- MONTE (Pierre dal)##
MONTE (Pierre dal), célèbre canoniste italien,
évéque de Brescia († 1457). — Né à Venise au début
du xve siècle, Pierre fit en sa ville natale de solides
études qui lui donnèrent une remarquable connaissance
de la langue latine et même de la grecque ; il
compléta sa formation philosophique à Paris, où il
fut élève du Collège de Navarre. Maître es arts, il
retourne à Padoue pour y apprendre le droit, et est
reçu docteur in ulroque en 1433. On le trouve au concile
de Bàle à la fin de cette même année, sans qu’on
puisse dire exactement en quelle qualité, peut-être
comme adjoint à l’ambassade de Venise. Il se fait
déjà remarquer par sa vigueur à défendre les droits
du Saint-Siège. L’assemblée le charge, en juin 1434,
d’aller réclamer aux Romains révoltés contre le pape
la mise en liberté du cardinal Condolmario, neveu du
pontife. Ceci le met en relation avec Eugène IV qui
le nomme protonotaire, et l’envoie en Angleterre avec
le titre de nonce et de collecteur des revenus apostoliques.
Dans sa mission d’Angleterre, dal Monte eut
assez d’habileté pour détacher ce pays du concile
de Bàle devenu schismatique. La correspondance
du nonce, partiellement conservée, montre toute
la diplomatie dont dut faire usage le représentant
d’Eugène IV. Rentré en curie sur ses demandes instantes
en 1441, il est nommé au printemps de 1442
évêque de Brescia. Mais, sans avoir le loisir de prendre
possession de son siège, il est aussitôt envoyé en France
comme légat a latere auprès du roi Charles VIL II
s’agit de faire retirer au souverain la Pragmatique sanction
de Bourges et de conclure avec lui, si possible,
un concordat qui ménage les droits du Saint-Siège.
Sur le détail de ces négociations, voir N. Valois,
Histoire de la Pragmatique sanction de Bourges, Paris,
1906, p. cxxx-cl, et les documents y relatifs. Les
elïorts de dal Monte n’aboutirent pas ; il rentre en
Italie en 1445 et prend enfin possession de son évêché
de Brescia. Mais il n’y séjournera pas longtemps : en
mai 1451, il est nommé gouverneur (légat) de Pérouse
où les difficultés ne lui manquèrent pas ; rappelé en
curie en juin 1454, il est nommé référendaire apostolique
et meurt à Rome le 12 janvier 1457.
Pierre dal Monte, s’il fut homme d’action, fut aussi homme de doctrine. Une partie seulement de son oeuvre est publiée : elle est surtout d’ordre canonique. Le plus volumineux de ses traités est un Repertorium utriusque juris, qui fut un des premiers recueils de droit imprimés : Borne, 1476, 2 vol. in-fol ; Nuremberg, 1476, 3 vol. in-fol. ; Padoue 1480, 2 vol. in-fol. Cf. Hain, Repert. bibliographe n. Il 587-11 589. Rédigé par ordre alphabétique, le Répertoire est une œuvre de grand mérite et qui fait une large place aux décisions des anciens canonistes ; il a dû être rédigé après la mort d’Eugène IV (1447). — C’est aussià la littérature canonique que se rattache des Tractalus de potestate pupw et concilii, auxquels se réfère dal Monte lui-même dans le Répertoire au mot Papa, et il parle de ses Iractatus au pluriel (in tractatibus meis). Il faut certainement y comprendre d’abord un traité De potestate romani ponticis et generalis concilii, inspiré à coup sûr par les démêlés entre la curie romaine et le concile de Baie. Hain, toc. cit.. ii, 11 591, en signale une édition s. I. a. typ., mais antérieure à 1500 ; les bibliographies en signalent des éditions à Rome, en 1492 et en 1537, à Lyon. 1512 ; celle-ci. intitulée Dr mmiarchia. es ! publiée avec notes par Nicolas Chalmot, professeur à Poitiers ; celle de Rome 1537 a pour titre : Pétri de Munir Veneti, episcopi Brtxiensis monarchta, m qua generalium conciliorum materia de potestate et prœstantia romani pontifleis et imperatoris discutitur, ei proprlo originali Felini Sandei descriptacum rjnsdem Feltni adnotattuncutis quibusdam. Elle est reproduite dans les Tractalus jnris. t. xiii a, fol. I I 1-153, et dans
Rocaberti, Bibliotheca maxima pontificia, t. xviii, p. 101-137. Parmi les Iractatus de dal Monte, il faut compter aussi une réplique à la dissertation de Nicolas Tudeschi, archevêque de Palerme, contenu dans le ms. 843 (ancien 116) fol. 198-233 de la Bibliothèque Barberini : Pétri de Monte responsio ad exhortationem sea invectivam N. archiepiscop. Panormitani ad Patres concilii Basileensis. Il faut compter enfin le Contra impugnantes Sedis apostoliese auctorilatem, dédié à Nicolas V, et contenu dans le ms. lat. 4415 de la Bibliothèque vaticane ; le prologue et l’épilogue dans le lat. 2694 (fol. 297-299), qui est un recueil d’oeuvres de notre auteur. D’après Noël Valois, il faudrait probablement lui attribuer aussi un mémoire, rédigé en Angleterre en 1437-1438, et dénonçant les agissements du concile de Bàle ; il est contenu dans le Vatic. lat. 4136, fol. 217-222. Cf. N. Valois. Le pape et le concile, 1. 1, p. 298, n. 1 ; t. n. p. 130, n. 4. Il y a aussi des discours de dal Monte et des pièces relatives à ses missions dans VOttob. lat. 350, fol. 351, 389, et dans VOttob. lat. 675, fol. 1, 44, 62, 80.
On a publié à Borne en 1523, sous le titre : Miraculum eucharistim per Epiphanium, a Petro de Monte ep. Brixiensi latinis lileris tradilum, une traduction latine d’une pièce grecque attribuée à un Épiphane (sans doute Épiphane dit le Moine) ; cette traduction, dédiée au cardinal Nicolas Albergati, témoigne que dal Monte avait du grec une assez sérieuse connaissance. Elle est reproduite dans Théophile Raynaud, Opéra omnia, t. vi, p. 382, et aussi, mais sans la dédicace à Albergati, dans P. G., t. cxx, col. 273 sq.
— Le ms. Val. lat. 2694, déjà cité, contient, outre les textes sus mentionnés, une partie de la correspondance de dal Monte, et plusieurs autres discours ; en particulier le discours prononcé à Bourges en 1444, Oratio ad clerum Ecclesiæ gallicanes pro Eugenio IV, fol. 269-281. et aussi un discours adressé aux ambassadeurs de France et d’Angleterre en faveur de la paix : Coram Gallorum Anglorumque legalis ac principibus exhortatoria ad pacem oratio, fol. 262-263. Quelques-unes de ces lettres avaient déjà été éditées au xviiie siècle par le card. Quirini, qui projetait le rassemblement et la publication des œuvres de dal Monte. A. Zanelli vient d’en publier un certain nombre en appendice à son étude sur notre auteur.
La meilleure notice littéraire reste celle d’Agostini, Scriltori Viniziani, t. i, Venise, 1752, p. 346-372 ; la compléter, surtout pour les renseignements biographiques, par Ag. Zanelli, Pietro del Monte, dans Archivio storico lombardo, série IV, t. vii, p. 317-378 ; t. viii, p. 46-115. Cf. aussi Noël Valois, Histoire de la Pragmatique sanction de Bourges, Paris, 1906, et La crise religieuse du XV’siècle. Le pape et te concile, 2 vol., Paris, 1909, voir les tables alphabétiques ; L. von Pastor, Gesch. der Pcipste, 2e édit., t. i, 1891, p. 333-335. — Schulte, Die Gesch. der Quellen mut Literatur des canonischen Hechls, t. ii, 1877, p. 317, fourmille d’inexactitudes, dont quelques-unes reproduites par Hurler, Nomenclator, 3 édit., t. ii, col. 954.
É. All.VNN.
MONTEMPUYS (Jean-Gabriel Petit de) ( 171 I
1763) naquit à Paris en 1674, devint recteur de l’université et chanoine de l’Église de Paris ; toujours il fut fort opposé à la bulle Unigenitus et il favorisa le parti des appelants, ce qui lui valut les félicitations de l’évêque de Sencz, Soancn. Il avait des relations avec Quesnel qui lui écrivit une lettre le 6 février 1718, voir Correspondance de l’asquirr Quesnel. 2 vol. in.S", Paris, 1900, t.n.p. 395-307. En décembre 1720. il fut le héros d’une aventure dont on trouve le récit dans les chansons du temps ; surpris à la Comédie Française, habillé en femme, il fut, pour ce l’ait, exile par lettre de cachet du 86 déc. 1726. Ed. Burin a raconté cette aventure, Revue des études historiques, av. juin 1927, p. 119-140). Voir Archives de la Pastille à la biblio-