en débarrasser, avec l’appui du Saint-Siège et du roi de Hongrie, mais il craignait que ces hérétiques n’invoquassent l’appui des schismatiques voisins de la principauté de Bosnie. Le pape, dans une lettre du 28 février 1340, annonça à frère Guiral qu’il lui faisait envoyer les lettres à l’adresse du roi de Hongrie et du ban.

Après avoir tenu ainsi plus de douze ans au service du Saint-Siège, contre l’animadversion d’une grande partie de son ordre, Guiral Ot était nécessairement usé. Le 27 novembre 1342, le nouveau pape, Clément VI, le nomma patriarche d’Antioche et lui conféra l'église de Catane avec ses revenus substantiels. Il est à noter que son successeur comme ministre général, frère Fortanier Vassal, était aussi de la province franciscaine d’Aquitaine. En 1345, il prêcha le sermon du dimanche de la Passion dans la chapelle du pape Clément VI. Guiral Ot mourut de la peste à Catane, en 1349. et fut enterré dans la cathédrale de cette ville.

II. Écrits.

1. In quatuor libros Sententiarum. Cet ouvrage se trouve dans le ms. lat. 3068 de la Bibliothèque nationale de Paris. Ce manuscrit ne contient cependant pas le commentaire sur les quatre livres des Sentences comme on le soutient dans 1' Histoire littéraire de la France, t. xxxvi, 1927, p. 212, mais seulement le commentaire sur le IVe livre des Sentences. Il porte comme titre : Ordinatio fratris Geraldi Odonis, ord. min., magistri in theologia super librum quurtum Sententiarum quam fecil Parisiis et commence : Ad evidenliam islius quarti quem pre manibus habemus exponendum, in primis videtur esse querendum ulrum ex principiis théologie possit probari quod uliquod sacramentum a summa Trinitate fuerit institulum. A la fin nous lisons : Explicil ordinatio fratris geraldi magistri super quartum quem fecit parisiis. Après cet explicit vient une question isolée : Utrum in sacramento altaris sit accidens sine subjecto (fol. 90 v°-91 r°). Suit, enfin, la table des distinctions et des articles et des questions dont la dernière çnumérée est : Utrum in sacramento altaris sit accidens sine subjecto. Le copiste fait remarquer que cette question doit être insérée dans le traité de l’eucharistie : Hec questio débet poni in tractalu de eukaristia. Le ms. 65 de la bibliothèque nationale de Madrid contient des Reporlaliones de Guiral Ot sur les Sentences. Elles commencent : Hec est interpretatio. L’ouvrage y porte comme explicit : Reparationes (sic) secundum lecluram fratris Gerardi Odonis… legenlis Sententias Parisius anno Domini MCCCXXVI. Les mss. 180 et 285 de la bibliothèque municipale d’Assise contiennent le commentaire de Guiral sur le 1. III des Sentences. — 2. Leclio de signis diei Judicii. Cette leçon professée chez les mineurs de Toulouse est conservée dans le ms. lat. 8023, fol. 59 sq. de la Bibl. nationale de Paris. Elle commence : Ad evidenciam. XV. signorum et cherche les signes du jugement dernier en Daniel et dans les livres de Joachim. — 3. In varios libros sanctorum bibliorum. Le frère Guiral a composé une Exposilio in epistolas Pauli ad Corintliios et ad Galatas, qui débute : Carissimus f rater noster Paulus et qui est contenue dans le ms. 60 de la bibl. publique de Bordeaux et dans les mss. 46 et 71 de la bibl. municipale d’Assise. L’un et l’autre de ces écrits doivent être des cours professés à Toulouse et antérieurs à 1329. La bibliothèque Antonienne de Padoue conserve, dans les mss. XV, 327 et 334, deux exemplaires d’une postille In librum Sapienlie qui porte le nom de Guiral Ot et commence par ces mots : Ecce descripsi eam tripliciler. Les commentaires sur le Psautier et le Cantique des Cantiques, mentionnés dans un catalogue de la bibliothèque du Collège de San Bartolom à Salamanque, au xve siècle, et conservés, de nos jours dans la bibliothèque privée (Real biblioleca) du roi d’Espagne, à l’Escurial, ne peuvent point être attribués à Guiral Ot mais à Eudes (Odon) de Chàteauroux. Cf. Histoire littéraire de la France, t. xxxvi, 1927, p. 215. — 4. De figuris Bibliorum. Cet ouvrage est contenu dans le ms. lat. 590 de la Bibl. nationale de Paris, fol. 1-72. L’explicil prouve que cet exemplaire est postérieur à novembre 1342, car Guiral est dit : minister quondam generalis. Les « figures » étudiées dans cet opuscule ont trait à l’incarnation et il y en a environ une trentaine. Incipil : Ecce spiritus grandis. — 5. Commentarii in libros X Ethicorum. Les exemplaires manuscrits de cet ouvrage qui commence : Quifl sit virlus scrulamur, ne sont pas rares. On le trouve à la Bibl. nationale de Paris, lat. 16 127 ; à la bibl. Mazarine, n. 3496 ; à Boulogne-sur-Mer, n. 111 ; à Assise, n. 285 ; à Vienne (Autriche), n. 2383 ; à la bibl. Laurentienne de Florence, Plut. XIII, 3 ; à la bibl. Antonienne de Padoue, ms. XVIII, 389 ;