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ORIENTALE (MESSE). RIT BYZ., ANAPHORE


notre Dieu, et c’est à vous que nous rendons gloire avec votre Père éternel… Cf. Charon, p. 39-40.

b) La grande entrée et l’offertoire. — Pendant le chant du chéroubicon, on fait la procession pour apporter les oblats de la prothèse au maître-autel. Le prêtre encense d’abord l’autel, le clergé et le peuple, en récitant le Miserere ; puis il engage l’assemblée à adorer le « Christ notre roi et notre Dieu ». Le diacre invite le prêtre à commencer la procession. Celui-ci lui passe la patène couverte et garde le calice pour lui. La procession avec cierge et encens, se déroule de la prothèse dans la petite nef et on rentre par la nef du milieu.

Le prêtre dépose les oblats, les couvre du grand voile et prie : …Votre tombeau… c’est la source de notre résurrection, puis il encense les oblats. On ferme la porte de l’iconostase et le diacre vient occuper le peuple. Complétons notre prière au Seigneur et une nouvelle litanie se déroule avec le Kyrie du peuple. Pendant ce temps le prêtre fait l’offertoire.

c) Le baiser de paix. — On ouvre l’iconostase et le prêtre bénit les fidèles, alors que le diacre exhorte au baiser de paix : Aimons-nous les uns les autres.

Les portes, les portes ! c’est l’avertissement de les bien garder.

d) Le Credo. — Le diacre : Avec sagesse, soyons attentifs. Le peuple ainsi préparé récite le symbole de Nicée-Constantinople. L'Église byzantine, d’après Théodore le lecteur, aurait commencé à le chanter vers 510. Il passa de là en Espagne et en Gaule. Théodore le lecteur, dans son Histoire ecclésiastique, t. II, c. xxxii, P. G., t. lxxxvi, col. 201, dit que le patriarche Timothée (512-514) en a ordonné la récitation. Le Brun, op. cit., t. iii, p. 161. En 568, Justin II en faisait une loi. Cf. art. Mozarabe, t. x, col. 2536.

Les melkites, les ruthènes catholiques et les italogrecs y ont ajouté le Filioque. Benoît XIV, dans sa lettre Elsi pasloralis du 26 mai 1742, permet aux autres uniates byzantins, de l’omettre, à condition toutefois d’y croire. — Les grecs de Syrie réservent le droit de représenter le peuple, dans la récitation du Credo, au vieillard le plus digne de l’assemblée. Lui refuser ce droit est une injure.

[La préparation au sacrifice dans le rit arménien. — La grande entrée y est aussi solennelle que dans le rit byzantin pur. Entouré de diacres et précédé d’acolytes, l’archidiacre s’avance en portant les dons ; un sous-diacre les encense pendant toute la procession. Les hymnes chantées à la procession disent :

Le corps de Notre-Seigneur et le sang de notre rédempteur sont prêts à se montrer à nous. Les puissances célestes chantent invisibles et s'écrient sans interruption : Saint, Saint, Saint est le Seigneur des armées. Dulaurier, op. cit., p. 137.

Il semble qu’une procession de la sainte réserve se faisait avec toute cette solennité pour la messe des présanctifiés. Ou peut-être est-ce un vestige de l’usage du fermentum, c’est-à-dire d’une hostie consacrée à une messe précédente pour être mêlée au sacrifice et en symboliser l’unité.

Le prêtre attend à l’autel, pour recevoir les dons. Il les encense, puis se met à genoux avec le peuple.

Le diacre : Attollite portas vestras et elevamini…

Le prêtre : Quis est iste rex gloriæ ?

Le diacre ( portanl les dons) : Ipse est rex gloriae.

Le prêtre bénit le peuple avec les dons qu’il a reçus, se lave les mains en récitant le ps. xxv, Lavabo et fait l’offertoire.

Le diacre : Donnez-vous, les uns les autres, le saint baiser de paix, et que ceux qui ne peuvent participer à ces divin-, mystères sortent et aillent prier dehors.

Tout le peuple se salue, en se disant : « Jésus-Christ est avec nous. »

Le chœur chante :

L'Église est devenue un seul corps et notre baiser le gage de cette union ; l’inimitié a été éloignée et la charité a pénétré partout.

Le diacre : « Tenons-nous respectueusement et avec crainte soyons attentifs, pour offrir la sainte oblation. »

Le diacre : « Gardez les portes, les portes ! avec le plus de vigilance et de circonspection possible. »

Le baiser de paix avec les avertissements aux indignes de s'éloigner, prouvent que l'Église à l’origine avait grand souci de ne célébrer les mystères que devant les seuls communiants. Dulaurier, op. cit., p. 142-143.]

2. L’anaphore.

Le rit byzantin ne possède que deux anaphores, appelées liturgies. La liturgie ordinaire est attribuée à saint Jean Chrysostome ; celle de saint Basile n’est célébrée qu'à la fête du saint, les jeudi et samedi saints et à quelques autres fêtes. La liturgie des présanctifiés est attribuée à saint Grégoire le Grand. Quant au rit arménien, il n’a qu’une seule liturgie en usage.

Le diacre commence l’anaphore byzantine par avertir les fidèles de se bien tenir et d'être attentifs. On ouvre l’iconostase et le prêtre se sert d’une formule prise à saint Paul, II Cor., xiii, 13, pour donner la bénédiction.

Le prélre : Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu (le Père) et la communication du Saint-Esprit soient avec vous tous.

Le chœur : Et avec votre esprit.

Le prêtre : Ayons en haut les cœurs.

Le cliœur : Nous les avons vers le Seigneur.

Le prêtre : Rendons grâces au Seigneur.

Le chœur : Il est digne et juste d’adorer le Père, le Fils et le Saint-Esprit, Trinité consubstantielle et indivisible.

On referme l’iconostase et le prêtre poursuit : Il est digne… Cette prière correspond à la préface latine et amène naturellement le Sanclus. Le même thème est développé dans la liturgie de saint Jean Chrysostome et celle de saint Basile. Seulement, dans la première, on passe des attributs de Dieu à ses bienfaits dans la création et la sanctification, tandis que, dans celle de saint Basile, après avoir loué Dieu pour ses attributs et assez longuement, on passe en revue les attributs du Fils : sagesse, vie, sanctification, puissance, toute la doctrine paulinienne ; puis on parle du Saint-Esprit et de ses attributs propres de sanctificateur, vivificateur… Les deux aboutissent au Sanctus qui a le même texte que celui de la liturgie romaine.

a) Le Vere sanctus. — Comme la liturgie syriaque, la liturgie byzantine suit un développement normal dans l’anaphore. Le Vere sanctus de la liturgie de saint Jean Chrysostome donne les raisons de ces louanges, c’est que Dieu a aimé le monde jusqu'à envoyer son Fils qui a accompli toute sa mission ; on aboutit ainsi à la prière de l’institution. Tandis que le Vere sanctus de saint Basile passe en revue la création de l’homme, sa chute, la promesse du Messie par les prophètes (une grande partie du premier chapitre de l'épître aux Hébreux esteitée), puis il rappelle la vie du Christ jusqu'à l’ascension et à son second avènement, il poursuit qu’il nous a laissé les souvenirs de sa pr.ssion… et il revient sur le récit de l’institution.

b) Les paroles de la consécration. — Pour bien affirmer la liberté du Christ dans sa passion, l’anaphore de saint Basile dit : « Alors qu’il était sur le point d’aller à sa volontaire, mémorable et vivifiante mort. » Comme dans toutes les liturgies orientales, le prêtre chante les paroles de la consécration :

S. Jean Chrysostome S. Basile La nuit où il fut livré, ou La nuit où il se livra luimieux, où il se livra luimême pour la vie du monde, même pour la vie du monde, ayant pris du pain dans ses