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ORSI


(et non en 1737 comme l'écrit Hurter, Nomenclator…, 3e édit.. t. iv, col. 1505), secrétaire de la Congrégation de l’Index. Catalani, De secretario Sacra* Congregationis Indicis, p. 139. Cette même année 1738, un ouvrage venait corroborer celui d’Orsi contre Du Chesne. Il s’intitulait : Apologie du R. P. Pierre Soto dominicain e* des anciennes censures de T.ouvain et de Douai contre l’Histoire du baïanisme… L’auteur qui signait « Louis de Lomanise » en était probablement Billuart.

A peine secrétaire de la Congrégation de l’Index, Orsi entreprit la publication d’un volumineux travail contre les doctrines gallicanes et en faveur de ce qu’il appelait déjà l’infaillibilité pontificale. Le premier des trois volumes in-4o qui parurent en 1739 s’intitulait F. Josephi Augustini Orsi ordinis prxdicatorum, S. Indicis Congregationi a secretis. De irreformabili romani pontificis in definiendis fidei controversiis judicio, t. i, pars l a, 444 p., Rome. Il n’est pas inutile de mentionner l’imprimeur : « Typis Sacræ Congregationis de Propaganda Fide. » Il apparaît tout de suite que l’ennemi visé par Orsi est le système de ceux qu’il appelle indifféremment « les Parisiens », « les Gallicans », « les Gaulois ». Tous ces théologiens français sont considérés comme ayant une même doctrine préjudiciable à l’autorité doctrinale du Saint-Siège. Orsi prétend les débouter de leurs positions par un examen historique de la conduite tenue par les conciles. Son second volume, tom. i, pars 2 a, paru la même année, comporte en appendice une Dissertatio circa modum ab illustrissimo Petro de Marca proposilum, conciliandi summam ejusdem romani pontificis auctoritatem cum liberlate sufjragiorum in synodis œcumenicis, 94 p., à la suite des 343 p. du corps du livre. Cette dissertation terminale sur le gallicanisme très prononcé de Marca est d’un ton vif. Elle se clôt par un dernier chapitre reprochant aux Gallos theologos en général de déclarer que le souverain pontife romain est le centre de l’unité catholique et pourtant de se réserver tous droits de soustraction d’obédience doctrinale à son égard. Le titre de ce second volume n’indique pas que la majeure partie en est dirigée contre Bossuet : quo Meldensis episcopi liber decimustertius examinatur et confutatur, p. 188-343. Le troisième volume, tom. secundus, 602 p., même date, est aussi dirigé contre Bossuet. De plus en plus Orsi tourne à la paraphrase de quelques textes sacrés : Tu es Petrus…, Rogavi prote… Les huit dernières pages constituent, en conclusion, l’apologie de l’infaillibilité pontificale opposée à la faillibilité des évêques.

Les trois volumes d’Orsi ont été réédités en 1771. Il en existait déjà depuis 1749 un résumé en langue italienne : Dell infallibililù, e dell' autorità del romano pontefice sopra concilii ecumenici, 2 vol. in-12, Rome. Orsi avait complété ce qu’il avait écrit de la souveraineté spirituelle et infaillible des papes par un traité historique de leurs droits au domaine temporel. Délia origine del dominioe délia sovranità dei romani ponteftci sopra gli Stati loro temporalmente soggetti dissertazione, Rome, in-12, 1742 ; 2e édit., 1754, in-12, xxxv-312 p. (et non pas in-4 u comme porte Hurter, col. 1509).

Les travaux que publiait Orsi, depuis 1739, contre le gallicanisme semblent liés à une attaque générale des théologiens et historiens ultramontains contre les excès de certains théologiens français, appellants de la constitution Unigenilus, et contre l’Histoire ecclésiastique de Claude Fleury, ouvrage d’un gallicanisme modéré mais peu agréable à la Cour de Rome et dont on pouvait tirer parti contre elle. En 1740 et 1741, au lendemain de la publication des trois volumes d’Orsi sur l’infaillibilité papale et sur le

Saint-Siège considéré comme ultime juridiction doctrinale, le Saint-Office s’employa à faire condamner par la S. Congrégation de l’Index, dont Orsi était secrétaire, l’Histoire ecclésiastique de Fleury. Ce que cet auteur avait dit des fausses décrétales, des prétentions romaines et même de la scolastique aurait plus particulièrement déplu. Mais le cardinal de Fleury, ministre de Louis XV, ne se souciait pas de laisser les doctrines ultramontaines s'établir en France à la faveur d’une condamnation de son homonyme Claude Fleury. En particulier, par une lettre du 14 février 1741, ce ministre mit en mouvement le cardinal de Tencin, nouvel ambassadeur de France à Rome. Il s’agissait d’empêcher une condamnation qui aurait été en France d’un fâcheux etïet. Le pape dut céder, malgré l’opinion des théologiens de son entourage. Il se contenta de faire remettre deux cents pistoles de dédommagement à un libraire de Venise qui avait entrepris l’impression d’une traduction italienne de l’Histoire de Fleury. Par là on éviterait du moins que l’Italie ne fût contaminée par cette doctrine jugée dangereuse. E. Gaquère, La vie et les œuvres de Claude Fleury, Paris, 1925, p. 415-416.

L’ultramontain Orsi ne pouvant condamner Claude Fleury décida de le combattre en opposant une Storia ecclesiastica italienne à l’Histoire ecclésiastique française. Non seulement les Italiens ne liraient pas une traduction de l’ouvrage dangereux, mais ils auraient une Histoire de l'Église à tendances contraires, c’est-à-dire véridique. Orsi voulut faire de cette histoire le principal ouvrage de sa vie. Cette défense des papes prit une extension considérable puisque, à partir de 1747 jusqu'à sa mort, Orsi ne publia pas moins de vingt volumes qui menaient le récit des origines à l’an 600. Plus tard l’ouvrage devait être poursuivi par un confrère d’Orsi, le P. Becchetti jusqu’en 1529. Les premiers volumes de l’Histoire d’Orsi reçurent un bon accueil de la presse. Les Novelle letterarie publicate en Firenze ne manquaient pas à l’apparition de chaque tome de faire leur petit compliment à cette histoire qui, disait-on, dépassait toutes les autres. Voir Novelle… 1752, col. 417, 705 ; 1756, col. 165, 465, 720 ; 1757, col. 232, 350 ; 1758, col. 151, 314, 770 ; 1762, col. 48. L’ouvrage aurait même été traduit en d’autres langues, notamment en allemand. Hurter, Nomenclator…, 3e édit., t. iv, col. 1506. Mais les érudits étaient obligés de constater qu’en réfutant Fleury, Orsi manquait de sérénité et ne se gênait pas pour piller son adversaire. Picot, Mémoires pour servir…, t. iv, p. 433. A peine Orsi était-il mort que les Novelle letterarie cessèrent de ne trouver à son Histoire que des avantages. On la déclarait trop docte et trop prolixe pour les honnêtes gens, Novelle…, 1762, col. 595.

Cependant on continuait à prendre au sérieux l’ultramontanisme d’Orsi. Ses volumes sur la supériorité du pape sur les conciles étaient encore réfutés en 1821 par la Dissertation sur la déclaration du clergé de France en 1682, ouvrage du vieux cardinal de La Luzerne, qui devait être réédité en 1843 et 1854. Orsi était encore défendu contre les gallicans par Palma et par son confrère Anfassi. Hurter, Nomenclator…, 3e édit., t. v, col. 852.

En 1749, les travaux d’Orsi l’avaient fait parvenir au titre de maître du Sacré-Palais. Neri Corsini était encore son protecteur. Orsi devenait consulteur des Congrégations des Rites et des Indulgences, examinateur des évêques, puis cardinal dans la nombreuse promotion du 24 septembre 1759. Il eut pour église cardinalice l'église dominicaine de SaintSixte-le-Vieux. Il ne modifia aucunement sa vie