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MORALE, APPORT DU NOUVEAU TESTAMENT


Éphésiens, iv, 15 sq., que saint Paul marque le soin avec lequel tous doivent progresser dans la pratique de la vérité enseignée par Notre-Seigneur, de manière à donner l’accroissement à son corps mystique. Voir aussi l’enseignement de l’apôtre saint Pierre. I Pet., ii, 9, 12.

2. Il est recommandé à tous de donner une aide effective à l’apostolat exercé au nom de Notre-Seigneur. Noire-Seigneur le conseille à tous ses disciples par ces paroles : « Qui vous reçoit me reçoit ; et celui qui me reçoit reçoit celui qui m’a envoyé. Celui qui reçoit un prophète, parce qu’il est prophète et qu’il apporte aux hommes le message de Dieu, recevra la récompense d’un prophète, puisqu’il coopère ainsi à son œuvre. Quiconque donnera à ces humbles apôtres, ne fût-ce qu’un peu d’eau fraîche et qui le fera parce qu’ils sont mes disciples et par amour pour moi, ne perdra point sa récompense. » Matth., x, 40sq. En s’associant à son œuvre, on a une récompense proportionnée. Lagrange, loc. cit., p. 216.

A cette parole de Notre-Seigneur on peut joindre, d’une manière générale, toutes celles par lesquelles il recommande d’aider ou de secourir le prochain, dans tous ses besoins non seulement matériels, mais encore spirituels. Matth., xxv, 40, 45.

Même enseignement dans l’exhortation de Notre-Seigneur à recevoir, en son nom, les enfants, Matth., xviii, 5, c’est-à-dire à leur donner par amour pour lui, et parce qu’ils sont siens, des soins spirituels ou matériels. Ceux qui agiront ainsi reçoivent Notre-Seigneur lui-même, et méritent donc une récompense proportionnée.

Une exhortation à quelque pratique de l’apostolat se rencontre aussi dans le texte de saint Paul, recommandant aux fidèles de s’instruire et de s’avertir les uns les autres en toute sagesse, pour que la parole de Notre-Seigneur habite pleinement en eux. Col. m, 16.

3. Il est également conseillé à tous d’aider par la prière au bien spirituel de tout le corps mystique de Jésus-Christ. Son exemple nous y invite. Pendant sa vie terrestre, au témoignage de l’épître aux Hébreux, v, 7, il offrit à Dieu des prières et des supplications qui ont été exaucées ; prières certainement offertes pour tous, comme son immolation elle-même, qui a été pour tous la cause du salut éternel, v. 9.

La prière enseignée par Notre-Seigneur et recommandée par lui à tous ses disciples, Matth., v, 9 sq., exprime, dans toutes ses demandes, les volontés et les besoin de tous.

Saint Paul recommande aux fidèles d’aider son apostolat par leurs prières, Il Thess., ni, 1 sq. ; Eph., vi, 19 ; Col., iv, 3 ; de prier pour tous les saints, c’est-à-dire pour tous leurs frères. Eph., vi, 18. C’est pour tous que leurs prières doivent être faites, et pour ceux qui ont l’autorité, afin que, en toute piété et chasteté, les fidèles mènent une vie paisible et tranquille. I Tim., n sq.

4. La pratique du sacrifice est recommandée pour aider au bien spirituel de tout le corps mystique de Jésus-Christ. Le sacrifice, modelé sur celui par lequel le monde a été racheté, est fréquemment recommandé à tous. Sacrifice consistant surtout dans l’abnégation de soi-même, et dont le but immédiat est la perfection personnelle de chacun, mais qui doit aussi servir à l’avancement du règne de Dieu dans les âmes, puisqu’il est une imitation et comme une application particulière du grand sacrifice qui a causé le salut du monde.

Cette pensée est suggérée par saint Paul exprimant aux Colossiens, i, 24, sa joie de souffrir pour eux et d’accomplir ainsi pour le corps mystique de Jésus-Christ ce qui manque à la passion de Jésus-Christ :

c’est-à-dire ce que les individus, selon les desseins providentiels, doivent souffrir pour que soient pleinement appliquées toutes les grâces méritées par la passion de Notre-Seigneur.

5. Au point de vue social on doit noter aussi l’insistance avec laquelle la pratique de la perfection est recommandée aux ministres de Notre-Seigneur, afin que le monde croie en lui par le ministère de leur parole. C’est particulièrement la pensée de Notre-Seigneur dans la prière sacerdotale qui termine son discours après la cène. Comme Notre-Seigneur s’est consacré lui-même victime pour notre salut, Joa., xvii, 17, 19, les apôtres, eonséquemment aussi leurs successeurs dans ce même ministère, sont, suivant la demande du divin Maître, consacrés pour le bien de tous à l’enseignement de la vérité, v. 19. La perfection qu’il demande d’eux et pour laquelle il adresse à son Père cette prière suprême, consiste dans la charité, les unissant parfaitement entre eux, les unissant aussi avec Dieu. Joa., xvii, 21. Cette perfection, Notre-Seigneur la demande à son Père pour tous ses disciples, pour ses apôtres très spécialement, afin que le monde croie en lui par le ministère de leur parole, ut credat mundus quia tu me misisti.

Saint Paul donne à Timothée et à Tite les mêmes enseignements. Il demande à Timothée de prendre grand soin de son propre salut et de l’enseignement auquel il est consacré. En agissant ainsi, il se sauvera lui-même et sauvera aussi ceux qui l’entendent. I Tim., iv, 16. De même l’apôtre lui recommande d’être l’exemple des fidèles : « Que personne ne méprise ta jeunesse, mais sois l’exemple des fidèles dans les discours, la conduite, la charité, la foi, la chasteté. » I Tim., iv, 12. Même recommandation à Tite, ii, 7. L’apôtre rappelle encore que le mobile, qui doit constamment faire agir les ministres de Dieu dans leur apostolat, doit être d’exciter et de développer la charité dans les âmes. I Tim., i, 5. Enfin par son exemple saint Paul montre que tout ce que les apôtres ont à endurer, doit être effectivement enduré pour le bien des fidèles, pour que la bonne doctrine de l’Évangile se propage et fructifie dans les âmes.

C’est encore la même pensée qui inspire à l’apôtre saint Pierre cette recommandation à ceux qui ont charge de gouverner le troupeau de Jésus-Christ : « Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié… en devenant de tout cœur le modèle du troupeau. » I Pet., v, 2, 3.

V. AUTORITÉ SOUVERAINE DE L’ÉGLISE POUR ENSEIGNER, INTERPRÉTER ET APPLIQUER LA DOC-TRINE MORALE LU NOUVEAU TESTAMENT.

Notre-Seigneur, comme le montrent les textes néotestamentaires cités à l’art. Église, t. iv, col. 2175 sq., a donné à son Église pleine autorité pour enseigner et interpréter toutes les vérités qu’il est lui-même venu apporter au monde : dogmes ou vérités pratiques comprenant les commandements à observer, ou les conseils dont l’accomplissement est recommandé.

Qu’il s’agisse des vérités morales enseignées par Notre-Seigneur et rapportées dans l’Évangile, ou des vérités morales affirmées, selon l’enseignement de Notre-Seigneur, dans les épîtres apostoliques, l’Église, en vertu de l’enseignement néo-testamentaire, a plein pouvoir et pouvoir exclusif de les enseigner, de les interpréter et d’en diriger l’application pratique. On comprend toute l’importance de cette doctrine, particulièrement pour les nombreuses applications qui concernent la morale sociale. On comprend aussi combien il importe, au point de vue apologétique, de montrer que cette doctrine est contenue dans l’enseignement néo-testamentaire.