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ORIENTALE (MESSE). RIT ANT., AVANT-MESSE


p. 2. C’est ce que fera le prêtre toutes les fois qu’il s'éloigne et s’approche de l’autel, ainsi qu’au début de la messe des catéchumènes et des fidèles.

Celui qui prépare les dons, s’incline baise l’autel au milieu, a droite et à gauche, en disant, d’après le ps. cxvii, -7 : Alliga, domine, festiuitates (agnum) catenis ad cornu ullaris.

Tout acte, le plus minime devient d’une profonde inspiration liturgique et théologique. Le diacre, qui aide le célébrant, allume le cierge de droite — c’est dans les rubriques — en psalmodiant une prière au Verbe de Dieu, Lumière du monde, vraie Lumière ; puis il allume le cierge de gauche en demandant que cette Lumière vienne nous éclairer et purifier.

Celui qui prépare les dons reçoit, à ce moment l’hostie (fermentée) ; il en prend la part du célébrant et de petits morceaux pour la communion des fidèles, dépose le tout sur la patène, et chante : Tamquam ovis ad occisionem duclus est, et sicut agnus coram tondent e… (Act., viii, 32 ; Is., lui, 7). Primogenile Patris ceeleslis, suscipe hune Primogenitum, ex manibus servi lui, imbecillis. La personne du primogenitus est dédoublée. Le Christ est la victime et reçoit ce même sacrifice.

Le servant verse quelques gouttes d’eau dans la burette de vin et la présente à l’officiant qui en verse une partie, dans le calice, en rappelant le sang et l’eau qui ont coulé du côté du Christ.

Chaque geste inspire une prière : en remettant le calice à droite, alors que la patène est à sa gauche, il dit : quid rétribuant…, il récite d’autres versets, en recouvrant chaque don d’un voile ; puis en recouvrant le tout du grand voile.

Le diacre avertit l’assistance, en grec, de se bien tenir. Toute l’assemblée se tient debout avec le célébrant qui demande pardon à Dieu de ses fautes et le prie d’agréer ce sacrifice, quoique offert par des mains indignes de la majesté divine. Le peuple intervient à son tour et demande à Dieu pardon par le chant du Kyrie, d’abord en grec, puis en syriaque. La prothèse se termine par le Pater, récité par toute l’assemblée. [Les Maronites ont toute cette cérémonie avec presque les mêmes prières ; mais la prothèse est réservée actuellement au prêtre. Les ornements, les vases sacrés, l’hostie (azyme), sont les mêmes que ceux des latins. On a remplacé les deux petits voiles par deux pales.

Le prêtre commence par purifier les vases avec la fumée d’encens, il fait encenser l’hostie et demande à Dieu de l’agréer comme il avait accepté l’offrande d’Abel, de Noé, de David et d'Élie : Suspice Domine oblaliones servorum tuorum, quas sepanwerunt et intulerunt propter amorem luum, il demande en retour la bénédiction sur ces personnes et leurs biens. Cf. Renaudot, t. ii, p. 3.

Le mélange de vin et d’eau se fait dans le calice comme chez les latins. Le célébrant fait encenser les trois voiles, avant de couvrir le calice et la patène placés comme à la messe romaine.

Le prêtre descend tous les degrés et fait la confession générale. Il demande pardon et que son sacrifice soit accepté malgré son indignité. Que ce sacrifice soit pour la rémission de ses péchés, de ceux de son père et de sa mère…

Cette confession générale se récitait jadis avant la prothèse, et c'était plus normal. Cf. Missale chaldaicum juxta ritum Ecclesiee nationis maronitarum, édit., de Rome, 1594 ; celle de 1716 a changé cette disposition. Quand la confession est récitée, au bas de l’autel, le prêtre remonte vers l’autel en chantant, comme dans le rit jacobite, Vintroibo ; mais il ajoute chaque fois orale pro me ad Dominum ; il le répète à deux reprises en regardant le diacre et les autres servants, des deux

DICT. DE 1HÉOL. CATHOL.

côtés de l’autel. Et le peuple de répondre : Deus accipiat oblationem luam et misereatur noslri, precibus luis.

Le prêtre prend l’encensoir et encense les oblats, la croix, l’autel et l’assemblée. Le peuple s’unit à lui en chantant le cantique de l’encens : on y demande au Christ, ami des pénitents, d’agréer l’encens, don des fidèles, offert par les mains du prêtre.

Puis tout le peuple chante, avec le prêtre, le Trisagion : Kyrie eleison. Kyrie eleison. Kyrie eleison. Sanctus es Deus, sanctus es forlis, sanctus es immorlalis, miserere nobis, Domine, miserere nobis…La cérémonie se termine, par la récitation du Pater.]

(Dans le rit persan, le prêtre fait de longues prières puis il confectionne l’hostie : il prend de la farine de pur froment, y verse un peu d’huile, et de sel et de l’eau chaude, en y ajoutant un peu de levain de la pâte précédente et un peu de malkâ (pain préparé de la même manière par l'évêque, le jeudi saint). Il fait de ce mélange une pâte, en prend une partie pour lui, y fait un trou qu’il remplit d’huile. Ensuite il détache des petits morceaux qui serviront à la communion des fidèles, et fait cuire le tout, dans un four attenant à l'église, et spécial pour cette cérémonie. La disposition des pains dans le four est indiquée dans les rubriques : en mettant un morceau, à la droite du grand morceau, qui lui servira à la messe, il dit que le voleur de droite est resté voleur jusqu’au bout, puisqu’il vola le ciel.

Le prêtre retire la patène du four, garnit l’encensoir de brasiers pris au four et va vers l’autel, la patène dans la main droite, l’encensoir dans la main gauche, en chantant trois fois le Trisagion, puis une litanie. Il accroche l’encensoir et met la patène dans une niche pratiquée dans le mur à cet effet. Puis il va préparer le calice du côté du diacre. Il verse du vin en disant (par prolepse) que le sang du Christ est reçu dans le calice, ensuite il verse de l’eau toujours en forme de croix, enfin il vide la burette de vin dans le calice en rappelant le souvenir du sang et de l’eau qui ont coulé du côté du sauveur. Cf. Brightman, Liturgies Easlern and Western, t. i, p. 247-252, et ici art. Nestorienne (Église), col. 315-310.]

(Dans le rit syro-malabar, le prêtre purifie la patène et le calice comme dans le rit maronite, fait encenser les voiles et verse du vin à deux reprises comme dans le rit persan.]

La messe des catéchumènes.

La prothèse ne fait

pas partie de la messe des catéchumènes. Elle n’est que la préparation du sacrifice, cependant d’après certaines prières, on suppose déjà que le peuple y est présent. C’est bien là le caractère d’une cérémonie ajoutée à d’autres déjà existantes.

La messe des catéchumènes, ou l’avant messe, a bien, en Orient, son caractère originel. Sa dérivation des usages de la synagogue est mieux indiquée par son invariabilité ; elle sert d’introduction indifféremment à toutes les anaphores.

D’une manière générale, elle comprend des prières faites par le diacre ou le prêtre (prières litaniques), des chants, des lectures, la bénédiction des catéchumènes et leur renvoi. On y trouve encore à présent des prières qui ont l’allure d’un offertoire, le Credo, la prière des fidèles, et par le fait le renvoi des catéchumènes est quelquefois déplacé jusqu’après le baiser de paix. Au début de la messe des catéchumènes, le prêtre se présente à nouveau devant l’autel, et prie pour être digne de présenter le sacrifice. Cette prière revient 1res souvent dans les liturgies orientales.

(Dans le rit maronite, le prêtre commence par prendre les ornements avant la prothèse en vertu du 1 er canon du IIe concile du Liban de 1596 ; cf. Revue des sciences religieuses, 1924, p. 436. Les prêtres des rits

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