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MURNER


les réformateurs sont des voleurs d’églises, et que Zwingle, en particulier, est « un scélérat infâme, apostat, quarante fois parjure, séducteur du peuple, etc. ». Dans ce calendrier, les noms des saints sont remplacés par des noms de tyrans et de traîtres, auxquels sont mêlés ceux des réformateurs.

8. La dernière satire à mentionner est le Testament du vieil ours chrétien : Des alten cliristlichen Becren Testament, s. 1., s. d. C’est une satire en rimes allemandes contre les Bernois, qui, à cause de cela, donnèrent ordre à leurs baillis de se saisir de Murner partout où ils pourraient le rencontrer.

Dans toutes ces satires, Thomas Murner nous apparaît comme un moraliste qui, non seulement, se raille des vices, mais qui veut aussi les corriger. Pour lui le mot folie, qui constitue un des thèmes dominants de toutes ses satires, est synonyme de péché. Presque tous leî chapitres sont entremêlés d’exhortations ou se terminent par des appels au repentir et à la pénitence. Il déclare plusieurs fois que son seul but est d’avertir les hommes pour les empêcher d’aller en enfer. Il veut donc avant tout être réformateur des mœurs, si dépravées au temps de la Réforme dans toutes les classes de la société.

Ouvrages polémiques.

En 1520, commence la

période où Murner s’engage avec toute son impétuosité dans les polémiques provoquées par la Réforme. Il y déploya une activité prodigieuse. Ce fut le temps de sa plus grande fécondité, mais, aussi celui où il fut attaqué avec le plus de violence.

1. Sa première publication polémique fut une traduction du livre de la Captivité de Babylone, où Luther réfute la doctrine des sept sacrements. Elle parut, en octobre 1520, chez Grieninger, à Strasbourg, sous le titre : Von der Babylonischen gejengknusz der kirchen Doctor Martin Luthers. Murner s’imaginait qu’il battrait ainsi le réformateur avec ses propres armes, et qu’il suffirait de dévoiler ses hérésies pour que la population strasbourgeoise en fût effrayée. Mais malheureusement on était plus empressé à lire les écrits de Luther que ceux de Murner.

2. Murner revint à la charge. En novembre et décembredela mêmeannée, il répandit quatre traités dont le premierestencorcempreint d’une certaine modération. C’est d’abord : Ein christliche und briederliche ermanung zu dem hodigelehrten doctor Marlino Luther Augustiner orden zu Wiltenberg, Strasbourg, 1520 et 1521. Il est consacré aux objections que Luther avait formulées contre la messe, et il invite Luther avec beaucoup d’égards à revenir à l’Église orthodoxe. Les trois autres deviennent de plus en plus véhéments. Dans l’un, Von Doctor Martinus Lulers leren und prrdigen, dass sic argwenig seinl, und nit gentzlich glaubwirdig zu halten, Strasbourg, 1520, il représente les doctrines luthériennes comme gravement suspectes d’hérésie. Dans un autre, Von dem babstenllium, das ist von der hochsten oberkeyi Christlichs glaubens wyder Doctor Martinum Luther, Strasbourg, 1520, il prend la défense de la papauté. Dans le dernier, enfin, Anden Groszmechtigslen und Durchltichtigslen Adct tùtschcr nation das sye den christlichen glauben beschirmen, wyder den zen ton r des glaubens Christi, Martinum lulher, einen verfierer der einfeltigen christen, Strasbourg, 1520, il prend le contre-pied de la lettre du réformateur à la noblesse allemande.

3. En février 1521, parut un nouvel écrit de Murner, moins passionné que quelques-uns des précédents : Wie doctor M. l.uter usz falschen ursachen bewegl das geistlich redit verbrennet liât, Strasbourg, 1521. Il y réfute les raisons que donnait Luther d’avoir brûlé les Décrétâtes et annonce encore d’autres livres.

A. Comme les idées réformatrices étaient propagées

par des chansons, Thomas Murner en fit une à son tour : Ain ncu Lied von dem undergang des cliristlichen Glaubens, s. l., s. d., réimprimé dans Ktoster, t. viii, p. 667. C’est une complainte en trente-cinq couplets sur la décadence de la foi, causée par les réformateurs.

5. Murner trouva des adversaires qui le traitèrent comme il traitait les luthériens et qui publièrent plusieurs pamphlets contre lui, dont les deux principaux sont Karsthaus et Murnarus Leviathan vulgo dictas Gellnar oder Geuszprediger, satires, en forme de dialogues, dans lesquelles la question religieuse est à peine touchée, mais qui déversent de nombreuses injures sur Murner. Ce dernier y répondit dans un placard, qui fut affiché en douze endroits de la ville et qui était intitulé : Protestatio D. Thome Murner das er wider Doc. Mar. Lulher nichls unrechtz gehandlet hab, Strasbourg, 1521, et publié par Rohrich dans Zeitschrift fur histor. Théologie, t. xviii, 1848, p. 598. Il déclare dans cette pièce que, puisqu’on a publié à Strasbourg des traités de Luther qui lui ont semblé contenir des attaques injustes contre le pape, il s’est cru obligé de les réfuter ; qu’il s’est abstenu de dire du mal « du savant et vénéré docteur Luther » et qu’il ne veut que du bien au chevalier Ulrich de Hutten.

6. En automne 1522, il revint à la polémique avec une ardeur nouvelle. En septembre il traduisit l’ouvrage de Henri VIII contre Luther : Bekennung der sùben Sacramenten wider Martinum Lutherum, gemachl von dem unùberwinttichen kùnig zu Engelland und in Frankreich einem herren zu Hibernien, Heinrico des namens dem achteslen, Strasbourg, J. Grieninger, 1522. En novembre, il compléta cette publication par le traité : « Lequel des deux est un menteur, Luther ou le roi d’Angleterre ? », Ob der kùnig usz Engelland ein lùgner seioder der Lulher ? ibid., 1522.

7. Chassé de Strasbourg par les paysans révolutionnaires, Murner vint se réfugier, en 1525, à Lucerne. en Suisse, dans l’intention d’y jouir d’un repos bien mérité. Mais, dès la fin de 1525, il rentre dans la polémique, provoqué par des pamphlets publiés en Suisse. Contre le pamphlet de Utz Eckstein, Concilium, Murner publia, en janvier 1520, une apologie « contre la perfidie des luthériens ». Il la fit précéder de la lettre du docteur Eck aux douze cantons, 28 oct. 1525, <et du mandat de réforme de ces derniers, 28 janv. d ? la même année : Epislola Johannis Eckii, docloris, Luthcranos, Gothos in harenam dispulatoriam evocantis. Articuli novem canlonum Helvetiorum. Murncrus in Lutheranorum perfidiam, ut in/amiam quam sibimet contra jus Gcntium et nature irrogarunt, purgent, et vera non fucala spongia abslerganl, Lucerne, s. d. Trois mois plus tard, Murner publia un second traité, dans lequel il attaquait « le sot hérésiarque Zwingle >. Il est précédé d’un écrit d’Érasme sur la messe et du bref de Clément VII adressé aux Zurichois : E. Roterodami de sacrosancta synaxi et unionis sacramento corporis et sanguinis Christi. Brève aposlolicum démentis papa seplimi Thurcgios ab impia I.utherarui pcrfidia revocantis. Murneri responsio libello cuidam insigniter et egregic stullo l’Irici Zuryngel apostate, hercsiarche, oslendens Liitheranani tloctrinam infamiam irrogare, et vcrbuin dei humanum judieem pati non posse, Lucerne, s. d.

8. Après le colloque de Baden, Murner publia un autre pamphlet, dans lequel Zwingle est malmené de la façon la plus injurieuse, en réponse aux plaintes formulées par le gouvernement de Zurich cou Ire le colloque de Baden. C’est : Ein worhafjtiges verant-WOlien der hocligclcrten doclores und herren, die : u Baden ufj der disputation gewesen sint von den X 1 1 ortern einer loblichen eidtgn.OSScha.ft wider das schentlich erstuncken und erlogen anklagen Ulrich Zwinglyns, dass der ficrlzig mal eerlosz diebsch bÔSZWicht u/J die