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mort, effets

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fin du monde, serait une hérésie ou une erreur proche de l’hérésie. De romano pontiftce, t. III, c. vi. Cf. Suarcz, In lll* m part. Sum. S. Thomæ, disp. LV, sect, m ; Lépicier, De novissimis, p. 36. C’est aller un peu loin, étant données les hésitations des commentateurs anciens et modernes.

2. Le texte grec de I Cor., xv, 51, ’ISoù, [j.’jaTrjpLov ûjjùv Xéyco TrâvTeç où y.oi^Lr^r^L^.zQa, 7râvTeç Se àXXayr, aôu.sOa : non omnes dormiemus, sed omnes immutabimur. Sur les remarques qu’appelle ce texte et la version de la Yulgate, voir Cornely, Comment, in I Cor., p. 506 sq. Ce texte semble indiquer que les justes, au second avènement de Jésus-Christ, passeront de la vie terrestre à la gloire céleste sans être soumis à la mort. C’est là le « mystère » dont parle saint Paul. Ainsi l’ont compris la plupart des Pères grecs, notamment saint Jean Chrysostome, In I Cor., nom. xlii, n. 2, P. G., t. lxi, col. 364, et, chez les latins, saint Jérôme, Epist., lix, ad Marcelle iii, n. 3, P. L., t. xxii, col. 587. C’est l’interprétation des exégètes modernes et de plusieurs théologiens, par exemple Pesch, Prselecliones, t. ix, n. 565 ; Palmieri, De novissimis, § 7, n. 8. Il est assez commun de rencontrer chez les théologiens une autre interprétation laquelle laisserait subsister, sans exception, l’universalité de la loi : Les justes ne mourront pas, c’est-à-dire ne resteront pas longtemps sous le coup de la mort. Ainsi, commentant saint Thomas, Sum. theol., Suppl., q. lxxviii, a. 1 : Billot, De novissimis, p. 147 ; Hurter, Theol. dogm. comp., t. iii, n. 638 ; Lépicier, De novissimis, p. 19 sq. ; Delattre, Le second avènement de Jésus-Christ, Louvain, 1891. C’est d’ailleurs l’interprétation du Catéchisme du concile de Trente, part. I, c. xii, se référant à saint Jérôme (lequel relate, sans la faire sienne cette opinion, Epist., cix, n. 6, P. L., t. xxii, col. 971), à saint Ambroise (en réalité à’Ambrosiaster, qui est très imprécis, In epist. I ad Cor., xv, 51-53, P. L., t. xvii, col. 270-271), à saint Augustin, De civilate Dei, t. XX, c. xx, n. 2, P. L., t. xli, col. 688. Même en acceptant cette interprétation, l’universalité de la loi de la mort subsisterait : etsi non moriantur est tamen in eis reatus mortis, sed pœna aufertur a Deo. Sum. theol., Ia-IIæ, q. lxxxi, a. 3, ad lum.

3. Dans la II* Cor., v, 2 sq., l’apôtre écrit : « Nous gémissons, désirant être revêtus de notre habitation du ciel [notre corps glorieux]… ; nous qui sommes dans cette tente [notre corps terrestre], nous gémissons de sa pesanteur, parce que nous ne voulons pas être dépouillés, mais revêtus par-dessus, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie. » C’est là évidemment le souhait de quelqu’un qui désire arriver à la vie glorieuse, sans passer par la mort, souhait qu’il faut rapprocher de l’idée exprimée dans le texte ci-dessus, et qui s’affirme plus encore dans le suivant. Ainsi ont interprété la pensée de saint Paul presque tons les exégètes catholiques. Cf. S. Augustin, Epist., cxl, n. 16, P. L., t. xxxiii, col. 544. Comment un tel désir aurait-il pu être formulé s’il avait été totalement irréalisable ? Sur les difficultés de l’interprétation de ce texte, voir Cornely. In // am epist. ad Cor., p. 137 sq. Saint Paul témoigne dli désir qu’aurait le juste d’arriver au ciel sans passer par la mort : désir bien compréhensible au point de vue de la nature déchue, qui éprouve pour la morl un sentiment d’horreur, niais qu’en d’autres endroits saint Paul corrige, montrant le juste, aidé par la grâce, dans le désir de la mort, pour être réuni au Christ. II Cor., v, 8 ; Hom., vu, 24 sq. ; el surtout Phil.. i, 23.

I. Le passage le plus célèbre est I Thess., c. iv,

15-17 : Nous VOUS le déclarons, d’après la parole du Seigneur, que nous qui vivons et qui soinnies réservés pour l’avènement u Seigneur, nous ne préviendrons pas ceux qui se sont endormis. Car… ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront les premiers. Ensuite, nous qui vivons, qui sommes laissés, nous serons emportés avec eux dans les nues, au-devant du Christ, dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. » Ici encore, comme dans I Cor., xv, 51, le sens obvie paraît être que les justes que la fin du monde trouvera encore en vie, passeront de ce monde en l’autre sans être soumis à la mort. Cf. S. Augustin, Epist., cxciii, n. 9, P. L., t. xxxiii. col. 872-873 ; S. Jérôme, Epist., lix, n. 3, P. L., t. xxii, col. 587. Les mêmes observations et interprétations que pour I Cor., xv, 51, doivent être ici formulées. On interprétera également de même la formule judicaturus vivos et mortuos, II Tim., iv, 1, formule qu’on retrouve dans les symboles et les textes liturgiques.

En résumé, la loi de la mort est universelle ; tous y sont sujets ; en tous se retrouve la nécessité de s’y soumettre. Toutefois, il est possible que Dieu accorde à certains d’en être de fait exemptés. Mais, dans l’Église latine, on s’est plutôt rallié à l’idée que tous les hommes, même les justes, mourront avant de ressusciter. Cf. S. Augustin, De civitate Dei, loc. cit. ; Retract., I. II, c. xxxiii, P. L., t. xxxii, col. 644 ; Gennade, De ecct. dogm., c. vii, P. L., t. lvhi, col. 983. Parmi les théologiens, voir S. Thomas, Suppl., q. lxxviii, a. 1 : lxxiv, a. 8 ; Suarez, De mysteriis vitæ Christi, disp. IV, sect. n. Saint Thomas expose les raisons de convenance de l’opinion qu’il défend comme plus sûre et plus commune : conformité à l’ordre de la justice divine, à cause de l’universalité du péché ; conformité aux’assertions de l’Écriture : la résur rection, à laquelle tous participeront, ne supposé-t-elle pas la mort ? conformité enfin à l’ordre de la nature, la mort étant naturelle au composé humain. Suppl., q. lxxviii, a. 1. Les théologiens font aussi valoir que, si le Christ et la vierge Marie sont morts sans avoir connu le péché, à plus forte raison devront mourir tous les hommes qui précisément ont contracté la dette de la mort à cause du péché dont aucun n’est exempt.


III. Effets.

Sur le corps.

Le corps, séparé de l’âme, doit être livré à la corruption et devenir la proie des vers du tombeau, en attendant la résurrection finale. Cf.’Jac, ii, 26, et surtout I Cor., xv, 37 sq.

Sur l’âme.

L’âme immortelle est placée par la mort dans l’état de terme, qui exclut désormais toute possibilité de changement de mérite ou de démérite. Sur ce point, on peut considérer le dogme et l’explication théologique.

1. Le dorme.

« Que la voie (préparatoire à la vie future) ne se continue pas au delà du terme de la vie présente, que de l’issue de notre pérégrination terrestre dépende notre état d’immobilité dans la félicité ou la damnation : qu’enfin on doive considérer comme une hérésie l’origénisme si malencontreuse ment ressuscité de nos jours par quelques écrivains… ; c’est là une vérité que l’Église a toujours professée explicitement et expressément ; et, si l’on ne peut en apporter de définition solennelle, cependant les Pères l’ont explicite nient prêchée ou bien ouverte niei t supposée comme un dogme de la foi catholique. » Billot, De novissimis. Rome, 1921, q. r, 5 2, p. 33.

Cette vérité s’appuie principalement sur :

a) Matth., xxv. Le jugement dernier est décril comme devant BVOir pour unique objet les actes de

la vie présente, et pour tenue la double sentence d’éternelle récompense ou d’éternel châtiment, il y aura donc réellement un état Immobile, soit de peine, soit de félicité, dépendant intégrait nient de la fin de notre vie présente.

/ » ) La parabole de Lazare et du mauvais riche. Luc. xvi. La/arc et le mauvais riche reçurent la récompense