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MORALE, DIVISIONS PRINCIPALES


morale, sont en réalité des subdivisions de eetle même science, que l’on convient de traiter à part, comme on était déjà convenu, il y a plusieurs siècles, de traiter toute la théologie morale comme une partie distincte de la théologie.

Il est d’ailleurs facile de comprendre les raisons de ce nouveau démembrement : les développements considérables donnés à toutes ces matières, et le grand avantage de grouper toutes ces applications ou directions pratiques pour faciliter leur meilleure utilisation.

/II. C0NCLVSI0N8 CONCERNANT LE& DIVISIONS PRIN-CIPALES de la théologie morale. — De l’objet de la théologie morale, tel qu’il vient d’être exposé, on peut déduire ses divisions principales substantiellement empruntées à saint Thomas dans la I a -Il æ et dans la Il a -Il æ, et communément acceptées, au moins dans leurs lignes principales, depuis le xvie siècle.

1° Morale fondamentale, traitant de la fin dernière des actes humains et des principes selon lesquels ces actes doivent être dirigés vers cette fin, de telle manière que l’on n’ait qu’à appliquer ces règles en morale spéciale, pour porter un juste jugement sur la nature de l’obligation ou sur la moralité de l’acte. D’où les subdivisions suivantes qui correspondent à celles de saint Thomas dar.s la I a -II ffi.

1. La fin dernière surnaturelle obligatoire pour tous les hommes et comprenant indirectement toutes les obligations déjà imposées par la fin dernière naturelle.

2. Les lois. La loi éternelle règle suprême de la moralité de tous nos actes et source première de toutes les obligations morales. La loi divine naturelle manifestant à la raison humaine toutes les obligations qui, selon l’ordre divin, résultent de notre nature telle qu’elle a été établie par Dieu. La loi divine positive ou surnaturelle manifestant à l’homme les obligations positives imposées à l’homme pour tendre à la fin surnaturelle. La loi ecclésiastique déterminant, pour le bien des fidèles et en vertu de l’autorité divine confiée à l’Église, le meilleur emploi des moyens établis par Dieu pour tendre à la fin surnaturelle. Enfin la loi civile, dans la mesure où elle est justement considérée comme imposant des obligations de conscience.

3. La conscience qui, selon la règle divine suffisamment manifestée, porte un juste jugement sur l’obligation pratiquement imposée par la loi divine et par les lois qui en dérivent légitimement, ou se prononce sur la licéité morale d’un acte à accomplir ou déjà accompli.

4. Les actes humains étudiés au point de vue de leur moralité et des conditions nécessaires pour cette moralité. Actes bons, conformes à la double règle de la moralité : la loi éternelle et la conscience justement formée. Actes mauvais, opposés à celle double règle, par la violation grave qui est le péché mortel, ou contenant quelque dérèglement relatif aux moyens employés, sans que soit rompue la relation nécessaire avec la fin dernière. Aux actes mauvais ou péchés se rattache la question des vices étudiés d’une manière générale.

2° Morale spéciale, traitant en particulier des moyens établis par Dieu, par lesquels L’homme doil se diriger vers sa fin dernière surnaturelle : vertus surnaturelles et sacrements, auxquels on doit joindre les obligations particulières aux divers élais de vie, selon l’ordre établi, en ses grandis lignes, par saint Thomas dans la ll"-ll iu.

1. Les vertus théologales de loi, d’espérance et de charité : Objet et motif de chacune de e< s vertus : propriétés principales, obligations qu’elles imposent, et vices qui y sont opposés.

2, Les vertus morales.surnaturelles : prudence, justice, force et tempérance : nature de chacune de ces

vertus, avec ses diverses parties, les vertus annexes, les obligations imposées par elles et les vices qui leur sont opposés.

Parmi les vertus annexes/à la vertu de justice, la première et la principale est la vertu de religion : son objet, son motif, ses actes principaux intérieurs et extérieurs ; les vices opposés.

Puis les autres vertus annexes à la justice, étudiées par saint Thomas : II 3 - !  ! * q. ci-cxxii.

3. Les divers états de vie et les obligations particulières à ces divers états, suivant saint Thomas, q. clxxxih-clxxxix. On y joint communément les obligations spéciales imposées aux ecclésiastiques. La partie De laicis, souvent placée ici et traitant dis obligations spéciales à diverses professions séculier » s, appartient plutôt au traité de la justice.

4. La partie morale de chacun des sacrements de la nouvelle Loi. Enseignements moraux et prcscriptioi s concernant la matière, la forme, le ministre, le sujet et l’usage de chaque sacrement.

IV. CONCLUSIONS CONCERNANT LES RELATIONS DE

LA théologie morale avec les autres parties de la théologie, ainsi qu’avec la philosophie morale et lis sciences pratiques qui en dépendent.

Relations avec la théologie dogmatique.

1. Suivant

ce qui a été dit de l’objet particulier de la théologie morale, la distinction entre elle et la dogmatique est manifeste. Tandis que la dogmatique limite son champ d’étude aux vérités divinement révélées, conte nant un enseignement de foi considéré principalement sous l’aspect spéculatif, la théologie morale s’occupe des vérités révélées contenant des préceptes ou des règles pratiques qui doivent diriger l’homme vers la fin surnaturelle. Voir Dogmatique, t. iv, col. 1523. Toutefois l’on doit observer que ces vérités révélées dont s’occupent la théologie morale sont, non moins que les vérités dogmatiques, l’objet de la foi, comme la nécessité de la confession sacramentelle pour le salut, ou la nécessité du baptême, ou la nécessité de l’acte de foi pour le salut. Mais, en théologie morale, on considère ces vérités surtout sous leur aspect pratique, pour autant qu’elles expriment une obligation, un précepte, une règle de conduite. C’est en ce sens que l’on doit comprendre l’assertion, souvent répétée, que la dogmatique traite des vérités à croire, tandis que la théologie morale traite des règles pratiques de nos actes.

2. Parce que la théologie morale est seulement une partie distincte de la théologie, et que la théologie reste une science une, à cause de l’unité de son objet formel et de l’unité de son principe surnaturel de connaissance, il faut que la théologie morale garde vis-à-vis de la dogmatique une dépendance constante.

Comme le fait observer saint Thomas, il n’y a qu’une science théologique, à la fois spéculative et pratique : comme science spéculative, elle traite des choses divines : comme science pratique, elle s’occupe des actes humains, en tant qu’ils doivent être ordonnes à la tin dernière. Sum. Iheol., ! ", ([. i. a. I. Il est donc nécessaire que la théologie morale qui est cette partie

pratique de la théologie, s’appuie constamment sur l’enseignement spéculatif de la dogmatique, pour v

puiser la direction dont elle a besoin.

D’ailleurs, l’histoire de la théologie morale atteste que, sans celle dépendance constante de la dogmatique, elle court le risque d’être très appauvrie au poil 1

de vue doctrinal, d’avoir peu d’efficacité réelle pour combattre les erreurs opposées a la doctrine catholique, el de donnera la casuistique une place prépondérante, aux dépens de la véritable science théolo gique. Th. Bouqulllon, Moral theology ut Ou end of the hinetenlh ceniury, Washington, 1899, p. 258.

2° Relations de la théologie morale avec la science du