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    1. MORALE##


MORALE, APPORT DU NOUVEAU TESTAMENT

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t. iv, col. 2210 sq. Voir aussi l’encyclique Immortelle Dei de Léon XII 1 du 1° novembre 1885, § Tarn ingenti hominum.

2° Le précepte de la charité surnaturelle envers Dieu est affirmé par Notre-Seigneur, comme étant le premier et le plus important de tous les commandements : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu, de tout votre cœur, de toute votre âme et de toutes vos forces. » Mattli., xxii, 37 ; Deut., vi, 6. De tout votre cœur, selon l’explication de saint Thomas, Sum. Iheol., IIa-IIæ, q. xliv, a. 4, parce que nous devons aimer Dieu comme notre fin dernière à laquelle tout doit être rapporté, au moins en ce sens qu’habituellement la volonté n’accepte rien qui soit opposé à l’amour dû à Dieu. De toute notre âme et de toutes nos forces, parce que nous devons aimer Dieu avec toutes nos facultés, et que toute notre activité doit être dirigée par cet amour, a. 5.

On doit aussi observer avec saint Thomas, q. xliv, a. 6, que ce commandement, tel qu’il est donné par Notre-Seigneur, ne peut être observé parfaitement que par l’accomplissement final de ce qui est demandé, c’est-à-dire par la plénitude de l’amour entièrement dirigé vers Dieu ; ce qui se réalisera seulement par la pleine et définitive possession de Dieu que donne la vision béatifique. En cette vie, le précepte est accompli d’une manière d’autant plus parfaite que l’on se rapproche davantage de cette perfection finale, q. xliv, a. 6.

Enfin ce précepte est appelé par Notre-Seigneur le premier et le plus grand de tous les commandements, parce qu’il les comprend tous et que l’union avec Dieu, qui s’accomplit par la charité, est la fin vers laquelle doit être dirigé tout ce qui appartient à la vie spirituelle, q. xliv, a. 1.

A noter aussi cette parole de Notre-Seigneur, que la marque à laquelle on reconnaîtra que la charité envers Dieu est effective, c’est que l’on observe ses commandements. Joa., xiv, 21, 23.

Chez saint Paul, l’enseignement sur la charité envers Dieu ne comprend guère que quelques expressions générales, I Thess., i, 3 ; I Cor., xiii, 13. Mais avec quelle force cette charité est contenue dans ce que dit saint Paul de la charité envers le prochain, I Cor., xiii. Car seul l’amour effectif envers Dieu peut, selon l’enseignement évangélique, assurer à la charité envers le prochain les excellentes qualités que l’apôtre réclame pour elle. C’est encore en ce sens, partiellement du moins, que saint Paul affirme, Gal., v, 14, que celui-là accomplit toute la loi qui observe le précepte de la charité envers le prochain.

Dans les épîtres de saint Jean, le précepte de la charité, envers Dieu est également contenu dans tout ce que l’apôtre dit de l’obligation d’aimer nos frères. Car, selon son enseignement, sans cet amour envers nos frères, notre amour envers Dieu manquerait de vérité. I Joa., m 16-20.

3° Le commandement de la charité envers le prochain est affirmé par Notre-Seigneur comme conséquence du précepte d’aimer Dieu : « Le second commandement est semblable au premier : vous aimerez votre prochain comme vous-même. » Malth., xxii, 39. Le mot prochain indique le motif pour lequel nous devons aimer tous nos frères. Ils nous sont très proches, dans leur nature qui est à l’image de Dieu, et par leur aptitude à la gloire céleste à laquelle ils sont appelé8 par Dieu. S. Thomas, Sum. theol., II u -Il a’, q. xi. iv, a. 7.

En disant que nous devons aimer notre prochain comme nous-mêmes, Notre-Seigneur indique en même temps la manière dont nous devons l’aimer, c’est-à-dire d’une manière semblable à celle dont nous nous aimons nous-mêmes. D’une manière semblable aussi,

quant à la fin que l’on se propose en aimant le prochain pour Dieu, comme on s’aime soi-même pour Dieu. D’une manière semblable encore, quant à la règle de la charité, de telle sorte que l’on ne condescende au prochain en rien de mal, mais seulement en ce qui est bien comme on doit satisfaire sa propre volonté seulement en ce qui est bien. D’une manière semblable enfin, quant au motif de la charité, en sorte que l’on n’aime pas le prochain pour sa propre utilité ou pour sa satisfaction, mais parce qu’on veut le bien du prochain, comme, pour soi-même, on veut son propre bien. S. Thomas, IIa-IIæ, q. xliv, a. 7. i-i

Notre-Seigneur appelle le précepte de la charité un précepte nouveau, Joa., xiii, 34, non en ce sens qu’il est donné pour la première fois, puisqu’il avait déjà été donné précédemment sous une forme à peu près identique : « Vous aimerez votre ami comme vous-même. » Levit., xix, 18 ; Matth., v, 43. Le mot amicus, comme l’observe saint Thomas, loc. cit., a le même sens que proximus ou frater dans les textes néo-testamentaires. Il indique la proche parenté surnaturelle.

Notre-Seigneur appelle ce précepte un précepte nouveau, parce qu’il le dégage des fausses interprétations des Juifs, et parce qu’il montre son propre amour envers nous comme le modèle que nous devons suivre : » Je vous donne ce commandement nouveau, que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés. » Joa., xiii, 34. En ce même sens le divin Maître l’appelle son précepte. Joa., xv, 12.

Très explicite est aussi l’enseignement de saint Paul. Le précepte de la charité est connu des fidèles ; il n’est point nécessaire de le rappeler. I Thess., iv, 9. L’accomplissement du précepte de la charité envers le prochain est l’accomplissement de toute la loi. Gal., v, 14. Car la charité envers le prochain suppose la charité envers Dieu et elle assure l’accomplissement de tous les préceptes concernant le prochain. Les chrétiens doivent s’aimer les uns les autres d’un amour de fraternité, et se prévenir les uns les autres par des témoignages d’honneur. Rom., xii, 9. La nécessité de la charité provenant du principe surnaturel de la grâce, est telle que, sans elle, rien ne peut servir, I Cor., xiii, 1-4 ; même la distribution de tous les biens, même le martyre. Puis saint Paul donne une admirable description des qualités que doit avoir la charité fraternelle, xiii, 4-8.

Saint Jacques rappelle aussi le précepte de la charitg fraternelle, ii, 8 ; et il en déduit l’obligation de secourir le prochain qui est dans le besoin, ii, 15, 10. La recommandation de saint Pierre est formelle. I Pet., i, 22 ; II Pet., i, 7.

Selon l’apôtre saint Jean, « c’est le commandement de Dieu que nous nous aimions les uns les autres, comme il nous en a donné le précepte ». I Joa., iii, 23 ; iv, 21 ; iii, 11. « Nous avons connu la charité de Dieu en ceci qu’il a livré sa vie pour nous : et nous aussi nous devons livrer notre vie pour nos frères. » m, 16. » Quiconque hait son frère est homicide, cl vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui. » ni, 15. « Si quelqu’un dit qu’il aime Dieu et hait son frère, il est menteur. Car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas. iv, 20.

Au précepte de la charité fraternelle, se rattachent celui de l’amour envers les ennemis, Matth., v, 44, Luc., vii, 27 sq., et le devoir de l’aumône. VoItvvmvnb, t. i, col. 2563 sq., ainsi que le devoir de la correction fraternelle. Voir t. iii, col. 1908.

Comme complément de la doctrine néo-testamentaire sur l’aumône, il est utile de noter que Notre-Seigneur par son exemple, selon la remarque de saint Paul, II Cor., viii, 9, et par son enseignement, Matth.,